Alors que le film d’Olivier Marchal, Les Lyonnais, va sortir sur les écrans, Francis Renaud, le fils du juge assassiné en 1975, publie un livre qui laisse entendre que son père aurait pu être victime du gang de Momon Vidal. Cela nous ramène près de 40 ans en arrière : Nick-le-Grec supplante Jeannot la Cuillère et deux commissaires de police, dont Charles Javilliey, un as de la PJ, se retrouvent derrière les barreaux. Comme Michel Neyret aujourd’hui.
Tout cela mérite bien un petit flash-back…
En 1971, parmi la centaine de hold-up comptabilisés dans la région Rhône-Alpes, au moins cinq sont attribués à une même équipe : des individus lourdement armés, grimés ou masqués, chacun revêtu d’une blouse bleue. Et à chaque fois, ils prennent la fuite à bord d’une Renault Estafette. Au mois d’août, grâce à un coup de téléphone anonyme, les gendarmes de Bourg-en-Bresse retrouvent le véhicule. Ils découvrent à l’intérieur un véritable arsenal : des armes de tous calibres, des munitions, des cagoules, des postiches, etc. Tout laisse à penser que les malfaiteurs ont pris la sage décision d’arrêter les frais, de prendre leur retraite. Et, avant de tirer leur révérence, comme un dernier pied de nez, ils font don de leurs outils de travail à la maréchaussée. En fait, ils sont juste partis en vacances. En septembre, le ballet reprend, avec du matériel tout neuf. En février 1972, quatre hommes armés attaquent un transporteur de fonds sur le parking du Carrefour de Vénissieux. Les convoyeurs résistent. Fusillade. L’un des bandits est blessé, mais les malfaiteurs parviennent à s’enfuir avec un butin qui frôle le million de francs. Le lendemain, les gendarmes surprennent un étrange manège : ce qui semble bien être un transbordement entre une Estafette et une BMW. À la vue des képis, l’Estafette prend le large, tandis que le conducteur de la puissante BM s’embourbe dans la terre meuble du chemin. L’homme est interpellé. Il s’agit d’un gitan de 27 ans : Edmond Vidal. Il se dit ferrailleur. En 1967, il a été condamné à cinq ans de réclusion pour une agression à main armée contre un bar de Lyon en compagnie d’un truand bien connu : Jean-Pierre Gandeboeuf. Mais ce jour-là, les gendarmes n’ont rien à lui reprocher. Ils le laissent partir, sans doute à regret. Et ils avisent le service de police judiciaire.
C’est le début de la traque du gang des Lyonnais. Elle durera plusieurs années.
Aussitôt informé, avant même d’être officiellement saisi de l’enquête, le chef du groupe de répression du banditisme de Lyon, le commissaire Georges Nicolaï, entre en scène. Au bout de quelques semaines, le noyau de l’équipe est identifié. Outre Edmond Vidal, dit Momon, il y a Pierre Zakarian, dit Pipo, et Michel Zimetzoglou, alias Le Grec. Ces deux derniers sont associés dans la gérance d’un restaurant du quartier Saint-Jean de Lyon, « Le Tire-Bouchon », avec Joseph Vidal, dit Galane, le frère du précédent.
