LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Banditisme (Page 4 of 5)

Le commissaire Neyret sur un fil

« C’est comme un coup poing dans la gueule ! » m’a dit un policier de PJ. Et je le comprends bien. Raison pour laquelle j’ai tant de mal à écrire ce billet. Michel Neyret fait sans doute partie du dernier quarteron de flics à l’ancienne. De ceux qui ont encore la connaissance du « milieu ». Qui sont capables, non pas de réciter l’état-civil d’un voyou en tapotant le clavier d’un ordinateur, mais de vous raconter sa vie, ses habitudes, ses relations, ses maîtresses, avec des anecdotes et des péripéties ; ce genre de détails qu’on trouve généralement dans les polars. Et cela nécessite de côtoyer les voyous.

Ce n’est pas sans risque. Pas mal de poulets y ont laissé des plumes. J’ai l’impression que lui, il vivait son métier comme un film. Soyons clair ! Pour être efficace, le flic doit non seulement mouiller sa chemise, mais se mouiller tout court. Je ne sais pas jusqu’où Michel Neyret est allé, mais il semble bien qu’il se soit trop approché de la flamme…

L’histoire se répète. Il existait, il y a quelques dizaines d’années, des « groupes de pénétration ». Des policiers qui laissaient leur plaque au vestiaire et menaient la vie d’un truand, pour mieux s’infiltrer dans le milieu. Un exercice dangereux à bien des égards qui nécessite à la fois des nerfs solides et un encadrement serré : des chefs capables de bien baliser le terrain. Vers le milieu des années 60, à la suite de plusieurs dérapages, la police parisienne décide de changer radicalement son fusil d’épaule : on ne pénètre plus le milieu, mais on le surveille de l’extérieur. C’est ainsi que le commissaire Le Mouel créé la brigade de recherche et d’intervention (BRI) : la première brigade antigang. Grosso modo, sa mission se résume en des écoutes téléphoniques, de la documentation, des planques et des filoches. Mais l’une des premières interventions en flag se termine par une fusillade sur la voie publique. On m’a même raconté que le landau d’un bébé avait été traversé par une balle perdue. Je ne sais pas si c’est vrai, en tout cas, pour éviter les bavures, François Le Mouel décide d’intervenir avant que les braqueurs ne passent à l’action. Cette fois, c’est la justice qui a du mal à suivre, ne retenant pas la tentative de vol qualifié et limitant la répression à des délits annexes. Ce qui conduit à une nouvelle méthode d’intervention : l’opération retour. Autrement dit, on laisse les braqueurs faire le coup et on les interpelle plus tard, lorsqu’ils ne sont plus sous pression. Avec le butin. Une technique efficace, mais un peu en forme de renoncement, car elle fait prendre des risques aux victimes de l’agression ou du braquage. Néanmoins, elle est encore utilisée de nos jours. Si vous lisez dans la presse que des policiers ont pris en chasse des truands dont l’allure ou la voiture leur a paru suspecte, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’une opération retour qui a foiré. Autrement dit, les flics se sont fait détroncher.

Donc, plus d’infiltration dans le milieu et plus d’indicateurs, en raison de l’impossibilité de leur promettre l’impunité ou de les rétribuer. Sauf en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, où la monnaie d’échange est toute trouvée : on prélève une petite partie de la saisie. Pas très moral, on en convient. Un système qui a néanmoins fait ses preuves dans les services opérationnels de la douane. Il faut savoir qu’en général, sur instruction du procureur ou du juge d’instruction, la drogue saisie est incinérée. Mais, même si un procès-verbal de destruction est rédigé, il est assez facile de tricher. Et qu’on ne me dise pas que personne ne le sait, puisque ces dernières années, à petites touches, le législateur a tenté de régulariser la situation des indics. L’article 706-81 et 82 du nouveau code de procédure pénale a même remis à l’ordre du jour l’infiltration des policiers au sein des « bandes organisées ». Ils sont autorisés à se faire passer auprès des suspects pour des « coauteurs, complices ou receleurs ». Ils peuvent, sans être pénalement responsables « acquérir, détenir, transporter, livrer ou délivrer des substances, biens, produits, documents ou informations tirés de la commission des infractions ou servant à la commission des infractions ». Ils peuvent également mettre à la disposition des voyous des moyens de transport, d’hébergement, etc. Tout cela, bien sûr, en suivant un certain protocole. Mais, ces nouvelles dispositions légales ne sont-elles pas la porte ouverte aux abus ? Et si des policiers tombent sur des policiers infiltrés, comment ne pas penser qu’il s’agit de ripoux ?

Michel Neyret possède un tableau de chasse hors du commun. Aussi, lorsque j’entends qu’un haut responsable du ministère de l’Intérieur l’a traité de « pourri », je suppose que ce monsieur a eu accès à la procédure. Ce qui n’est pas mon cas. On me dit : on lui prêtait de belles voitures, on lui offrait des voyages, etc. Une erreur qu’on ne peut pardonner ni à un policier ni à un ministre. Mais je n’ai pas souvenir que l’ancienne garde des Sceaux ait fait l’objet de poursuites judiciaires… La vraie question est de savoir s’il s’est enrichi en vendant de la drogue ou s’il a accepté des pots-de-vin. Si c’est le cas, c’est un ripou. Il doit payer – et lourdement. Pourtant, pour ce que j’en sais, c’est un homme qui n’avait pas besoin d’argent. Comme on dit, son traitement de commissaire, c’était son argent de poche.

M. Bordenave, dans Le Monde de ce jour, dresse une liste des commissaires qui ont eu maille à partir avec la justice. Elle remonte jusqu’en 1993. Dommage. Quelques années de plus et il aurait pu ajouter le nom du commissaire Yves Jobic, lequel, englué dans un turbin monté par la pègre, s’est retrouvé derrière les barreaux. À l’issue de son procès, le président du tribunal a prononcé le verdict : non coupable.

Tout comme tel ministre ou tel procureur, Michel Neyret s’est sans doute laissé gagner par un sentiment d’impunité. Le pouvoir rend immature. Mais n’en faisons pas un chef de gang. Même s’il a entraîné dans son sillage d’autres policiers et quelques magistrats, il faut savoir si, à défaut d’avoir respecté la règle, il a agi dans l’esprit du nouveau code de procédure pénale ou pour en tirer des avantages personnels.

Des têtes vont tomber – et c’est normal. Au début des années 70, un scandale identique avait secoué la police lyonnaise. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Raymond Marcellin, avait alors complètement démantelé la police judiciaire lyonnaise. Avec une consigne : plus d’indics, plus de d’infiltration dans le milieu. Ce qui avait abouti à la création, quelques années plus tard de la première brigade antigang hors Paris. Brigade que Michel Neyret a dirigée pendant plus de vingt ans. Bien trop longtemps, sans doute. Et aujourd’hui, on inscrit l’infiltration des bandes organisées dans le Code de procédure pénale. C’est une erreur : trop de risques, trop de tentations.

