Après le suicide de trois policiers, ce qui porte le nombre à cinq en deux mois, faut-il parler d’une « série noire » comme l’a déclaré Claude Guéant ou d’un véritable burnout policier ? Ces hommes et ces femmes ont-ils craqué à cause de leur métier, victimes du syndrome d’épuisement professionnel, ou en raison de difficultés personnelles ? La réponse n’est pas si simple, tant il est difficile de dissocier les deux. Ce n’est pas une spécificité du métier de policier, mais c’est sans doute plus vrai pour ce job qui vous colle à la peau. Vous êtes flic quand vous êtes en vacances, quand vous allez faire vos courses, et même quand vous allez chercher vos enfants à l’école : « T’as vu, c’est le fils du flic… ». Ce métier est tellement prenant et tellement crampon qu’il se fait souvent au détriment de la famille, de la vie privée, de la vie tout court. Lorsqu’un policier se suicide, il est donc impossible de déterminer les causes réelles de son geste. On ne peut faire le tri entre la vie professionnelle et la vie privée. C’est un amalgame. Il y a la vie tout court. Ou ici la mort. « L’environnement, tant personnel que professionnel, représente une composante fondamentale du phénomène suicidaire », dit la sociologue Frédérique Mezza-Bellet. Il est donc stupide d’affirmer, comme il a été dit dans un communiqué de la Préfecture de Police, que les trois policiers qui viennent de mettre fin à leurs jours ont agi en raison de « difficultés d’ordre conjugal et privé ».
Le burnout, c’est un peu comme une bougie dont la flamme vacille.
Même s’il n’existe aucun chiffre récent, la police est le groupe socioprofessionnel où il y a le plus de gens qui mettent fin à leur jour. Bien loin, il est vrai derrière le monde carcéral, mais il s’agit là de suicides qui répondent à d’autres critères que la vie en société, dite « normale ».
Et ce n’est pas d’aujourd’hui. « L’épidémie de suicides qui endeuille la police depuis peu est spectaculaire », pouvait-on lire dans Le Monde du… 4 avril 1996, dans un article de Véronique Maurus qui titrait sur « La déprime des flics ». « La source principale du malaise, disait alors Jean-Louis Arajol, le président du Syndicat général de la police, est la dévalorisation progressive du métier de policier. » Il parlait même d’un « complot politique » pour réduire les missions et les effectifs de la police nationale au profit de la gendarmerie et des polices municipales, réputées plus « dociles », des policiers auxiliaires et des sociétés privées de sécurité ».
Prémonitoire, non !…
Depuis, la gendarmerie a été rattachée au ministère de l’Intérieur, les polices municipales sont en pleine extension et il existe un préfet chargé de la sécurité privée qui vient d’ailleurs de sortir des cartons un décret visant à la création d’un « Conseil national des activités privées de sécurité ». Je sais, c’est hors sujet.
Selon certains, il y aurait plus de suicides parmi les policiers du fait que ceux-ci détiennent une arme. On pourrait raisonner a contrario et dire que si les policiers utilisent souvent leur arme (trois sur les cinq derniers) pour mettre fin à leurs jours, c’est tout simplement qu’ils ont une arme sous la main. Mais cela n’a rien à voir avec leurs motivations. Celui qui tous les jours passe sur le même pont va peut-être un jour se jeter dans le fleuve, mais s’il se suicide, ce n’est à cause du pont.
La théorie qui voudrait que les flics d’aujourd’hui, sur-diplômés et sans expérience de la vie, auraient le cuir trop tendre pour affronter ce métier ne repose sur aucun chiffre. C’est une théorie « d’anciens ». Rien ne prépare à ce métier. Tous les flics se souviennent de leur premier contact avec la mort violente. Que ce soit en effectuant les constatations sur la victime d’un meurtre ou face à un forcené qui vous menace d’une pétoire. Mon premier cadavre, c’était une vieille dame ligotée dans sa cuisine. Elle avait été torturée. En la déshabillant, on avait trouvé deux ou trois billets de cent francs, sous sa gaine. Le butin que recherchait le meurtrier. Je m’en souviens comme si c’était hier.
Ce métier, on l’apprend sur le tas. Et ceux qui ne résistent pas s’en vont ou cherchent une planque – ou ils craquent. Dans la préface du livre La parole est aux cadavres (Perrine Rogiez-Thubert, aux éditions Demos), Olivier Marchal écrit : « Je pense à tous ces moments où je n’avais plus envie, où j’en avais assez de patauger dans le sang, la merde, les larmes et le chagrin des familles (…) Être flic, c’est savoir accepter l’inacceptable. Supporter l’insupportable. Moi, je n’ai jamais su. C’est pour ça que j’ai fini par céder. Pour ne pas sombrer avec mes morts… »
Pas mieux.
23 réponses à “Suicides… série noire dans la police”
Un blog vient de se créer pour lever le voile sur les raisosn des suicides en Gendarmerie. Je ne pouvais pas imaginer que de tels faits de harcelement pouvaient exister en Gendarmerie !