À cette époque, une affaire de proxénétisme éclabousse la police lyonnaise. Les commissaires Louis Tonnot, de la sûreté urbaine, et Charles Javilliey, de la PJ, sont soupçonnés de corruption. Javilliey, spécialisé dans la lutte contre le grand banditisme, possède pourtant un palmarès impressionnant. Il se défend comme un beau diable. Il affirme que ses relations avec le milieu, voire ses petits arrangements, sont le prix à payer pour obtenir des tuyaux. Rien n’y fait. Il est incarcéré. Condamné en première instance, il sera finalement relaxé devant la Cour d’appel en 1974. Ce charivari fait bien les affaires des truands et notamment d’un certain Jean Augé, dit Petit-Jeannot, le parrain du milieu lyonnais. Celui qui tire les ficelles. On peut se demander si quelqu’un bénéficie aujourd’hui de l’incarcération du commissaire Michel Neyret…
Jean Augé a été collabo durant la guerre, mais, lorsque le vent a tourné, il est entré dans un bar et il a tué deux Allemands – au hasard. Ce qui a fait de lui un héros. Reconverti au Gaullisme, il est rapidement devenu le responsable du SAC (Service d’action civique) pour toute la région. Durant la guerre d’Algérie, il a fait partie de cette police parallèle qui se livrait aux pires exactions : exécutions sommaires, torture… Ses amis lui avaient gentiment attribué le sobriquet de « Jeannot la Cuillère », car dans les interrogatoires, il utilisait cet ustensile pour énucléer ses victimes. On dit de lui qu’avec son complice, un ancien sous-officier, il préparait ses coups comme un chef d’état-major. Il a été le mentor d’Edmond Vidal et probablement le cerveau du hold-up de l’hôtel des postes de Strasbourg. Quasi une opération commando. Après son arrestation, comme beaucoup de truands, Edmond Vidal a d’ailleurs tenté de politiser ses méfaits en revendiquant des centaines d’opérations pour le compte du SAC. Ce qui n’a jamais été confirmé. Petit-Jeannot a été abattu en juin 1973 alors qu’il se rendait à son club de tennis.
Les malheurs du commissaire Javilliey n’empêchent pas Pierre Richard, le n°2 de la PJ, de se frotter aux informateurs. Et il obtient de l’un d’eux un tuyau sur le prochain coup que prépare le gang des Lyonnais. L’idée de faire un flag fait toujours bander les flics. Plus de cent policiers travaillent jour et nuit pendant plus d’un mois et demi sur Momon et sa bande. Des surveillances, des filatures, des écoutes sauvages, et même la sonorisation, avec l’aide de la DST, du domicile de certains suspects – à l’époque, en toute illégalité. Mais rien ne va comme prévu. Peut-être un problème de commandement… ou de sous. Finalement, Honoré Gévaudan, le directeur des affaires criminelles de la PJ, donne l’ordre d’arrêter les frais et de « casser » l’affaire. C’est l’opération « chacal ». Et c’est quitte ou double, car les preuves sont bien minces… Le véhicule d’Edmond Vidal est repéré devant le domicile de sa compagne, Jeanne Biskup, dite Janou, à Sainte-Foy-lès-Lyon. Lorsque le couple sort, tous deux sont interpellés. En douceur. Momon n’est pas armé. Dans la foulée, le reste de l’équipe est arrêté, à l’exception de l’un d’entre eux, qu’on ne retrouvera jamais. Peut-être l’indic qui a été invité à se mettre au vert avant les hostilités… À moins que ses amis aient découvert le pot aux roses… En tout cas, on n’en a plus jamais entendu parler. Des dizaines d’hommes et de femmes en garde à vue, des perquisitions dans toute la région, des centaines de P-V… Pour les nostalgiques de la fouille à corps, l’un des membres du gang, Pierre Pourrat, alias Le Docteur, tente de s’ouvrir les veines durant sa garde à vue à l’aide d’un canif qu’il avait dissimulé dans son slip. Mais les flics sont à cran. Trop longtemps que ça dure. L’ambiance est virile et certaines auditions sont musclées. On raconte que l’un des juges (il y en avait beaucoup), en voyant la tête légèrement carrée de Momon Vidal, lui aurait demandé s’il voulait déposer une plainte contre les policiers. Il aurait répondu : « Non, Monsieur le juge, c’est une histoire entre hommes ». Je ne sais pas si l’anecdote est vraie, mais c’est le fond du film d’Olivier Marchal : démontrer que les bandits de l’époque avaient un code d’honneur. Le romantisme d’un artiste. Personnellement, je trouve plutôt indécent de faire d’Edmond Vidal un homme d’honneur, comme on a fait de Jacques Mesrine un justicier, ou du terroriste Carlos un Che Guevara. Les années ne peuvent effacer les crimes des uns et des autres. Je n’aime pas les criminels qui se racontent sous prétexte qu’ils ont pris des rides.