La baraka de Bernard Barresi, le rentier du banditisme

« Je trouve inacceptable qu’on me traite comme un moins que rien », a-t-il déclaré, hier, après que la présidente de la Cour d’assises de Colmar ait ajourné son procès. Et, bien qu’il soit tenu de repasser par la case prison, il doit se dire que sa baraka ne l’a pas complètement abandonné. Ça fait plus de vingt ans que ça dure…

Le 1er mars 1990, sur une bretelle d’accès à l’autoroute, près de Mulhouse, des véhicules bloquent un fourgon de transport de fonds, des hommes cagoulés en jaillissent et, sous la menace de leurs armes, ils font main basse sur 300 kg de billets de banque. Un butin estimé à plus de cinq millions d’euros. Pas un coup de feu. Ni vu ni connu. Du travail d’artiste.

Mais, à défaut de la moindre piste, la PJ de Marseille subodore que les truands ne sont pas forcément originaires de l’est de la France. Les policiers grattent un peu et parviennent à mettre un nom sur une partie des malfaiteurs. Il s’agit de « l’équipe de l’Opéra », dont Bernard Barresi est le maillon central. Mais celui-ci, bien informé, parvient à prendre la poudre d’escampette. En 1994, il est jugé par contumace et condamné à vingt ans de réclusion criminelle.

On pourrait penser qu’il s’est réfugié dans un pays paradisiaque avec sa part du gâteau, mais il n’en est rien. Le truand s’est métamorphosé en homme d’affaires. Et pour cela, comme le font tous ceux qui ne peuvent se montrer en plein jour, il utilise des prête-noms. Outre sa présence dans le monde interlope de la nuit, il apparaît (masqué) dans différentes entreprises, comme la construction d’une maison de retraite sur le site des anciens chantiers navals de La Ciotat. Opération qui nécessite, on le suppose, certaines relations dans l’administration, voire la politique. On dit aussi qu’il aurait des intérêts dans des entreprises étrangères, en Amérique du Sud, en Asie, au Maroc et même à Dubaï. Comme on ne prête qu’aux riches, il y a sans doute une part de légende dans tout ça, mais le fait est que dans la cité phocéenne, on parle (à mots couverts) des Barresi comme d’une famille régnante, avec porte ouverte chez bon nombre de notables.

En tout cas, en 2010, en dehors de quelques policiers proches de la retraite, personne ne s’intéresse plus à Bernard Barresi. En fait, les enquêteurs sont sur la piste d’une équipe de Corses et de Marseillais dirigée par les frères Campanella, lesquels sont fortement soupçonnés d’être les rois des jeux clandestins dans le sud de la France. Mais, sur les écoutes téléphoniques, apparaît souvent un personnage non identifié, un certain « Jean Bon ». On raconte qu’un jour, peut-être comme Archimède jaillissant tout nu de son bain, un policier hurle eurêka ! Du serrano au jambon, il venait de franchir le pas : la compagne de Barresi se nomme Carole Serrano. Le couple est arrêté en juin 2010 alors qu’il embarque sur un yacht de 27 mètres appartenant à l’armateur Alexandre Rodriguez. Une croisière de grand luxe à laquelle devaient participer les frères Campanella et leurs dames.

Les enquêteurs ressortent alors le dossier sur ce braquage vieux de vingt ans et effectuent des comparaisons d’ADN entre M. Barresi et les scellés de l’époque, miraculeusement conservés. La réponse est négative. Un certain Roland Talmon, alias « Le Gros », a moins de chance. En partant d’un mégot de cigarette retrouvé dans le cendrier de l’une des voitures utilisées lors du hold-up, ils sortent son nom du fichier des empreintes génétiques. Heureusement pour lui, les faits sont prescrits. Il est quand même sous la menace de poursuites pour recel et blanchiment, et, surtout, il est cité devant la Cour d’assises qui doit rejuger Bernard Barresi. Il sera donc simple témoin. Va-t-il enfoncer son complice présumé ? On ne le saura pas, puisque les avocats de l’accusé, Mes Eric Dupont-Moretti, Jean-Yves Liénard, Pierre Bruno, etc., ont soulevé un lièvre en déclarant que le mandat d’arrêt des années 90 n’avait pas été notifié régulièrement. D’où un pourvoi devant la Cour de cassation. Et la présidente de la Cour d’assises, Mme Anne Gailly, a dû refermer ses dossiers : « Le pourvoi en cassation d’un arrêt de la chambre d’accusation est suspensif », a-t-elle déclaré.

Le jugement est reporté à décembre 2011 – s’il a lieu.

En décortiquant l’imbroglio des sociétés créées par Bernard Barresi, les enquêteurs de la financière ont eu des surprises. Ainsi, l’un des cafés les plus renommés d’Aix-en-Provence lui appartiendrait. Sa compagne, Carole Serrano, était la gérante d’Alba Sécurité, une société de 143 salariés basée à Gardanne, laquelle, selon le site Bakchich, aurait été sous contrat avec le conseil général des Bouches-du-Rhône et aurait fourni des centaines de « stadiers » lors des matchs de l’OM. « Selon nos informations, dit Le Point, les policiers auraient trouvé lors des perquisitions des contrats entre Alba Sécurité, la municipalité de Marseille, le conseil général et l’OM. » Pour La Provence, en moins de dix ans, Alba s’est taillée une place de choix dans le bizness de la sécurité privée. On présume que la société ne faisait pas les transferts de fonds…

Certains murmurent que si cette affaire ressort aujourd’hui, c’est que Bernard Barresi a perdu ses protecteurs. Et déjà, quelques policiers véreux en ont fait les frais. Il faut dire qu’à l’approche des élections présidentielles, Marseille devient peu à peu l’épicentre d’un enjeu politique : la sécurité.

J’espère que les candidats auront quand même le temps de parler d’autres choses.

Charlie Bauer : vie et mort d’un truand

Charlie Bauer est mort dimanche dernier. Robin des Bois, pourfendeur des QHS, révolutionnaire, redresseur de torts…, la presse a été dithyrambique  sur ce bandit du siècle dernier. « Né en 1943 dans le quartier de l’Estaque à Marseille, dans une famille pauvre, juive, communiste et résistante, le petit Charlie déboulonne très vite les rails du tramway pour en vendre les boulons, puis attaque des trains de marchandises pour, assurait-il, faire des distributions dans les quartiers nord. Membre des Jeunesses communistes dès l’âge tendre, il s’engage aux côtés du FLN à Marseille et finit par être arrêté en 1962 », écrit Franck Johannès dans Le Monde du 7 août 2011. Bauer était-il un lieutenant de Jacques Mesrine ? Certainement pas, juste son complice, au coup par coup, si je puis dire. Mais dans cette « nécrologie fine, chaleureuse et, à la fois, critique », comme le dit sur son blog le haut magistrat Philippe Bilger, une phrase m’a fait sursauter : « Mesrine est tué en novembre 1979, et entraîne Charlie Bauer dans sa chute. »

Euh !… Ce n’est pas tout à fait ainsi que les choses se sont passées…

Nous sommes en 1979. Le 10 septembre, le journaliste Jacques Tillier est retrouvé nu et à moitié mort. C’est l’œuvre de Jacques Mesrine et d’un individu non identifié qui se fait appeler « Paul ». Dix jours plus tard, Pierre Goldman est assassiné en pleine rue. Meurtre revendiqué par un mystérieux groupe « Honneur de la police », mais qui n’a jamais été élucidé. Même si lui et Charlie Bauer se connaissaient, l’affaire n’a rien à voir avec la suite des événements, mais montre qu’à l’époque, les faits-divers font la Une des journaux.