Voici l’adresse de ce blog : http://malakoffchateaugontier.wordpress.com/
Le dérapage a commencé dans les années 80, avec ces sketchs des Inconnus sur les flics. A cette époque cela pouvait faire rire: la maréchaussée et ses abus de pouvoir ont toujours été à juste titre sujet de moquerie. Le seul problème est que désormais les flics sont également, de fait, du côté des faibles, en prennent de tous les coins, alors que leur culture, leurs valeurs, leurs modes de pensée, leur éducation ne les distinguent plus d’un prof, d’un employé de banque, d’un citoyen comme les autres. C’est le hasard, j’en suis sûr, qui en dirige beaucoup vers les forces de l’ordre, le mirage d’une situation stable, d’un salaire à la fin du mois. Tout est donc en place depuis vingt ans pour une police de proximité compétente et efficace. Mais là encore, une fois de plus, Sarko, Buisson, Guéant auront tout ravagé. Espérons que nous échapperons à une génération perdue.
Les temps changent, on le voit les Neyret font place a des gens qui cherchent avant tout a faire carrière dans un monde de l’emploi tendu, résultat ils n’ont pas l’état d’esprit pour être flics mais celui pour être fonctionnaires mais les policiers ne sont pas des fonctionnaires comme les autres…
Mordax : prenons contact : marclouboutin@gmail.com Merci à vous. Marc
Il ne faut pas attendre du monstre froid Guéant la reconnaissance des dysfonctionnements, des attitudes managériales ressemblant à celles d’un boîte de télécommunications renommées. La vulgate bien rodée consiste à mettre en avant des problèmes personnels.
J’ai eu à connaître de suicides dans mon activité, et même dans une fameuse grande brigade de direction de la PP. il n’y a pas que l’uniforme qui en pâtit.
Ce qu’on ne dit jamais , c’est que les problèmes personnels naissent souvent du métier, et que quand ils n’en viennent pas, le boulot est une belle occasion d’enfoncer celui qui en a, et qu’il y trouve rarement le réconfort que , naïf, il pensait trouver. On pointe par exemple son manque de disponibilité, les collègues le raillent, la hiérarchie en profite pour lui baisser sa note (ce qui handicape sa mutation , son avancement, et le fait entrer dans la spirale infernale de la déprime.
La défiance est donc de mise, dans ce métier où la concurrence entre fonctionnaires est exacerbée, en raison d’un « management » schizophrène. Le résultat est collectif, mais la récompense individuelle.Et le châtiment tombe vite par des voies détournées et officieuses : changement d’horaires de services, déplacements, non-proposition à un avancement. Il ne faut donc jamais montrer de faiblesse, jusqu’au jour où…
Ayant eu à connaître aussi de suicides et tentatives à titre syndical, je me suis aperçu de deux choses : les professionnels du syndicalisme policier se moquent comme de leurs premières chaussettes de la détresse des personnels. Quelques effets de manche suffisent avant les élections professionnelles, mais il est bien plus important de négocier en dessous de table le nombre d’avancements et de mutations pour « ses » adhérents, et charité bien ordonnée commençant par soi-même, son propre avancement, si possible avant tout le monde, comme le montre le très pitoyable paysage syndical. La hiérarchie s’en moque tout autant, et même refuse d’en parler. Le déni est total : lorsqu’une affaire de suicide « fuit » dans la presse, on ne cherche pas du côté du service, à améliorer les choses, mais immédiatement on se demande : « Qui a parlé? » (obsession récurrente) et on lance les limiers de la bureaucratie sur l’affaire ( la « raclette » dans la tenue, les « bœufs » dans une série d’auditions administratives pour démasquer le « coupable ».
La dernière prise de bec que j’ai eue concerne justement le suicide, et remonte au discours du Zénith, quand sa majesté n’était encore « que » M.I. » et que son âme damnée n’était que DGPN. Sa future majesté, or donc, se demandait quelle pouvait être la raison pour laquelle des jeunes, en bonne santé et percevant un traitement régulier, se suicidaient en aussi grand nombre.
« Sire », lui répondis-je en substance, « un policier accepte d’être insulté par un voyou, c’est la loi du genre » mais il accepte plus difficilement quand cela vient de ses collègues . « Il croyait , poursuivais-je, qu’il défendait le droit. Or il constate que ce droit est bafoué à l’intérieur de la Grande Maison et qu ‘au nom des dieux chiffre et mérite sa hiérarchie possède sur lui un pouvoir de despote oriental ».
Voici donc la teneur de mon dernier entretien avec ces seigneuries, avant de faire à mon tour partie d’une charrette de condamnés (déplacé, notation rétrogradée, écarté du tableau , mis au placard dans un des célèbres services – poubelles de la PP, près des bords de Seine, nan… pas le 36 , l’autre côté . Les anciens le reconnaîtront…) ce qui m’a obligé à passer secrètement un concours (pour ne pas être emm.., et partir subitement en catimini). Ce qui fut finalement un bien, mais pas grâce aux persécuteurs… Qui sait sinon si je n’aurais pas défouraillé , moi aussi , et pas seulement sur moi-même ?