Durant ces 48 heures de garde à vue, si les clients ne sont guère bavards, les perquisitions sont payantes : 274 scellés. Des armes, des munitions, de l’argent, des cartes routières annotées… Finalement, en rassemblant les pièces du puzzle, 14 vols à main armée sont mis au crédit de l’équipe. Celui de Strasbourg, le hold-up du siècle comme dit la presse, ne fera pas partie du lot. Et comme il se murmure que l’argent (près de 12 millions de francs) aurait renfloué les caisses d’un parti politique, certains laissent entendre que les policiers n’ont pas trop insisté. Ce qui est faux, en tout cas au niveau de l’instruction judiciaire, car le juge François Renaud s’accroche sérieusement à cette piste. Il place tout le monde en détention, notamment Jeanne Biskup, la compagne d’Edmond Vidal, et même son épouse dont il est séparé depuis plus d’un an. Une pratique inhabituelle, à l’époque. Le truand se rebelle et refuse dans ces conditions de répondre aux questions du magistrat. Il veut que sa compagne soit libérée. La presse s’en mêle et critique à mi-mots la dureté de François Renaud. Ainsi, le 27 juin 1975, Le Progrès de Lyon cite les avocats des malfaiteurs qui stigmatisent les « bons plaisirs que le juge s’octroie » de laisser à l’isolement la dernière femme détenue. Huit jours plus tard, le juge Renaud est assassiné : trois balles de calibre .38 Spécial, dont deux à bout portant. Cela ressemble fort à de l’intimidation. Son successeur ne reprendra pas les recherches sur le SAC et Jeanne Biskup retrouvera la liberté dans les semaines qui suivent la mort du magistrat.
On peut se demander pourquoi Edmond Vidal voulait tant que sa compagne sorte de prison. Il existe une hypothèse : elle aurait su où était dissimulé le butin de la bande. Un magot estimé à 80 millions de francs. Mais un autre personnage devait, lui aussi, être dans la confidence : Nicolas Caclamanos, alias Nick-le-Grec, le conseiller financier de la bande. Et peut-être celui du SAC, avant qu’il ne se fâche avec Jean Augé. Une fâcherie qui a coûté la vie à Petit-Jeannot. Le journaliste d’investigation, Jacques Derogy, celui qui sans doute connaissait le mieux cette affaire, pense que Nick-le-Grec a commandité la mort du juge Renaud. Il en devait une à Momon pour lui avoir fait perdre pas mal d’argent dans une affaire de drogue qui avait mal tourné. L’occasion de se dédouaner. Un personnage ambigu, ce Caclamanos, mi-flic mi-voyou, il jouait sur les deux tableaux. On dit même qu’il roulait pour le Narcotic bureau. Il aurait donc versé 500 000 francs à des tueurs à gages pour liquider François Renaud. Mais dans quel but ? Pour se réhabiliter aux yeux de Momon Vidal ou pour empêcher le juge de mettre le nez dans les affaires du SAC ? Personne ne le sait. Peut-être un peu les deux, comme à son habitude.
Le procès s’ouvre en juin 1977. L’avocat général demande la réclusion criminelle à perpétuité pour Edmond Vidal. Après une longue délibération, vers 22 heures, le verdict tombe : dix ans. Cris de joie et applaudissements dans la salle d’audience. C’est la première fois sans doute que le président d’une Cour d’assises est ovationné par les proches de celui qu’il condamne… Quant à Jeanne Biskup, elle écope de cinq ans de prison dont la moitié avec sursis, ce qui lui permet de sortir libre du tribunal.
Edmond Vidal a été libéré en 1981. Plusieurs membres du gang des Lyonnais ont depuis connu une fin tragique, comme Michel Simetzoglou, ligoté sur un pneu et probablement brûlé vif. On se demande pourquoi. Un désaccord sur le partage du magot, peut-être… Quant à l’enquête sur la mort du juge Renaud, elle n’a jamais abouti.
