Roger Borniche ne voulait pas être flic, mais prestidigitateur, ou comédien, ou chanteur. Tout jeune, avec une bande de copains, il court les cachetons, et se produit dans des cabarets de seconde zone ou les boîtes de nuit plus cossus du quartier de Pigalle. Dans sa bande, certains deviendront célèbres : Georgius, Roger Nicolas, Paul Meurisse… Lui, sa vie l’a entraîné dans une autre direction, mais son aventure n’en est pas moins romanesque.

Michèle et Roger Borniche, février 2019 (DR)

Après la guerre éclair, il est démobilisé et, plus pour échapper au STO que par vocation, il passe un concours pour entrer dans la police. L’inspecteur stagiaire Borniche est nommé à la PJ d’Orléans, une ville qu’il ne connaît pas et qui croule sous les bombardements alliés. Son chef de service le reçoit et l’affecte à une brigade spéciale dont la principale mission est de traquer, en étroite collaboration avec la police allemande, les « ennemis intérieurs », essentiellement les FTP, créés par le Parti communiste français clandestin. Pour ces Français engagés qui ne supportent pas le joug allemand, lorsqu’ils sont arrêtés, au mieux, c’est la prison. La législation de l’époque prévoit en effet l’internement administratif de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Un truc qui sonne bizarrement aujourd’hui.

Mais Roger Borniche ne peut pas. Il « s’évade » de la police. Il a 23 ans et pas un sou en poche. Continue reading