Je m’étais juré d’oublier la Police, mais on n’y passe pas impunément 20 ans et des anciennes relations m’ont dirigé vers ce sujet .-:(
Mordax, toujours furax…
Est-ce l’âge ou le changement ? <je ne sais pas vraiment.
Toujours est-il que je ne peux pas être totalement d'accord avec vous. J'ai connu une époque où 70 suicides en 3 mois avaient émus… pas plus que de raison.
La mort d'un être est toujours un échec. Mais aujourd'hui, il existe un service de soutien. Qu'en est-il exactement ? Où s'arrête son "devoir de réserve" ?
Ce que j'en sais, c'est que le silence des hommes fait souvent face à l'inexplicable pour eux, leur impuissance… Il laisse coi et pantois. Mais aucun, je crois (en tout cas je ne peux pas le croire) aucun ne se réjouit du décès d'un des leurs. L'arrachement au corps, sans doute.
Continuez d'être furax : c'est encore le meilleur moyen de se préserver des maux… les mots.
C’est pas mon année : divers ex-collègues m’ont contacté, que ce soit pour m’annoncer la mort de l’un d’eux , là on me contacte pour les suicides, récemment pour une crapule syndicaliste ayant marché sur tout le monde, d’autres pour la « politique du chiffre » dont j’ai popularisé jadis (ou naguère l’expression) et j’ai la bêtise de répondre. Pas comme ça que je vais oublier la « boîte » , mettre dans un coin jamais visité de la mémoire.
Bref, je ne dis pas qu’on se réjouit, mais je dis que passé l’émotion ( un mot très tendance) du moment, et encore pour les proches, de façade pour les autres , on retourne à ses activités plan-plan en espérant passer entre les gouttes et ne pas subir soi-même tout ce qui amène au suicide.
Et surtout , pour l’administration, ne rien changer, continuer la gestion arbitraire des personnels, le contournement des règles de droit, le mépris du statut de la fonction publique au profit de l’opacité du « mérite » qui consiste surtout à plaire, comme disait Voltaire au sujet de la Cour.
Un petit replâtrage avec du politiquement correct à la mode, du genre « cellules d’écoute » et autres niaiseries bonnes pour les journalistes, ça suffit à une administration verrouillée par un système de féodalité pour se donner un air moderne et ouvert
Désolée Mordax, je ne suis toujours pas d’accord avec vous.
La dictature de l’hypocritement correct… ça existe. Reconnaissons à l’administration d’avoir consenti à ouvrir ses oreilles et offrir l’opportunité aux siens d’être entendu… quelque part.
Il ne suffit pas effectivement de se donner l’air. Mais elle l’a fait. Sous l’influence de qui ? Je ne sais. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Mais nous ne sommes pas psy et nous avons, en qualité d’humain, encore beaucoup de carences à combler.
Ce que je disais à mes jeunes lorsqu’ils arrivaient était la chose suivante : une cartouche coûte 3 F 50 ; un mac do 20 F. Votre vie n’a pas de prix. Regardez vous les un les autres. S’il vous manque du fric à la fin du mois, ce n’est pas celui du restau. Et si un collègue disparaît, il vous manquera tout le reste de votre vie.
Malgré ce discours auquel je continue de croire, après 20 ans auprès de Marianne, cela n’a pas empêché une de mes collègues de faire sa tentative. 20 plus tard, je pense encore à elle, même si elle s’en est sortie, heureusement.
Les mots demeurent le meilleur moyen de rester en vie. Je ne suis pas croyante, en tout cas pas en ce monothéisme tel qu’on nous le présente. Il faut reconnaître à la bible ces quelques paroles : au commencement était le Verbe.
Et si l’on accepte d’entendre cette philosophie, peut-être signifie-t-elle que nous sommes doués d’une parole dont il faut se servir.
Non, je ne prie pas dieu. Mais tous les jours j’espère qu’aucun de mes collègues ne passera ni ne tentera de passer à l’acte.
Quant à l’émotion que vous dites être « passée », elle vous re-saute à la g…, ou en mémoire, à chaque instant. C’est heureusement une faculté de la vie : le temps lisse et polit sur tout ce qu’il passe.
Sans cela, nous ne pourrions pas vivre. Nous continuerions, des siècles plus tard, à vivre sur la mémoire d’Attila, de Jeanne d’Arc, des Templiers, des juifs, des francs-maçons, des communistes… tout ce beau monde disparu sous le joug de la misère humaine.
Apaisez-vous, ce qui vous préoccupe n’est pas grave. N’espérez pas la mort, elle viendra. Derrière la porte de la colère demeure souvent une grande souffrance, un sentiment d’impuissance.
N’aspirez pas non plus à l’éternité : c’est physiquement impossible (le corps ne suit pas) et psychologiquement (ou intellectuellement) intenable.
Mais demeurez critique : c’est le meilleur moyen d’être constructif.