Pendant ce temps, les policiers de l’office du banditisme progressent dans leur enquête. Ils ont une demi-douzaine de suspects qui pourraient coller avec le portrait-robot de M. Paul. Sur son lit d’hôpital, au milieu d’une cinquantaine de photos, Jacques Tillier en désigne une, celle de Charles Bauer. L’homme est en rupture de conditionnelle et, en plus, recherché par l’Office des stups. Autrement dit, il est en cavale. Parmi les rares personnes qui lui rendaient visite lorsqu’il était en détention, figure Renée Gindrat, la mère de son enfant. Enseignante, celle-ci est alors en arrêt de longue maladie. Elle est propriétaire de deux voitures, dont l’une de marque identique à celle qui a été utilisée pour l’enlèvement du journaliste. Elle a d’ailleurs été achetée quelques jours plut tôt. L’adresse sur la carte grise est fausse. C’est en épluchant les contraventions que le véhicule est finalement localisé sur le parking de l’église de la Trinité, dans le 9° arrondissement de Paris. Tandis que le président Giscard d’Estaing se démène dans l’affaire des diamants de Bokassa, les policiers se mettent en planque. Et ils ont tôt fait de loger Charlie Bauer,  rue Saint-Lazare, dans un immeuble où Renée Gindrat occupe un appartement sous un nom d’emprunt.

La planque sur Lulu – C’est le nom de code pour désigner Bauer. Elle va durer plusieurs jours. Tandis que la presse titre sur le mystère qui entoure la mort de Robert Boulin, dont le corps a été découvert dans un étang de la forêt de Rambouillet, ça chauffe dans le 9°. Et enfin, le 31 octobre, les policiers sont récompensés de leurs efforts : Lulu sort de chez lui avec sa compagne. La pression monte d’un cran lorsqu’il se gare dans le 18° arrondissement, le quartier de prédilection de Jacques Mesrine. Le couple pénètre dans un immeuble de la rue Belliard. Il en ressort une heure plus tard, suivi d’un individu de forte stature qui, malgré sa perruque et sa fausse barbe, est rapidement identifié comme étant l’ennemi public numéro 1. Le trio se rend dans un magasin de meubles, au coin de la rue Labat, comme chantait Édith Piaf. Sylvia Jeanjacquot, la compagne de Mesrine, les rejoint peu après. Les deux criminels sont là, à quelques mètres des policiers. Il manque juste le feu vert pour intervenir. Mais il ne vient pas. À la sortie du magasin, la filoche reprend. Dans leur voiture, les flics rongent leur frein.

Deux jours plus tard, lorsque Jacques Mesrine est tué dans la fusillade de la porte de Clignancourt, Charlie Bauer n’est pas là. Par la suite, il sera blanchi dans l’affaire Tillier et condamné pour recel d’une partie de la rançon provenant de l’enlèvement du promoteur immobilier sarthois Henri Lelièvre.

Voilà, je voulais juste dire que ce n’est pas Mesrine qui a entraîné Bauer dans sa chute, mais le contraire. D’ailleurs, lorsque Bauer parlait du « Grand », c’était avec une certaine condescendance, se vantant même de l’avoir plus ou moins « instrumentalisé ».

35 ans après : Qui était le cerveau du casse de Nice ?

Le week-end du 17 juillet 1976, une bande de malfaiteurs met à sac la salle des coffres de la Société Générale, en plein centre de Nice. Emportant un butin estimé, à la louche, à 30 millions d’euros. Mercredi dernier, un vieux truand marseillais, Jacques Cassandri, alias « Le Tondu », a quitté la prison des Baumettes, où il était détenu depuis le 21 janvier 2011. Il a été libéré contre le versement d’une caution de 200.000 €. Une broutille pour celui qui revendique la paternité de ce casse.

C’est dans un livre autobiographique paru l’année dernière, qu’il a tenté de déboulonner le légendaire Albert Spaggiari, affirmant que ce dernier n’avait même pas participé au percement du tunnel qui partait de la bouche d’égout de la rue Gustave-Deloye pour arriver au mur en béton de la salle des coffres. Un tunnel d’environ 8 mètres de long et de 70 centimètres de diamètre.

Il pensait sans doute, Le Tondu, que 35 ans plus tard, il ne risquait rien à se « déboutonner ». Oubliant au passage que le Code pénal est devenu de nos jours si complexe qu’il est bien difficile de prendre ce genre de pari. Entre recel, blanchiment, non-justification de ressources, ou autres infractions financières ou fiscales, il y a toujours quelque chose à grappiller pour des enquêteurs opiniâtres. Ils n’ont guère eu de mal à savoir qui se cachait derrière le pseudonyme d’Amigo, l’auteur du livre La vérité sur le casse de Nice, et ils ont tout passé au peigne fin. Conclusion : ce monsieur connu pour d’anciennes activités dans le grand banditisme détiendrait directement ou non des participations importantes dans plusieurs restaurants ou clubs privés à Marseille et en Corse. Et il va falloir qu’il se justifie. On a même retrouvé son ADN sur les lieux d’une tentative de braquage dans une bijouterie de Toulon.

Mais est-il pour autant le cerveau du casse de Nice ? On peut se montrer dubitatif, même s’il est vraisemblable qu’il ait fait partie des 20 à 30 individus qui ont participé à cette affaire rocambolesque. Toutefois, pour rester dans du concret, il faut se souvenir que devant la Cour d’assises des Alpes-Maritimes, le 31 octobre 1979, seulement six personnes se trouvaient sur le banc des accusés. Deux ont écopé de cinq ans de prison pour avoir négocié des titres et des lingots d’or, et un seul, Daniel Michelucci, a été retenu comme l’un des « égoutiers ». Il a pris sept ans. Une jeune femme a été acquittée, ainsi que deux « beaux mecs », Dominique Poggi et Gérard Vigier. La justice n’a retenu aucune charge contre eux. Quelques années plus tard, tous deux succomberont à une overdose de plomb.
Gaëtan Zampa, soupçonné (à tort, semble-t-il) d’être l’organisateur de ce colossal fricfrac, a été arrêté par la suite pour des  infractions financières. Il est mort en prison, sans qu’on sache trop s’il a succombé à la pendaison ou à la trachéotomie que lui a gentiment prodiguée son voisin de couchette.

Quant à Spaggiari, Bert pour les intimes (et pour les flics), il a été condamné en novembre 1979 à la réclusion criminelle à perpétuité – par contumace. On se souvient en effet qu’à l’époque, il était en cavale.