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Je me suis référé aux livres de MM. Honoré Gévaudan (Ennemis publics, éd. JC Lattès) ; James Sarazin (M… comme milieu, éd. Alain Moreau) ; Jacques Derogy et Jean-Marie Pontaut (Investigation, passion, éd. Fayard).
Dans son émission Vivement dimanche, diffusée sur France 2 le dimanche 27 novembre, Michel Drucker reçoit Olivier Marchal et un panel de « flics à l’ancienne », au front ridé mais à l’œil pétillant.
35 réponses à “Le gang des Lyonnais : un flash-back troublant”
Article passionnant, comme d’habitude avec vous, Commissaire!
Vous dépeignez très bien Lyon et son milieu (Interlop?), voici un petit morceau de Rohff sur la ville lumière, dont j’espère qu’il aura l’heur de vous plaire:
https://www.youtube.com/watch?v=ENZPUaVS8Zw
Si ce morceau contrevient à la loi, je vous sais gré de supprimer mon commentaire.
Je vous souhaite un bon dimanche.
Dans une société à ventre mou ,il est beau de voir paraître des hommes courageux, tenaces,têtes dures.Monsieur Edmond Vidalies est de ceux-là.
autrefois on avait des voyous qui avait un code d honneur ,les mesrine,ardouin vidal ,besse ,francis le belge ,guerini , hornec ,vassout ,marcantoni ,tout ces voyous c est finis ,maintenant se sont de petites frappes qui tuerais pour 20e leurs propre parents
Un grand bonjours et profond respect a M. Edmond vidal(momon) j’ai 42ans je travaille mais cé mon idole
les vrais voyous n existe plus,maintenant ce sont des racailles sans code,ils pensent qu a tirer en cas de problème ,les vidal, ardouin , mesrine, etc…c est fini
Sur le commissaire Javilliey, il avait à l’époque concédé une « erreur »: avoir accepté le cadeau d’une paire de chaussures de la part d’une tenancière de maison close.
Merci d’avoir rappelé qu’il avait été relaxé en appel ; c’est le genre d’information qui passe complètement inaperçue du grand public, alors que son inculpation avait fait la une des médias. Son image de ripou avait d’ailleurs été inconsidérément reprise par Yves Boisset dans LE JUGE FAYARD : le commissaire douteux incarné par Daniel Ivernel était un démarquage culotté et indécent de Javilliey – l’acteur avait du reste été choisi en raison de sa ressemblance avec lui.
Jean Augé cerveau du braquage de la Poste de Strasbourg ? J’ai lu au contraire que, mécontent d’avoir été écarté de cette affaire, il avait extorqué un prêt de 2,5 millions de francs à Edmond Vidal sans avoir l’intention de rembourser. Ce racket avait mécontenté les Lyonnais au point qu’ils avaient décidé de liquider Augé.
Qu’en pensez-vous cher GM ?
dans les années 70 j etais en prison avec vassout ,je ne suis pas un fan des grands bandits,j etais en prison pour non paiement de contraventions,j ai fait 20 jours,mais lui etait un mec avec des couilles ,il a morflé en prison,et les poulets l on bastonné,mais il a toujour tenu sa langue ,et ne pliait jamais l échine devant qui que ce soit ,ce genre de voyou a disparu ,maintenant les voyous tirent sur tout ce qui bouges et font des victimes innocentes,a l époque de vassout ils reglaient leur comptes entre eux,et cela arrangais bien la police.
erreur monsieur,moi j ai connu ce gang dans les années 70,j etais policier et j ai participé a l arrestation de janvier,un fou dangereux,les deux autres n etait pas mieux
des voyous il y en a toujours des gang aussi,on parle du gang des lyonnais mais a paris il y a eu le gang du 18 ,ils etaient 3 ,janvier,vassout, arrioulou,dans les annees 70 ils sont participés a plusieurs braquages,proxenetismes,raket,association de malfaiteurs,et meme de meutres,et on en fait pas tout un fromage ,si on commence a faire des films sur tout les grands voyous de la terre,qu on s étonne pas que la jeunesses deviennent des voyous ,bonjour l exemple donné
Comme d’habitude : Excellent Travail. Grâce à ta perception des choses et à une très bonne maîtrise des techniques, tu nous offres de très belles et bonnes choses. Rapide, ton site est très agréable à consulter.