Pendant des années, oui, vous n’avez pas eu de contact avec vos collègues. Les gens d’aujourd’hui, et en particulier nous le devons au Maître des Lieux, vous avez au moins la possibilité de partager.
Et le partage, c’est pas mal, finalement. Quand y’en a, on partage ; quand y’en n’a pas, on partage aussi.
Nous ne nous connaissons ni ne nous connaîtrons probablement. Néanmoins, vous avez trouvé ici le moyen de vous faire entendre.
Vos ex collègues vous contactent. C’est sans doute qu’ils vous signifient combien vous avez eu raison de partir et combien ils sont peut-être mal. C’est bien connu : quand tout va bien, on n’appelle pas l’Autre.
Vos ex-collègues vous signifient aussi sans doute combien vous avez pu compter pour eux, combien peut-être ils vous envient.
Réfléchissez-y : ça n’engage à rien, même pas aux regrets. Mais si la boîte vous a tant marqué, c’est bien que quelque chose d’indicible s’immisce en nous, au-delà du plaisir que nous pouvons avoir à officier. Est-ce l’uniforme perçu comme une seconde peau ? Une mue qui s’exerce en nous à notre détriment, au delà de notre conscient ? Est-ce notre désir de « tout » régenter ? un désir de pouvoir et de toute puissance ? Est-ce simplement ce temps qui nous défie et détricote nos illusions perdues de gosses ?
Je suis bien heureuse d’avoir pu avec vous, Inconnu, partager ces quelques réflexions… si vous le voulez.
Soyez serein : ce qui vous préoccupe n’est pas SI grave, peut-être. C’est… la vie. Est-il heureux de ne pas avoir à refaire le chemin ?
Une chose est sûre, le passé ne reviendra pas. Au pire, il ressurgit comme une balle rebondit. Il fait partie de vous. Acceptez de jouer encore… à la ba-balle.
Je vous salue, bien respectueusement pour la vie que vous représentez.
Sans arriver à compatir avec la situation d’un flic (Rien de personnel, j’ai juste grandi de l’autre coté de la barrière sociale) j’envoie ma pauvre sympathie à tous les « suicidants » encore plus qu’à l’entourage des « suicidés ».
Perdre le goût de la vie est un drame immonde quelle qu’en soit la raison, tout autant que ne pas arriver à le redonner à temps à un proche.
Les études suédoises ou d’ailleurs je les laisse aux théoriciens de la souffrance, heureux soient-ils.
Arnaud24 le message de Soph est le bon, je te souhaite de tout cœur d’arriver à prendre le temps de t’aimer et d’apprendre à aimer TA vie.
Ceux, des deux cotés de la barrière, qui ne font pas la différence entre la fonction et l’homme n’ont pas compris grand chose à l’humanité ni à la vie…
Puissent-ils ouvrir les yeux. En attendant c’est à chacun de nous, des deux cotés de la barrière, de trouver la force de continuer à les supporter pour ne pas nous couper des autres, ceux qui valent le coût de la vie.
Amitié respectueuse à tous…
http://www.youtube.com/watch?v=pNfwr93TEOg
une musique (le texte 🙂 c’est selon…) pour les disparus, les souvenirs qui ne se partagent pas et pour ceux qui voient ce que nous ne voyons pas
c’est si important de se souvenir, de cette veille dame ou de cet enfant de 4 ans et même de dire leurs noms
Difficile sujet jusque là bien abordé me semble-t-il. Georges mon premier cadavre était un enfant de 4 ans, même âge que mon fils à l’époque. M. Louboutin, l’ironie du journaliste dont vous faites état est assurément plus facile à magner que la réalité des faits qui échappe à tous ces gens car elle n’est pas porteuse de sensationnel pour leurs lecteurs et n’est donc pas porteur de vente.
Qui peut savoir (sinon les poulets et Gendarmes) ce qu’est ce métier qui sert de réceptacle à tous ceux qui ont un mal vivre et qui attendent des flics des miracles qu’ils sont bien incapables de réaliser. Quel poulet intervenant sur un cambriolage ou toute autre infraction grave n’a pas servi d’exutoire aux victimes ? Quel flic n’a pas eu à intervenir sur appel familial ou de voisinage et se retrouver seul contre tous ? etc,etc… Alors oui si dans son milieu familial on ne trouve pas l’équilibre nécessaire à endurer toutes ces vilenies de la vie que ce métier nous impose, on peut parfaitement péter les plombs.
Et pour finir, sans vouloir jouer « aux anciens » les nouvelles générations qui entrent dans ce métier sans expérience de la vie, sans avoir connu autre chose que le confort douillet de chez Papa Maman et sans avoir été confronté au monde d’un travail âpre comme nous l’étions, sans formation préparatoire aux confrontations des problèmes sociaux de nos concitoyens qui font le lit de la majorité des interventions policières aujourd’hui, ils prennent alors conscience de leur incapacité à répondre aux attentes de leurs interlocuteurs, Mais ils perdent tout intérêt autre qu’alimentaire à l’exercice de leur métier. Si à cela vient s’ajouter un problème de couple, cette double dévalorisation est difficilement surmontable par les plus affectés.