T’as le bonjour d’Albert !
C’est un individu trouvé en possession de lingots d’or qui avance le premier le nom de Spaggiari, un photographe de Nice. Les surveillances ne donnent rien et, finalement, il est interpellé en octobre 1976. Sans biscuits. Les perquisitions, un fiasco, si ce n’est quelques armes découvertes dans son poulailler. Par la suite, il justifiera la présence de ces armes par sa participation à un mystérieux mouvement d’extrême droite, la « Catena ».
En fait, il se lâche à la fin de sa garde à vue. Mais, plus tard, devant le juge, il devient disert, au point que celui-ci décide de le revoir tous les jeudis à 14 heures 30. Ce qui est une erreur. Comme le raconte dans son livre le commissaire Honoré Gévaudan (Ennemis publics, chez JC Lattès), le magistrat instructeur est très content de « son » détenu : « Il collabore parfaitement. Nous faisons de grands progrès ». Mais, ce jeudi 10 mars 1977, le détenu modèle  ouvre la fenêtre, prend appui sur la corniche et se lance dans le vide. Un bond de huit mètres. Il rebondit sur le toit d’une voiture en stationnement et atterrit sur le tansad d’une moto. Qui démarre aussi sec. Pas si godiche que ça, le Bert…

Pour le situer, il faut se souvenir qu’à 18 ans, il s’engage dans les paras. Direction l’Indo. Et ceux qui se le représentent comme un petit photographe un rien mytho, mais pas dangereux, oublient que, sous l’uniforme, il a écopé de cinq ans de travaux forcés pour avoir braqué un bar à Hanoï. Et qu’à la fin des années 50, il a travaillé pour la société Fichet-Bauche, à Dakar. Société qui a installé la salle des coffres de la Société Générale de Nice.

Tout est folklore, chez cet homme. Ainsi, lorsqu’il a été arrêté, il revient d’un séminaire au Japon, avec le maire de Nice. Et s’il est mort d’un cancer, en juin 1989, et non d’une salve de gros calibres, il a pris soin de mettre en scène sa fin. Le 10 juin 1989, deux hommes déposent une civière dans le salon de sa mère : le corps d’Albert Spaggiari est revêtu d’un treillis, la tenue du baroudeur.

Lors de sa garde à vue, lorsqu’il finit par se confier aux trois policiers qui le questionnent, ce n’est pas qu’il craque, mais simplement parce que ceux-ci ont trouvé le point faible. Ils ont mis en doute ses capacités à fomenter un tel coup. Piqué au vif, Spaggiari a ouvert les vannes, s’attribuant du coup la place prépondérante, celle de chef. Inutile de dire qu’à l’époque, personne n’est venu le contredire.

Il n’était sans doute pas capable de mettre sur pied un telle affaire (manque de moyens, de connaissances…), mais on peut être certain que c’est bien lui « l’inventeur » du casse du siècle. Pourtant, à l’arrivée, il n’aurait encaissé que quelques miettes du gâteau. On peut donc dire qu’il s’est fait rouler par des complices… malhonnêtes.

Et aujourd’hui, alors que nombre des acteurs de ce feuilleton sont morts, un vieux truand vient revendiquer sa place ! Allez, on pourrait au moins lui laisser ça, à Spaggiari !

La chute d’Henri Botey, le parrain de Pigalle

On le surnommait le «  premier proxénète de France », il a fait la Une des journaux dans les années 80 et si les macchabées ont jalonné son environnement, lui s’en est toujours sorti. Même si parfois les balles ont sifflé à ses oreilles. Aujourd’hui, à agecanonix_asterix..jpg77 ans, il encourt dix ans de prison, en tant que tenancier (en sous-marin) de deux bars de Pigalle où les hôtesses, dit-on, travaillaient au bouchon. « Le client devait payer une bouteille de champagne, facturée entre 200 € et 300 € avant de pouvoir monter avec une fille. Il devait ensuite débourser 200 € pour la passe », raconte Le Parisien.

Un drôle de personnage que ce Botey. Pendant des dizaines d’années, lui et sa femme, Carmen, ont tenu le haut du pavé du Paris des noctambules. Pratiquement aucune boîte de nuit, aucun bar louche, pas un hôtel de passes de la capitale n’échappaient alors à l’emprise du couple – même s’il ne possédait aucun titre de propriété. Et cela semblait dans l’ordre des choses. Les policiers laissaient faire, certains même en croquaient, et les politiques y trouvaient leurs comptes. À tel point que Mitterrand, au début de son premier mandat, s’en étonne et tonne. Il charge Pierre Touraine, le directeur de la PJ parisienne, de faire le ménage. Ce qui va entraîner pas mal de remous. Car bien sûr, ce proxénétisme quasi officiel, transformé en un business lucratif où chacun s’y retrouve, n’est possible que si les autorités ferment les yeux. Une myopie justifiée par la mine de renseignements que les RG soutirent à ces messieurs-dames et, plus curieusement, par la préservation du folklore crapoteux de Pigalle.

Quand même, le proxénétisme classé patrimoine national, cela laisse rêveur…

Pour être honnête, il n’est pas exclu qu’avant Mitterrand, Giscard d’Estaing ait eu lui aussi la même attitude. On dit que le réseau de Botey l’avait activement soutenu lors de sa campagne électorale. En tout cas, peu après les élections de 1974, il y a remise à l’heure : le seigneur des julots se retrouve dans le collimateur de la Brigade mondaine, avec à la clé une inculpation pour proxénétisme. Une procédure toutefois gentillette, avec au passage un sérieux redressement fiscal. Un bon moyen de pression. Une somme qui équivaudrait à près de 3 millions d’euros, qu’il aurait, murmure-t-on, intelligemment négociée…

Et ses affaires reprennent. Mais dans la police, certains commencent à traîner les pieds. Ils ont du mal à comprendre la protection dont bénéficient les époux Botey. Mauvais flics, va ! Entre la BSP, le nouveau nom de la brigade mondaine, et les services de la rue du Faubourg-Saint-Honoré (l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains), le torchon brûle. Et les chefs de service ont bien du mal à éviter les chausse-trappes parfois tendues par leurs propres collègues. Comme toujours en cas de guéguerre des polices, les informateurs sont pressurés. Du coup, les proxénètes ne savent plus à quel saint se vouer et leur situation devient moins confortable. Ce qui n’est pas bon pour les affaires. Côté positif : quelques flics ripoux, victimes collatérales de ce manège, sont priés de faire leurs valises.

Mais pas à dire, sous la gauche, il devient plus difficile de gérer sa petite entreprise, car les protecteurs de Botey ne sont plus aux manettes. Du coup, il se trouve affaibli. Et dans le milieu, c’est comme dans la jungle, cela ne pardonne pas. Ou tu es prédateur ou tu te retrouves au mauvais bout de la chaîne alimentaire. En 1987, l’un de ses anciens employés, Alain Picaud, pense qu’il est grand temps pour le vieux (il a 54 ans) de prendre sa retraite. Ce qui ne serait pas très inquiétant si derrière ne se dessinait l’ombre de Jacky Imbert, alias Le Mat. Botey demande protection à André Gau, dit Dédé Gode, qui a le tort de ne pas prendre l’affaire au sérieux. Lui qui est l’un des derniers survivants de la guerre des gangs entre Tany Zampa, Francis le Belge, les frères Zemour et le clan des Siciliens, va mourir bêtement dans une cabine téléphonique de Neuilly, flingué par un demi-sel. Picaud sera d’ailleurs arrêté peu après et passera aux aveux sans trop se faire prier.

Quant à Botey, qui se trouvait également dans la cabine téléphonique, il s’en sort indemne (voir sur ce blog « La petite histoire de la PJ »).