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Ça y va la censure ! Il suffit de demander des nouvelles d’un autre amateur de « méthodes à l’ancienne », l’ami Neyret, pour se faire trapper.
C’est le début de la traque du gang des Lyonnais. Elle durera plusieurs années.J’ai rencontré un problème avec votre flux RSS. Je ne sais pas pourquoi je ne peux souscrire. Quelqu’un obtenir un même problème RSS? Quiconque conna?t, s’il vous pla?t répondre. Merci
Réponse : Je vais me renseigner. GM
Carlos, le terroriste…
On n’entend plus suggérer récemment qu’il ait fait du chemin en compagnie de la DGSE. Affreuse désinformation à l’époque ?
Aussi, sa prise en otage des ministres de l’OPEP ne sert pas clairement le communisme international. Quelqu’un avait-il des intérêts opposés à ceux de l’OPEP ?
Certains, dont l’Iran il me semble, et la Libye voulaient faire monter le cours du baril du pétrole, tandis que le reste de ces pays à cette réunion ne voulait pas. Vous pouvez chercher le film fait par Olivier Assays qui raconte tout ça en image.
@ludo : ce que vous écrivez semble cohérent avec http://de.wikipedia.org/wiki/OPEC-Geiselnahme (chercher Klein) , quant au rôle de la Libye -.
Pour l’Iran, le shah était encore au pouvoir -pour 4 ans- et le commando de preneurs d’otages dénonçait, bien sûr, l’influence américaine, rendant le rôle de l’Iran dans la commandite de la prise d’otages très peu probable…. ce n’est que bien plus tard que l’Iran a employé certains des complices de Carlos.
Le SAC fut une organisation singulière, carrefour entre le monde de la politique et du crime, peuplé d’idéologues fêlés et de voyous intéressés, et qui fut dissous après la terrible affaire d’Auriol, où un commando du SAC trucida toute une famille !
@ Soph’…
qui donnez du maitre mo à toutes les lignes pour sentir exister vos plume et sexe sous « l’entité supérieure » du taulier, ne vous rabaissez point de la sorte, même si votre sagesse ne tient apparemment que dans sa logorrhée sophistique à trois sous. Quant au flambeau censé éclairer votre petite loupiote, celui de Karl Kraus avait quand même un peu plus d’allure.
Va, je ne te hais point
@Soph’
Vous avez vraiment le style de Bénédicte D., et c’est un compliment !
Ne prenez pas mes propos en mal car ils n’étaient pas des insinuations irrespectueuses. Bien au contraire, ce n’était qu’une manière de titiller notre gentil ex-taulier, chef du présent blog [j’avoue avoir oublié de mettre les 😉 d’usage]… Cela dit, mon commentaire décalé a au moins provoqué la sortie du bois de votre indéniable talent d’avocate.
Figurez-vous, chère collègue, que je n’ai aucun pouvoir de faire évoquer à GM ce dont il n’entend point parler, car je comprends plus que quiconque à quel point toute cette actualité peut lui être douloureuse.