C’est pourquoi bien qu’adorant un métier hors du commun, auquel j’ai abandonné de nombreuses heures personnelles, je n’ai jamais donné la préférence au « plaisir du sirop de la rue » sur l’intérêt porté à ma famille. J’ai le bonheur d’en jouir pleinement aujourd’hui !
Policier, professeur et les psy-qqchose : voilà les 3 métiers exposnt le plus au suicide, soit 3 métiers chargés de rectifier tout ce qui va mal dans une société postmoderne.
Par ailleurs, il y a une étude ( suédoise se mon souvenir est exact ) qui a trouvé correlation entre l’estime que porte le citoyen pour son Etat et son estime pour sa police ; en d’autres termes, si le citoyen imagine que son Administration est corrompue, il prend les policiers pour des fonctionnaires aussi corrompus que les autres. La 2e correlation est avec les dépenses pour la sécurité : plus l’Etat dépense, moins sa police inspire la confiance ; plus l’Etat dépense en services sociales, plus sa police inspire la confiance.
Pas surprennant, mais ça vaut la peine de le noter noir sur blanc.
On peut lire le communiqué de l’AAAVAM, (Association aide aux victimes accidents de médicaments :
http://aaavam.blog.lemonde.fr/
étonnant …
mon cas personnel conforte le communiqué de l’AAAVAM … lors de ma TS, je suivais un traitement (Lysanxia et Deroxat), sensé justement prévenir un passage à l’acte (j’avais les signes précurseurs d’un burn out – dixit le corps médical).
Toutefois rien ne dis que sans ce traitement, je ne l’aurais pas fait.
L’essentiel étant que tu sois là et que tu puisses témoigner comme tu le fais : juste ce qu’il faut.
Prends soin de toi : personne ne le fera à ta place. Ta vie est unique et personne ne la vivra pour toi.
Quand tu as décidé de naître, c’est au monde que tu es né, un petit cadeau de la vie à toi même.
Continue, t’es sur le bon chemin.
Dans la vie, il faut quand même pouvoir se raccrocher à quelque chose: Si côté familial ça va pas… et qu’on a de plus en plus l’impression de faire un boulot de con à « emmerder le monde pour des prunes »… il est clair qu’il est plus facile de sombrer un jour que s’il y a une des deux composantes principales d’une vie (assez comparables en temps consacré) qui apporte globalement de la satisfaction!
Il ne faut pas voir de l’analyse dans cet alibi du côté perso pour dédouaner le côté pro: Juste de la malhonnêteté.
@ Messieurs Moreas et Louboutin
en tant que suicidant (cf le post de Gage), je me permets de vous dire que vos analyses sont parfaitement réalistes et pertinentes
Pour ce qui est du soutien de l’administration, j’attends encore un coup de téléphone depuis … 2008, mais c’est « moins pire » que le coup de téléphone de mes collègues qui ne vient pas non plus.
Le métier de flic est passionnant mais terriblement dangereux quand il se fait au préjudice de la vie familiale et sociale.
Bonjour Georges,
Pour information au sujet du thème de ton billet.
Un communiqué commun que j’ai contre-signé hier avec une autre auteure ex-policier Bénédicte Desforges :
http://police.etc.over-blog.net/article-suicides-dans-la-police-a-suffit-84941650.html
Et une réponse ce matin, à une journaliste, allant dans le sens de ta contribution au débat (qui n’a même pas fait l’objet d’une simple citation dans aucun des journaux de 20h00 des chaînes majeures…) :
« Réponse argumentée de ce matin à une journaliste qui trouvait notre message commun, avec Bénédicte, « agressif »et qui argumentait en disant qu’avant de mettre le côté professionnel en avant sur les suicides de policiers d’hier, il fallait une enquête préalable :
« Madame,
Réponse rapide.
L’analyse des causes d’un suicide réussi est par essence un exercice difficile, les policiers le savent bien, les enquêtes systématiques sur ce genre de décès sont de leur domaine. Il n’y a jamais de « cause unique » mais toujours une conjonction de facteurs, quels qu’ils soient.
Le taux de suicides dans la police, qui représente malgré les tentatives récurrentes de certains journalistes d’argumenter de manière à dire « finalement il n’est pas plus élevé que dans d’autres catégories « socio-professionnelles », est une préoccupation causale majeure entre métier et bilan mortifère, qui est amoindrie, ou niée, depuis près de vingt ans.
Il est difficile de ne pas le constater, et la moindre des honnêtetés serait tout de même de le reconnaitre comme postulat de départ.
Ensuite, l’exemple de la policière de Cagnes sur Mer, s’il est un cas flagrant de lien professionnel, a été exploité, vous le savez aussi bien que nous, par une partie de la presse parce que ce fut un levier indirect de dénonciation de la politique du chiffre. La démarche sous-jacente est alors politique, ce n’est pas notre combat.