Henri Botey n’est pas un dur, mais plutôt un homme d’affaires. Des affaires très spéciales. De mémoire, il n’a jamais été inscrit au fichier du grand banditisme. Et le fait d’apprendre aujourd’hui qu’il a tenu Marine Le Pen sur les fonts baptismaux a dû en faire sourire plus d’un : d’anciens truands, d’anciens policiers, et surtout de très actuels politiciens qui en ont sans doute marre de voir la squelette_blog-a-la-fortune-du-mot.1302851977.jpgdame s’envoler dans les sondages…

Décidemment, ces temps-ci, les vieux truands sont sur la sellette. Comme si la PJ raclait ses fonds de tiroir. A moins qu’à la DCRI  on soit en train d’expurger l’ancien fichier des RG… Entre nous, j’ai comme l’impression que dans les mois à venir, bien d’autres squelettes vont sortir des placards.

Le beau mec est mort de vieillesse

C’était il y a quelques jours, dans le service de gériatrie d’un hôpital parisien. Sans être le parangon de la série de France 2, c’était vraiment un beau mec, à l’ancienne, capable du pire comme du meilleur. Quand j’ai débarqué en PJ, dans le petit monde du banditisme, les anciens m’ont rebattu les oreilles des exploits de extrait-image-le-deuxieme-souffle.1301126910.jpgMonsieur Madeleine, comme disaient les flics qui avaient lu Victor Hugo (si si, y en avait !).

Bernard Madeleine est né après la Première Guerre mondiale, à Le Fresne-Camilly, dans le Calvados. Je ne connais pas ses états de service durant « la suivante », mais dans son livre, Monsieur Madeleine, aux éditions du Rocher (écrit sous la pression amicale d’Alphonse Boudard et préfacé par José Giovanni), il raconte que s’il a commis un hold-up, après la débâcle de l’armée française, c’était pour se payer le voyage vers Londres, via l’Algérie, où il comptait rejoindre De gaulle (archives Le Parisien ). James Sarazin dans Dossier M… comme milieu (Éd. Alain Moreau) est moins musical. Pour lui, Madeleine a commencé sa carrière en se livrant à de petits cambriolages, comme la plupart des truands, puis son activité s’est recentrée sur les escroqueries « aux faux policiers ». Faut dire que les cartes bleu-blanc-rouge circulaient pas mal, à cette époque. Une chose est sûre, il a fini par se faire coincer : dix ans de travaux forcés.

Pour un jeune homme qui avait passé une partie de sa jeunesse au bagne pour enfants, l’addition a dû paraître salée.

Aussi, en 1960, on peut imaginer qu’il avait une revanche à prendre sur la société. Il se spécialise alors dans les agressions à main armée, et, avec sa bande, se livre à une série de braquages, certains plutôt violents.  Les policiers en recensent une quinzaine, dont neuf où il est directement mis en cause. Et une demi-douzaine de blessés parmi les victimes.

Ses lieutenants sont les frères Noël qui, lors de leur arrestation, seront trouvés en possession d’un important lot de diamants provenant d’un fabuleux hold-up commis à Milan, en Italie.

Madeleine est arrêté en juin 1964, à Soulac, en Gironde, au Whisky à gogo, bar où il sirote un verre avec deux de ses complices. Pour les flics de l’antigang, c’est une belle prise. Ils comparent Madeleine à Pierre Loutrel, dit Pierrot le fou ou à Émile Buisson, l’ennemi public n°1 des années cinquante. Jugé en 1968, il prend perpète.

José  Giovanni, qui a été un proche de Madeleine avant de se reconvertir dans l’écriture et le cinéma, se serait inspiré du personnage pour écrire Le deuxième souffle, livre qui a été adapté par deux fois au cinéma. Dans le premier, Lino Ventura était Gustave Minda, dit Gu. Et Paul Meurisse interprète celui qui le traque, l’énigmatique commissaire Blot.

C’est un autre ancien truand, Michel Houdart, qu’un procureur avait surnommé « le Robin du Bois de St-Amand », qui m’a informé de la mort de Madeleine. Même s’ils n’étaient pas de la même génération, tous deux ont eu un passé commun.

« À 64 balais, Bernard remonte au braquage sur une affaire que j’avais montée, me dit Michel Houdart, parce que, entre le gang pressenti pour le taper et moi, le courant ne passait pas vraiment… Le chef en était l’un de ses autres fils spirituels… Du coup, le Vieux a décidé de remonter sur le tas après avoir vu un flic en service m’apporter de fausses plaques d’immatriculation… »

C’était à la poste de Châtelineau, en décembre 1982. L’un des premiers hold-up avec prise d’otages commis en Belgique. Les braqueurs enlèvent le directeur et séquestrent sa famille le temps de se faire ouvrir les coffres-forts. Un butin équivalant à plusieurs centaines de milliers d’euros.

Mais le coup se termine mal, du moins pour les truands. Le grain de sable. L’un des leurs, Francis Bindewald, grand seigneur, mais pied-nickelé, avait tenu à régler la boisson qu’il avait consommée à la cantine de la poste – et il oublie son portefeuille. Rapidement, une demi-douzaine de personnes se retrouvent sous les verrous. Madeleine écope de 15 ans, le policier véreux en prend 20, quant à Michel Houdart, il est condamné à mort.

Pourtant, Madeleine aurait pu passer au travers, car ses amis l’avaient poussé à s’exiler en Amérique du Sud avec son butin. Pensant qu’il était bien trop connu des poulagas pour ne pas être suspecté. Ce qui était vrai. Il a refusé, pour ne pas abandonner sa vieille mère.

L’affaire n’est pas close pour autant. Non seulement Houdart réussit à s’évader, mais la justice belge, qui s’était un peu emmêlée les pinceaux dans la procédure frontalière, se trouve plongée dans un imbroglio juridique invraisemblable.

Nouveau procès en 1991, en France cette fois. Bernard Madeleine, qui a purgé sa peine (remises comprises), vient témoigner. Il a alors 70 ans (46 en prison). Beau mec, jusqu’au bout des ongles, il fait un numéro de flûtiste devant le jury et endosse l’entière responsabilité du braquage. Il déclare : « Je suis de la vieille école. Celle qui ne tuait pas, qui ne blessait pas, et qui ne citait jamais les noms des camarades… ». Quant à Michel Houdart, en réponse aux témoins qui le chargeaient, il répond : « Je conteste certains faits, mais je respecte l’homme et la femme qui viennent de témoigner. Car ce sont les victimes. » (citations Lesoir.be).

Il a pris cinq ans. Ce qui est quand même mieux que la peine de mort. Il m’a dit : « Je suis un rebelle, un révolté, un emmerdeur…   comme tu voudras…   mais je n’ai pas du tout l’âme d’un truand oulivre-madeleine.1301125096.jpg d’un arnaqueur… Exactement comme Bernard Madeleine, d’où notre estime réciproque… »

Je laisse à chacun le soin d’apprécier… ou de juger. On a tellement pris l’habitude ces temps-ci des jugements à l’emporte-pièce… Quant à moi, je fais partie de cette génération de flics qui n’avaient pas d’ennemis, mais uniquement des adversaires. Et lorsqu’un délinquant a purgé sa peine, je crois qu’il a le droit au même respect qu’un autre. Et même plus qu’un autre, s’il choisit le droit chemin. Car c’est plus difficile pour lui.