J’en serai resté là, mais vos réactions m’intéressent. Vous vous dites « inquiète » ( 😉 de ce que le corps des ACMA ait à être rassuré par le corps de conception et de direction, alors que le rôle primordial de celui-là serait de rassurer la population !… Eh bien oui, nous en sommes là, il n’est pas rassuré « en interne », parce qu’il pressent que le fruit est dans le ver pourri comme vous le dites avec votre style inimitable : la « bête ayant bouffé toutes nos ressources »… Comment donc nos héroïques GPx pourraient-ils, dans ce contexte et édifiés par de tels exemples, se comporter face à la population (saine ou malsaine) ? Ils ne savent plus quoi penser de la prétendue exemplarité de leurs tauliers…, et c’est pourquoi il n’ont bien souvent plus que la violence à retourner aux gens fondés à leur demander des comptes sur leurs ripoux de chefs, pardine !…
Ne croyez-vous pas que la peur et le peu de réassurance en interne n’expliquent pas en grande partie l’usage inconsidéré et immodéré de la violence de nos troupes laissées à l’abandon au dehors et couverte par des hiérarchies fermant les yeux, pendant que les tauliers donnent le bon exemple de ce qu’il faut faire en termes de corruption ?…, et je ne parle même pas de nos merveilleuses BAC, chère Soph’ !…
Ne croyez vous pas qu’il serait temps de mettre les pieds dans la plat et de dire aux Français (« à nos concitoyens », comme l’on dit), la vérité, au risque de les démoraliser un peu plus ?
@3J : Que nenni.
Sur l’avant dernier mel de notre maître mo, celui-ci disait que le fait divers fait ressurgir de notre tréfonds un archaïsme dont nous n’avons pas individuellement conscience.
Le besoin d’ « être rassuré par une entité supérieure » revient à cet obscurantisme médiéval et une ancestrale manipulation religieuse : croire en la « toute puissance » d’un hiérarque, c’est s’estimer soi-même incapable d’auto gestion, d’auto régulation, « d’autonomie ».
Se laisser croire à soi-même que l’autre « plus grand » est aussi « plus idéal », c’est se tromper sur le monde, leurrer notre enfance, se tromper sur soi.
Faire retomber sur l’Autre la responsabilité de cette toute puissance, c’est se renier soi-même. Et pour en revenir à l’obscurantisme médiéval… Si « Dieu » s’était gourré ?
Et si l’autre se trompait ? Quel autre ? Qui trompe-t-il ? Cherche-t-il à tromper ? A côté de quoi passe-t-il ? Ne passons-nous pas à côté de notre existence ?
L’innocence du monde a toujours été telle qu’elle est aujourd’hui. Et le désir d’étouffer toute créativité… idem. La peur est une épreuve, une preuve tangible du frottement de notre inconscient auprès de notre conscient. Le « ça » me fait peur… Quel est donc ce « ça » qui nous agite ?
On ne lutte pas contre un sentiment.
Il n’existe rien d’autre que la liberté d’être, cette spontanéité de vie fleurie à chaque « coin » d’un monde ronde tournant sur et pour lui-même ; quelle que soit la fleur et son parfum. Nous ne sommes rien d’autre que des fourmis sur la fourmilière géante.
Allez tranquillement. Ce qui vous « pré-occupe » est bien antérieur à votre existence propre ; et demeurera bien postérieur à cette même existence. Il n’existe rien d’autre que la vie, perdue dans un univers que nous savons vide.
Quant au type d’écriture dont vous me « gratifiez », j’ai à peine lu l’auteur dont vous parlez. Je ne sais qui d’elle ou de moi doit être flattée ou « déflattée ». Ce qui me ramène au sujet de mon premier envoi à votre encontre : ne méprisez personne, ni ne jeter l’opprobre dessus, quelque soit cet individu. Peut-être que dans d’autres circonstances…
Peut-être un jour serez vous surpris. Tout accepter, c’est se donner le choix du choix. La présomption d’innocence est une réalité vers laquelle nous devons tendre, comme le trityque républicain : liberté, égalité, fraternité.
Non, aucun être ne nait coupable. On lui colle simplement quelques handicaps. Salir un être, c’est se dégueulasser soi-même. Sommes-nous certains du reflet dans le miroir ?
L’insinuation est écoeurante, mal propre. Elle blesse comme un coup de poignard dans les reins. C’est une petite eraflure qui ne cicatrise jamais. Et quand on touche à l’égo, lorsqu’on instille une suspicion à « l’intérieur » d’un individu, il lui est toujours très difficile de s’en relever.