Pour les autres, votre réserve l’illustre, vous vous attachez à la démonstration de l’acte et non à la fois à la typologie professionnelle et à la multiplicité des usures dans lesquelles nous trouverons forcément un environnement professionnel d’un particularisme méconnu (pour ne pas dire ignoré) de la plupart des journalistes.
Les policiers, évidemment, peuvent avoir des soucis personnels comme tout un chacun. Ils ne sont ni exemptés de problème de couple, ni d’endettement, ni de failles particulières. Pourtant autant les situations de stress et/ou d’usure qui s’y rajoutent naturellement de par leur fonction (pour les actifs) représentent d’évidence une pression supplémentaire et c’est bien de ce phénomène que nous parlons, il est ancien et cela fait tout de même des années que nous travaillons, Bénédicte et moi-même sur le sujet, loin il est vrai des sphères administratives et/ou médiatiques et encore moins des dits « experts ». Mais que connaissent (ou imaginent avec pertinence) ces catégories autorisées du concret d’un vécu quotidien de « flic » ? Rien ou pas grand-chose, et cela avec application.
Posez vous les vraies questions, lisez les ouvrages sur la réalité de ce métier, les bons abordent tous le thème du suicide (je ne parle évidemment pas des œuvres hagiographiques de forcément « flics de choc » (c’est un autre sujet…;-)) et vous comprendrez sans doute quelles peuvent être les contraintes psychologiques de l’exercice d’un tel métier, et sans doute plus encore à l’heure actuelle.
Cet été nous avons eu le droit (et c’était légitime) à une volée de reportages sur les structures d’accueil post-traumatiques pour les militaires revenant de théâtres extérieurs d’opérations. Le parallèle peut sembler osé, mais à l’argument prévisible de l’intensité des trauma en zones de conflits, il faut prendre en compte la courte durée de l’exposition (quelques mois). Si les policiers, loin s’en faut, ne vivent pas tous des stress d’une telle intensité (en notant qu’une intervention sur un vol à main armée ou une fusillade peut être aussi traumatisante qu’une embuscade), ils sont exposés (pour les policiers de terrain) quasiment toute une carrière au fameux état de stress post-traumatique, (ESPT) que l’on a bien tort de ne voir que sous les uniformes kakis. Tout simplement parce que de manière moins spectaculaire sans doute, ils font partie des rares à affronter de plein fouet l’ensemble des échecs de la société, que cela aille de situations sociales ou familiales dont vous n’avez qu’une idée abstraite, d’une violence, constatée ou à leur encontre, qui là aussi sans doute vous échappe (A un journaliste de Radio Nova qui me taquinait au sujet des « bavures » j’ai posé la question de son niveau de vécu de situations de violence réelle, il a bien franchement avoué qu’elle était nulle) et également à toutes les formes de décès possibles. C’est donc sur ce dernier point une profession, et c’est important de le comprendre quand on aborde le sujet des suicides, pour laquelle il y a également, au delà des traumatismes de constations morbides, par la répétition, une désacralisation de la mort, et également des suicides, ce qui n’est pas un moindre facteur dans la banalisation du passage à l’acte (de plus facilité par la disposition d’un moyen létal efficace; l’arme de service)
A cela se rajoute, comme dans d’autres administrations, la pression quotidienne de l’obligation de production de chiffres que tout le monde connaît et dont l’absurdité devient de plus en plus prégnante (en oubliant qu’elle est née avec la mise en place de la Police de Proximité, sous la gauche, même si depuis elle est devenue un dogme unique). A une population professionnelle exposée à de multiples traumatismes inconnus des autres catégorie socio-professionnelles s’ajoute donc un management de type industriel, dont les seuls effets ont été identifiés lors des enquêtes sur ceux de France Télécom ou Renault pour ne parler que de ces études. (Vous me direz que les pompiers aussi sont exposés. La différence est que leurs interventions sont quasiment toujours dans une démarche positive de sauvetage qui s’arrête le plus souvent avec les constatations de décès et d’abandon donc, de leurs missions. Les policiers, eux, sont au contraire dans une démarche de constatations d’échec. Là où des pompiers vont intervenir une heure pour tenter de sauver un accidenté de la route, l’équipe de policiers chargée des constatations va travailler des heures sur une carcasse ensanglantée de véhicule (avec ou sans cadavres) et sur une autopsie, annoncer le décès à la famille, ect ect…
Quant à l’analyse se bornant à la partie émergente du suicide, elle risque tout bonnement d’être fausse car le plus souvent incomplète.
Je vais vous donner deux exemples : un de mes anciens collègues, enquêteur, s’est tiré une balle dans la tête devant sa femme l’accusant d’adultère et lui annonçant que vu ses absences répétées et ses retours nocturnes elle quittait le domicile conjugal avec leurs deux enfants. Un autre, mon meilleur ami, s’est tiré une balle dans le cœur après un différent violent avec son épouse.
Dans les deux cas, l’administration c’est empressée de communiquer sur des causes personnelles évidentes.