Aff. Le Roux : un vieux truand balance

Dans un livre à sortir, modestement titré Confessions d’un caïd, un truand sur le retour raconte ses exploits. Son nom ne vous dira rien, à moi non plus d’ailleurs, car j’ai eu beau me triturer les cellules grises à m’en flouser le caberlot, je n’ai pas le souvenir de ce monsieur de 75 balais, qui aurait fricoté avec la French agecanonix_asterix.1299313600.jpgConnection. Un proche de Tany Zampa ou de Francis le Belge, sans doute, mais en plus intelligent, car il aura su rester dans l’anonymat, le bougre ! Mais comme avec l’âge (même si je suis un jeunot par rapport à Jacques Chirac), mes facultés pourraient être mises en défaut, j’ai parcouru la nomenclature d’un livre qui fait référence en la matière, celui d’un autre ancien, mais lui du journal Le Monde, James Sarazin, dans Dossier M… comme milieu (Éd. Alain Moreau, 1977). Bon, pas de Hernandez non plus. Alors, j’ai feuilleté le fichier du grand banditisme des années 70/80, et toujours rien. Pas à dire, le bonhomme, il est fort !

À en croire la presse, l’un de ses amis se serait vanté auprès de lui d’avoir trucidé Agnès Le Roux. On ne va pas reprendre la chronologie de cette affaire à tiroirs (secrets), j’en ai longuement parlé sur ce blog. Pour faire simple, disons que l’une des héritières de l’héritière du casino Le Palais de la Méditerranée, à Nice, a mystérieusement disparu en 1977, après avoir cédé ses parts à un sombre individu que l’on disait proche de la mafia italienne. Dans ce meurtre sans cadavre, il fallait un méchant, et c’est un avocat, Maurice Agnelet, qui a assumé le rôle. Après un gymkhana juridique de 30 ans, et après avoir été jugé innocent par le jury d’une cour d’assises, il a finalement écopé de 20 ans devant une autre Cour d’assises, victime, si l’on peut dire, d’un acharnement judiciaire hors du commun. L’affaire Agnelet est aujourd’hui un cas d’école.

Donc, nous raconte le sieur Hernandez, alias Gros Pierrot, l’un de ses amis, Jean Lucchesi, lui aurait confié être l’auteur de ce crime, dans le cadre d’un contrat. Il aurait jeté le corps d’Agnès aux Goudes, dans les calanques de Marseille, un endroit où, pour la petite histoire, Jean-Pierre Melville aimait tourner ses films.  Et son Range Rover, recherché dans toute l’Europe, aurait tout bonnement été compacté dans un garage marseillais. Son copain Jeannot lui aurait raconté tout ça juste avant de mourir, en 1987. Et depuis, « le vieillard repentant » vit avec ce fardeau, partagé entre le souci de ne pas salir la mémoire de son ami, et le calvaire de savoir un innocent en prison.

Finalement, il a craqué, et il a tout balancé dans ce livre de souvenirs qui doit paraître ces tout prochains jours. Avec en caution, rire_bondyblog.1299313434.pngparaît-il, la préface de Lucien Aimé-Blanc, l’un des grands patrons de l’ex-office du banditisme.

Je me demande ce qu’ils ont tous, ces anciens voyous, à vouloir raconter leurs faits d’armes comme s’ils avaient fait la guerre… Le syndrome Mesrine peut-être ! En tout cas, à la différence de cet Amigo (La vérité sur le casse de Nice) qui se vante d’avoir participé au fric-frac de la Société générale, en crachant au passage dans la gamelle d’Albert Spaggiari, et en oubliant que le recel est un délit permanent, donc imprescriptible ; Jean-Pierre Hernandez, lui, ne risque rien. En France, sauf cas particuliers, la non-dénonciation d’un criminel n’est pas punissable.

Sale temps pour les orpailleurs de Guyane

Dans l’Hexagone, les gendarmes veillent sur les câbles de cuivre de la SNCF, mais, à des milliers de kilomètres, en Guyane, leur mission est tout autre : Ils pourchassent les chercheurs d’or. Ils sont environ 250 – et 750 militaires – à patrouiller sur un territoire rempli d’embûches. Le plan Harpie bat son plein. Ou plus exactement Harpie 2, car, après les opérations Anaconda et Harpie 1, l’année dernière, le président de la République a relancé la mobilisation contre l’orpaillage clandestin.  Et cette fois avec de grands moyens. La mission n’est pas sans danger : un soldat y a déjà laissé la vie (voir le blog secretdefense). Dans une vidéo, sur le site de la gendarmerie, on peut se faire une idée de leur job. Rien à voir avec des contrôles de vitesse sur l’autoroute… Les pieds dans les charentaises, on peut rêver d’aventures… Mais là, ce n’est pas du cinoche. Il ne s’agit pas de surprendre un cowboy solitaire accroupi près d’un fleuve, en train de tamiser du sable, mais de dénicher les puits et les galeries creusés par des colonies de clandestins à la recherche des précieuses pépites.

Il faut reconnaître qu’avec la montée fulgurante du cours de métal jaune, malgré les risques, le jeu en vaut la chandelle.

Vous me direz, achercheur-dor_image-clipart.jpgprès tout, ils ne volent personne. Mauvaise pioche. Cela ne se passe plus ainsi dans un monde qui se veut policé. D’autant que l’or fait partie des richesses naturelles de la Guyane. C’est même son premier produit d’exportation. Autour de 2 à 3 tonnes par an. Et ils sont environ 65 opérateurs à se partager le pactole, en exploitant une centaine de sites autorisés. Alors que, d’après les chiffres de 2006, retenus par une commission d’enquête du Sénat, il y aurait environ 350 sites d’orpaillage illégal, employant entre 5 000 et 10 000 personnes. Ce qui représenterait, selon les estimations de la gendarmerie nationale, 10 tonnes d’or natif par an.

Mais le problème majeur est environnemental. Essentiellement en raison de l’utilisation du mercure pour réaliser l’amalgame de l’or, procédé interdit depuis 2006. Avec  des rejets conséquents de ce métal liquide dans les eaux des fleuves. 13 tonnes par an. Et une déforestation sauvage estimée à 500 hectares par an. Les conséquences sont terribles sur la vie des habitants des rives*. Et tout ce petit monde underground génère évidemment une délinquance associée, comme la prostitution, le blanchiment d’argent et les règlements de comptes.

Une loi de 2009 a renforcé les moyens juridiques pour lutter contre l’orpaillage illégal, en donnant, par exemple, la possibilité de faire démarrer la garde à vue non pas au moment de l’arrestation, comme c’est la règle, mais lors de l’arrivée dans les locaux où celle-ci doit se dérouler. Avec un délai qui ne peut excéder vingt heures (art. 141-4 du Code minier).

Pas facile d’être un État de droit dans ces contrées.

