Les policiers aiment s’identifier à travers un logo qui symbolise leur service. Ce petit dessin est comme l’esquisse d’une philosophie. Mais le plus beau est sans conteste celui de la direction centrale de la police judiciaire. On a pris l’habitude de le voir en toile de fond de chaque affaire criminelle réussie. Ce logo a été enregistré à la charte graphique du ministère de l’Intérieur en avril 1991. Il a donc une histoire officielle et une petite histoire. La vraie.  Au départ, celle d’une amitié entre deux hommes, un flic et un peintre-lithographe, et en sourdine la musique ragtime d’une série télévisée.

Évolution du logo de la police judiciaire

Évolution du logo de la DCPJ

L’idée est née au milieu des années 60 dans la tête d’un jeune inspecteur de PJ, sans doute allergique aux logos bricolés dont se parent à l’époque les différents services de police. Il se nomme Michel Dupuy, et il ne pèse pas lourd dans la hiérarchie policière. Mais il se trouve qu’il est un ami de toujours d’Henri Deschamps, dont Picasso disait qu’il était le meilleur lithographe du monde. Début 70, Dupuy change de service. Il semble perdu pour la PJ. Mais dix ans plus tard, il revient au 127 (trois offices centraux ont alors leurs bureaux au 127, rue du Faubourg Saint-Honoré) et sa « logomanie » le reprend. Il ébauche plusieurs croquis dont un est maquetté, mais « le projet est si nul, que je ne donne pas suite », dit-il modestement. Il demande alors à Henri Deschamps de l’aider. À cette époque, ce dernier est maître lithographe à l’atelier Mourlot, cet endroit mythique que tous les grands peintres du siècle dernier ont fréquenté : Picasso, Braque, Chagall… Il en parle à plusieurs artistes, Bernard Buffet, Yves Brayer, Bernard Cathelin, Roger Bezombes et d’autres, qui étudient plus ou moins le projet. Puis, finalement, les deux amis décident de solliciter Raymond Moretti. Continue reading