Le premier était un des fers de lance d’un groupe d’enquêtes judiciaires et notre activité à l’époque ne connaissait pas d’horaires de bureau puisque calquée sur l’activité délinquante et criminelle le plus souvent nocturne (cela m’a couté mon premier divorce), sa femme ne pouvant croire qu’un emploi administratif entraine une telle débauche horaire, tombée dans une suspicion qui s’est avérée injustifiée (le soir du suicide il rentrait, épuisé, d’une surveillance nocturne sur des braqueurs de poids-lourds que nous menions depuis des nuits), le deuxième, ancien élément des plus brillants de la BRI venait de faire l’objet de deux procédures disciplinaires particulièrement « mitonnées » selon le terme exact de son responsable syndical national dans un courrier de révolte au Ministre de l’Intérieur en poste à l’époque.
Vous le voyez, de la cause « personnelle » aux possibilités d’un « trop plein » professionnel, l’analyse, si elle reste superficielle, oublie souvent l’essentiel.
Difficile, dès lors, de faire une enquête journalistique (ou administrative, ce sont souvent les mêmes…;-) en occultant la réalité des multiples pressions et stress de la réalité du métier de policier. Je vous invite à lire les deux ouvrages de Bénédicte et mon dernier livre (Mon premier, interdit de fait, et pour le moment introuvable avant ré-édition dans les mois qui viennent, en ayant récupéré les droits après deux ans de querelles avec mon précédent éditeur). Cela vous donnera sans doute un éclairage (nécessaire) pour mieux comprendre les contraintes de l’exercice de ce métier, même si cela n’est pas très utile en tout dans une démarche qui serait politiquement partisane. Là encore, ce n’est pas le sens de notre engagement.
Bien à vous.
Marc Louboutin »
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MME LE COMMISSAIRE , SI JE ME PERMET DE LAISSER CE COMMENTAIRE C EST POUR VOUS DIRE QUE MON FILS DAVID AGE DE 29 S EST SUICIDE AVEC SON ARME , APRES UNE SEPARATION DIFFICILE DAVID A SOMBRER DANS UNE GRAVE DEPPRESSION SEVERE EN JUIN 2008 ; IL A FAIT PLUSIEURS TENTATIVES DE SUICIDES , CES SUPERIEURS ETAIENT AU COURANT ET SUR SON DOSSIER MEDICAL IL ETAIT NOTER » GRAVE DEPRESSION SEVERE » MAIS LE PLUS HORRIBLE C EST QUE MON FILS A REPRIS SON TRAVAIL LE MARDI 30 SEPTEMBRE , IL ETAIT LOIN D ETRE GUERI , MAIS LE 14 OCTOBRE LE DOCTEUR DU TRAVAIL L A JUGER APTE A REPRENDRE SON ARME , ET ON A MEME FAIT ENCORE PLUS FORT DAVID A PU RENTRER CHEZ LUI LE VENDREDI 17 OCTOBRE AVEC SON ARME , CE SOIR LA DAVID S EST TIRER UNE BALLE DANS LE COEUR , ET IL EST DECEDE LE 18 A 6 H DU MATIN A ROUEN . TOUTE NOTRE VIE BRISEE , J AI FAIS DES TAS DE COURRIERS , AU PRESIDENT , MINISTRE DE LA JUSTICE , AU PREFET , AU MAIRE DE DIEPPE , JE SIS ALLER VOIR CE MEDECIN QUI AVAIT AUTORISER CELA , LA SPYCHOLOGUE A QUI IL AVAIT DEMANDER DE L AIDE MAIS ELLE PREFERAIT QUE DAVID AILLE SUR DIEPPE PLUTOT QUE ROUEN , ALORS IL N A EU LE DROIT QU A DES NUMEROS DE TELEPHONNE ET RIEN D AUTRES . AU COMMISARIAT QUAND ILS ONT SU QUE DAVID S ETAIT TIRER UNE BALLE AVEC SON ARME , ILS ONT FAIT PUBLIER UN ARTICLE DANS LES JOURNAUX LOCAUX , POURQUOI çA ILS N ONT JAMAIS SOUHAITER ME REPONDRE MAIS SACHANT QUE DAVID VENAIT DE REPRENDRE JAMAIS ILS N AURAIENT DU LUI LAISSER SON ARME POUR RENTRER CHEZ LUI EN WEEKEND , JE NE PEUX QUE LES REMERCIER DE CETTE ERREUR . SUITE A MES COURRIERS ONT M4A DEMANDER DE PARTICIPER A L ENQUETE DE L IRSEM SUR LE SUICIDE DES POLICIERS EN ACTIVITEE , ET EN 2008 ILS SONT BEAUCOUP A S ETRE SUICIDER , VOYANT COMMENT ONT PROCEDE POUR REARMER UN POLICIER EN GRAVE DEPRESSION JE NE M ETONNE PAS DE TOUT CELA . JE CONTINU A ECRIRE , MAIS JE VOUS ASSURE QUE SE BATTRE SEUL C EST EPUISANT. MAIS COMMENT FAIRE LORSQUE VOUS ECOUTE A PEINE . VOILA J AVAIS ENVIE DE LAISSER CE PT COMMENTAIRE , JE SAIS QUE CE NE M AIDERA CERTAINEMENT PAS MAIS PEUT ETRE QU UN JOURS IL Y AURA UNE PERSONNE QUI PRENDRA MON APPEL AU SERIEUX . EN ATTENDANT JE PREPARE UN COURRIER POUR UNE EMISSION DE TELEVISION , CAR JE NE DEMANDE PAS GRAND CHOSE JUSTE QU ONT M ECOUTE POUR FAIRE COMPRENDRE COMMENT DAVID A ETE REARMER SANS TENIR COMPTE DE RIEN , SA SANTE N AVAIT PAS EVOLUER DU TOUT ET IL ETAIT TJRS EN TRAITEMENT , MAIS AVEC LE MEDECIN IL A SUFFIT D ARRIVER AVEC LE SOURIRE , BIEN HABILLER , VOUS VOILA GUERIT , PRET A ETRE REARMER . DEPUIS LE DEPART DE MON FILS ,JE ME BAT SEULE ET JE CHERCHE QUELQU UN QUI POURRA ENTENDRE CET APPEL .MERCI A VOUS . RESPECTUEUSEMENT .