Cependant, dans la région, les garimpeiros ne sont pas les seuls soucis des policiers et des gendarmes. Ce territoire, grand comme le Portugal, possède le niveau de vie le plus élevé du continent sud-américain.  Un attrait pour les habitants, bien plus pauvres, des pays d’alentour. Et notamment le Brésil. 60% des étrangers mis en cause dans des crimes ou des délits sont des Brésiliens. Et cela pourrait encore s’aggraver après la mise en service du pont routier sur le fleuve Oyapock, lequel va bientôt relier la Guyane à l’État de l’Amapá. Raison pour laquelle un centre de coopération policière (CCP) entre les deux pays devrait bientôt voir le jour. Cette cellule aura compétence pour tous les problèmes liés à la sécurité (sauf le terrorisme), et notamment la criminalité organisée, le trafic de stupéfiants et l’immigration irrégulière. Ce CCP sera, me semble-t-il, la première coopération transfrontière hors de l’espace Schengen. Avec toutefois une présence française bien modeste : 3 gendarmes et 1 policier.

D’après un article un rien alarmiste du Figaro, pour une population d’environ 230 000 habitants, la Guyane arrive juste derrière la Seine-Saint-Denis (six fois plus peuplée) en matière de délinquance. Mais surtout, il s’agit d’une délinquance souvent violente. Il faut dire que les armes sont partout. Elles proviennent en grande partie du voisin brésilien, le plus important fabricant d’armes de l’Amérique du Sud. Pour le procureur de Cayenne, cité dans cet article, la situation est critique. «  Les magistrats ne veulent plus venir en Guyane, effrayés par la quantité de travail que nous avons, mais aussi parce qu’ils ont peur de se faire attaquer au coin de la rue ». Quant au chef de la BAC, qui a exercé vingt ans en métropole, il soupire : « La différence, c’est qu’ici, tu peux perdre la vie pour 3 euros ».

Rien à voir pourtant avec un pays voisin, et presque homonymique : le Guyana, (l’ancienne Guyane britannique ) où le risque est omniprésent ; ni même avec le Venezuela, qui vient de publier des chiffres alarmants. Mais le taux de criminalité en Guyane est néanmoins deux fois supérieur carte-amerique-latine_site-americas-copie.1298197234.JPGà celui de la métropole. Et il est certain que sans l’arrivée d’effectifs supplémentaires, gendarmes et policiers, les choses ne vont pas s’arranger, car outre une immigration clandestine exponentielle, la Guyane est le département français où le taux de natalité est le plus élevé.

40% des homicides commis sur l’ensemble de la planète ont lieu en Amérique Latine, où, parallèlement au crime organisé, au narcotrafic et au blanchiment d’argent, la délinquance de rue connaît un accroissement qui va de pair avec la pauvreté. Entre ces deux extrêmes, on peut presque parler de l’émergence d’une criminalité moyenne, centrée notamment sur le trafic d’armes, le trafic de personnes et le trafic sexuel. Une activité criminelle qui deviendrait… coutumière.

Avec un contre-coup : l’utilisation de plus en plus fréquente des forces armées pour effectuer des opérations de police. Un véritable risque pour ce monde en recherche d’équilibre.

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* Dans un autre ordre d’idées, des travaux sont en cours en vue d’effectuer des forages pétroliers au large de la Guyane, et cela, malgré les risques écologiques et l’appel à la prudence de la Commission européenne. Plus de détails sur Blada.com. Ou comment l’on passe du métal jaune à l’or noir…

Une seule balle pour le parrain québécois

Il avait 86 ans. Nicolo Rizzuto, dit Nick, ou encore Le Vieux, a été abattu mercredi 10 novembre, dans sa somptueuse demeure de Cartierville, à Montréal. Il se trouvait dans sa cuisine lorsqu’il a été atteint d’une balle dans la tête, une seule, tirée depuis le bois situé à l’arrière de sa maison. Un petit trou dans la vitre, et c’est tout. Constatations confirmées par le résultat de l’autopsie.

Qui était donc ce vieux bonhomme ?impact-de-balle_illustration-france-soir.jpg

Né en Sicile, il émigre au Canada en 1954. Rapidement, il se lie à des mafieux italiens, notamment calabrais, les Cotroni, qui tiennent le haut du pavé à Montréal. Il fera aussi alliance avec les Bonanno, l’une des cinq familles de la Cosa Nostra de New-York.

À cette époque, le clan Bonanno tient une place prépondérante dans  le trafic de stupéfiants aux États-Unis. Montréal étant considéré alors comme la base arrière du réseau. L’héroïne vient des laboratoires du sud de la France, jusqu’au jour où les Américains se fâchent. En 1971, Nixon tape du poing sur la table, et c’est le démantèlement de  la French Connection – aussitôt remplacée par la Pizza Connection.

Mais dans les années 76-81, une guerre éclate entre les trois familles. Une vingtaine de morts, tant au Québec qu’en Italie. Finalement, Nick Rizzuto, ce petit homme que l’on dit illettré, remporte la victoire (ou du moins la première manche). Il a gagné sa place au soleil et devient le parrain incontesté de la mafia de Montréal.

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Nick a trempé dans le scandale du village olympique de Montréal, pour les Jeux de 1976, et il a forcément croisé le chemin d’un truand français qui, lui aussi, avait mouillé sa chemise pour ce projet juteux : Gilbert Zemour. Mais celui-ci ne devait pas être de taille, car, bien vite, il est rentré au pays. « L’exportation » de la famille Zemour n’a pas fonctionné. Concurrence trop dure, sans doute.

En fait, depuis longtemps, c’est le fils, Vito Rizzuto, qui a pris les commandes. Pour l’heure, il purge une peine de prison aux Etats-Unis pour avoir occis trois membres de la famille Bonanno. Sans doute le chapitre final de la guéguerre des années quatre-vingt. En réalité,  il n’a été arrêté qu’en 2004, perdant du coup son surnom de Teflon Don (on n’avait jamais réussi à lui « coller » une affaire sur le dos auparavant). Du fond de sa cellule, on dit qu’il n’en continue pas moins à diriger son commerce. Tel ce fumeux projet d’investissement pour la construction du pont de Messine. Le pont de la mafia, comme on dit en Italie. Un moyen inespéré de recycler des centaines de millions de narcodollars. D’après des écoutes téléphoniques effectuées en 2005, la famille aurait été prête à investir cinq milliards d’euros dans ce projet. Soit la quasi-totalité du montant des travaux. En fait, personne ne connaît le montant de la fortune de Rizzuto. L’année dernière, par exemple, il a fait l’objet d’un redressement fiscal pour avoir négligé de déclarer l’équivalent d’environ quatre millions d’euros, une somme qui représenterait « seulement » les intérêts perçus sur un compte en Suisse…

En 2004-2005, une opération de grande envergure a été lancée au Canada, aux Etats-Unis, en Italie, en Suisse, en France…, pour démanteler un réseau de blanchiment d’argent. Une enquête difficile, pour arriver, en 2007, à des dizaines d’interpellations dans ces différents pays. En fait, on comprend bien qu’aujourd’hui, le principal souci de la mafia est de réinsérer l’argent du crime et de la drogue dans les circuits traditionnels. Ce qui devient de plus en plus difficile. Cela nécessite une organisation internationale et des contacts à tous les niveaux, tant dans le monde des affaires que de la politique. En Italie, lors de cette enquête, on aurait frôlé le pouvoir en place… Dans ce bizness, il semble bien que le clan Rizzuto soit tête de liste.

On ne vit pas vieux chez les Rizzuto. Le patriarche est une exception. Ainsi son gendre, Paolo Renda a été enlevé… On ne l’a jamais revu. L’un de ses lieutenants, Agostino Cuntrera, pressenti pour prendre du galon, a été assassiné. C’est tellement chaud dans la « famille » que, lors d’une arrestation, les policiers ont eu la surprise de constater que plusieurs de ses membres portaient un gilet pare-balles, sous le costard. Ce qui ne devait pas être le cas de son petit-fils. L’insouciance de la jeunesse (42 ans)…  Il a été joseph-ducarme_ctv-montreal.JPGtué en décembre dernier. Plusieurs balles, en pleine rue. Le suspect, dont on sait juste qu’il est noir, n’a pas été identifié. Du moins pour la police. Car, trois mois plus tard, une fusillade, rue Saint-Jacques, à Montréal, avait pour cible un certain Joseph Ducarme, que l’on présente comme l’ancien chef de l’ancien gang des 67. Un gang de rue. Il s’en est tiré sans bobo, mais il y a eu deux morts. Dans son camp, d’autres n’ont pas eu sa chance. Plusieurs sont décédés de mort violente et un autre circule en fauteuil roulant.

En fait, les autorités locales semblent compter les coups. Une guerre a débuté, mais il reste encore des doutes sur l’identité du véritable adversaire, le challenger de la Rizzuto and son. Car ce gang de rue ne serait que la partie visible de l’iceberg. Une autre famille pourrait bien être à l’affût, planquée derrière la glace : celle des Calabrais. Ils ont une revanche à prendre.

En attendant, le clan des Siciliens contre un gang de rue, ça parle au diable, comme disent nos cousins québécois.

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Alors que ce blog était en panne, une première version de ce billet a été publiée sur Le Monde.fr, dans la rubrique internationale. Cette seconde mouture a été mise à jour en fonction des derniers éléments connus. (Et j’ai enlevé la virgule de trop …smiley.png)

Uriage : la justice à la peine

À la suite de la décision du juge des libertés et de la détention (JLD) de placer le suspect du braquage du casino d’Uriage sous contrôle judiciaire, et de le laisser libre, le ministre de l’Intérieur a fait part de son indignation. tableau-de-rene-magritte.jpgQuant au procureur général de Grenoble, il a estimé que cette libération était « absolument inacceptable ». Alors que dans le même temps, son vice-procureur (et aussi secrétaire général de l’Union syndicale des magistrats) s’indignait, lui,  «  des déclarations outrancières » du ministre et de certains syndicats de police qui remettent en cause le travail des magistrats.

Alors évidemment, on s’interroge ! Et l’on se dit qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas : comment un ministre et le plus haut magistrat de la région peuvent-ils critiquer de la sorte la décision d’un juge ?

Et comment un juge peut-il prendre une telle décision, en apparence incompréhensible ?

Pour tenter d’y voir clair, il faut d’abord garder ses distances avec la manipulation sécuritaire actuelle et oublier les propos extrémistes de certains policiers, dont le seul but est, à l’évidence, de faire monter la mayonnaise.

La détention provisoire, qui s’appelait « préventive » avant 1970, est la décision la plus grave que peut prendre un magistrat : priver un homme ou une femme de sa liberté avant de savoir s’il est coupable ou innocent. Raison pour laquelle le juge des libertés et de la détention est choisi parmi les magistrats du siège les plus expérimentés. Mais c’est une tâche qu’il accomplit en général en sus de son travail quotidien. Sauf dans les tribunaux « riches », comme à Nanterre, où le nouveau président, Jean-Michel Hayat, a décidé (Le Monde du 4 septembre 2010) que les JLD « seraient déchargés de toutes autres tâches » Et dieu sait s’il connaît l’importance de la détention provisoire, lui qui, en 1988, alors qu’il était juge d’instruction dans ce même tribunal, a envoyé le commissaire Yves Jobic en prison sur l’intime conviction qu’il alimentait « avec l’argent de la prostitution, les finances d’un parti d’opposition (c’est-à-dire de droite) ». Sauf que tout était bidon et que Jobic a été jugé et déclaré innocent. La cour de cassation a même estimé qu’il avait été victime d’une incarcération abusive.

Comme quoi la détention provisoire peut aussi s’appliquer à un flic !

D’après l’article 137 du Code de procédure pénale, la détention provisoire doit revêtir un caractère « exceptionnel ». Et dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire d’Outreau, il est écrit : « Le drame d’Outreau, chacun le reconnaît, c’est le scandale de la détention provisoire ».

C’est le juge d’instruction qui saisit le JLD. Toutefois, dans certains cas, et pour des raisons de sûreté, le procureur peut le faire si le juge ne suit pas ses réquisitions.

Lorsqu’il prend une décision, le JLD doit avoir en tête deux préceptes :
•    L’article 66 de notre Constitution, qui énonce que l’autorité judiciaire est gardienne de la liberté individuelle ;
•    L’article 9 de la Déclaration de 1789 qui garantit la présomption d’innocence.

Il se reporte ensuite à l’article 144 du Code de procédure pénale qui égrène les différents cas où la détention est possible.

Sa marge de manœuvre est donc strictement limitée. Et comme il peut se tromper, il est possible de faire appel de sa décision. A noter qu’il existe une procédure, dite de référé-détention, mais qui, bizarrement, ne s’applique que pour contester la remise en liberté d’une personne déjà placée en détention provisoire.

Aussi, lorsque le syndicat de police Synergie accuse le JLD de Grenoble de « forfaiture », c’est-à-dire dans ce cas du refus d’appliquer la loi, ses représentants montrent leur méconnaissance du Code de procédure pénale (qu’ils devraient pourtant connaître sur le bout des doigts) et des textes fondateurs de notre société.

A moins qu’ils ne fassent semblant…

Car il est facile de faire croire au plus grand nombre que la justice est laxiste et laisse en liberté des individus dangereux, alors que les policiers prennent tous les risques pour les arrêter… Mais ne peut-on pas aller un peu plus loin et dépasser cette approche qui frise le populisme?

Si les enquêteurs de la police judiciaire n’avaient pas sur le dos une hiérarchie affolée par un préfet-flic et un ministre en ébullition, n’auraient-ils pas agi différemment? Peut-être, à la place d’opérations poudre-aux-yeux auraient-ils pris le temps de « saucissonner » leur suspect dans une procédure béton?

Mais comment tout bien faire quand il faut tout faire vite-vite-vite…

Et naturellement, en se basant alors lapin-pays-des-merveilles.gifsur un dossier solide, la justice aurait pris le relais. Un travail d’équipe, intelligent, construit, dans le but unique de servir au mieux la justice de son pays.

Aujourd’hui, à l’évidence, on cherche à casser l’outil. À tous les échelons de la société on cache ses propres insuffisances en détournant l’attention sur d’autres. Séparer pour mieux régner, semble être la nouvelle devise de notre République. À tel point qu’il y a quelques jours, un syndicat de commissaires de police a appelé à boycotter la rentrée judiciaire de crainte que certains magistrats n’en profitent pour « stigmatiser notre action »

Je deviens parano ou l’on est en pleine paranoïa ?

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Policiers et gendarmes fusionnent hors des frontières a été lu 1 600 fois et a suscité 9 commentaires.
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