Madame,
J’ai lu avec intérêt votre commentaire, au sujet de votre fils David qui a mis fin a ses jours le 18-10-2008. Si je vous c’est la compréhension de votre désarroi. A l’époque j’étais en activité dans la police et j’en suis parti aprés 25 ans. J’ai compris que mes compétences n’étaient pas reconnues et en 1999, il y a eu une réforme, voulant exprimer mon mécontentement sur mes appréciations, j’ai écris à mon chef de service puis à la Direction, comme réponse j’ai une une sanction disciplinaire avec changement de service, à mon départ, mes démarches administratives écrites auprés de l’administration m’a porté une baisse financière trés importante, ce qui m’a obligé de reprendre une activé.
Votre fils ne méritait pas ça et aucune personne. Sur votre commentaire vous stipulez que vous êtes seule à vous battre, c’est trés difficile de se faire entendre par les institutions. J’espère que mon commentaire vous fera comprendre certaines situations.
Si la police n’échappe pas à ce qui a frappé les Telecom il y a peut-être des raisons communes que les employés des services publics rénovés ou réformés sur le même modèle, qu’il soit privatisé ou non, ne résistent pas à la contrariété radicale qu’ils puissent être des personnes et non des pions.
@Lulu
Dans le cas de France Telecom, les syndicats faisait de la mousse sur le facteur professionnel … bien aidé par le gouvernement qui avait mandaté l’inspection du travail…
Sur le fond, je peux confirmer qu’une des souffrances du personnel fonctionnaire de FT (insuffisant pour être le seul motif d’un suicide) est le passage de la noble mission de fournir le téléphone à toute la France vers une entreprise commerciale dont le but est la rentabilité pour l’actionnaire (l’état en l’occurrence) … c’est en effet assez proche du fonctionnaire faisant partie de forces de l’ordre entièrement dévouées aux puissants et aussi serviles au pouvoir politique..; trop souvent bien loin des citoyens et de leurs besoins de vivre en paix…
MAIS, ces deux populations de bons soldats, bien obéissant ne partagent pas du tout les mêmes conséquences de leurs actes individuels…..
J’aurai aimé être au service des citoyens, gardien de paix.. ( ne me taxez pas d’angélisme ;-))… je n’ai jamais douté de la réalité du métier). Il me faudrait beaucoup boire pour supporter leur quotidien…
Beaucoup de compassion aux familles… pitié pour ces syndicats aux bottes
Pour revenir sur la phrase «il y aurait plus de suicides parmi les policiers du fait que ceux-ci détiennent une arme », c’est sans doute vrai, d’un certain point de vue :
On compte deux catégories de suicide : les suicidants et les suicidés. La différence est de taille : un suicidant, c’est quelqu’un qui fait une tentative de suicide, tandis qu’un suicidé, c’est quelqu’un qui réussit une tentative de suicide (qui meurt, donc). Tous les suicidés sont donc des suicidants, mais seules 10% des tentatives de suicide aboutissent à un décès.
Quand on compte les suicides, on compte le plus souvent les suicidés : les morts. Or il se trouve que les suicides à l’arme à feu ratent rarement (ça arrive, mais c’est rare). Du coup, dans la population des gens armés, les catégories des suicidants et des suicidés sont quasi-égales : d’où un biais qui conduit à voir un grand nombre de suicides là où il n’y a qu’un taux de réussite plus élevé (il y a une autre catégorie qui ne se rate jamais : ce sont les médecins…).
Cependant, ce raisonnement ne tient pas compte d’un autre facteur : un suicide raté n’est pas nécessairement une « vraie » tentative de suicide. C’est parfois un appel à l’aide, destiné à causer un choc suffisamment important pour que l’entourage comprenne qu’il y a un problème. Et en général, quand on veut se rater, on n’utilise pas une arme…