Et… le flambeau de l’expérience n’éclaire que celui qui le porte ». Je ne sais plus qui disait cela. Mais je fais mienne cette citation. Lorsque la flamme vascille, on trouve toujours quelques mannants (pourtant parfois bien pensants et bien établis dans leur vie), quelques mannants donc pour souffler l’air qui fait briller cette flamme. Alors soyons prudents : je n’ai que mon corps, ma tête posée dessus, et ce qu’il y a dedans.
Je n’ai que cela, et j’y tiens ; un peu comme le flambeau que je porte et qui m’éclaire.
Diogène, lui, n’éclairait pas ce qui était dans l’ombre… de crainte d’effrayer celui qui n’était pas habitué à la lumière.
Je vous salue.
Presque plus long que l’article.
et ?
en tous cas bravo à GM et ses quelques commentateurs habitués, leurs échanges sont à la fois instructifs et esthétiques.
le passé de Jean Augé (collabo durant la guerre, résistant au bon moment, reconverti au Gaullisme et responsable du SAC) fait beaucoup pensé au livre « itinéraire d’un salaud ordinaire » de Daeninckx. A lire si les personnages naviguant allègrement entre le bon et le mauvais vous intéressent.
bonne lecture!
Ha ha ha …si un code d’honneur des voyous existait, ça se saurait. La racaille ne connait que le code du plus fort où tout est bon pour entuber son prochain, a fortiori si c’est un « cave ». Et si on ne le fait pas, c’est uniquement par peur de représailles. Cosa Nostra au siècle dernier avait quelques règles ( pas de meurtres de femmes ou d’enfants, pas d’adultère avec la femme d’un autre membre de l’organisation, toujours payer son dû, etc ) mais c’est bien fini tout ça. Merci quand même pour la leçon d’histoire M. Moréas.
Toujours pas de chroniques sur les Neyret, Lagarde et autres Menault, cher taulier ? En panne d’inspiration peut-être ?…
C’est pas bien de se réfugier ainsi dans les vieilles histoires du bon vieux temps dont on n’a que faire, hein, hein. Nous, on commence à s’impatienter de pas disposer d’un point de vue éclairé sur la question !… On commence à flipper grave au sujet de la propreté de nos chefs, hein, hein…Faut nous rassurer, c’est le boulot du taulier, hein !…
@ 3 J : cette petite allusion me semble fort désagréable.
Pour l’actuel taulier N en cabane (pour un taulier c’est fort), il me semble que son sort en est jeté.
Quant à dire qu’il est pourri…
Pour ce qui est des « tauliers qui doivent ‘rassurer’ (qui de la population ou des flics…) ça me semble un peu anachronique.
S’il s’agit de rassurer la population, c’est le rôle de chaque flic de faire ça. S’il s’agit de rassurer ses propres effectifs, je commence à m’inquiéter, pour deux choses :
– un taulier est membre du corps de conception et de direction. Il dirige donc et conçoit l’action policière de ses effectifs. Ceux-là devraient marcher comme un seul homme et dire « ok on y va, tant que ça ne porte pas atteinte à l’intégrité ».
– quant aux effectifs qui ont besoin d’être rassurés… ça me fait doucement rire, ou m’inquiète davantage. Si maintenant les flics se mettent à être inquiets au sein de l’institution… on peut légitimement se demander comment ils vont faire auprès du public !
D’habitude, on dit : « le ver est dans le fruit » ; mais depuis quelques années, il semble qu’on s’inquiète plus du ver que du fruit. La bête n’aurait-elle pas bouffé toutes nos ressources.
ça je crois bien : le fruit est dans le ver !
va falloir faire gaffe aux indigestions… de fruits, comme de commentaires.
Je vous salue 3J et demeure respectueuse de ce que vous êtes, à défaut de l’être des insinuations que vous faites.
Si vous êtes inquiet, rassurez-vous : personne ne le fera à votre place !
Je trouve que vous éxagérez en ironisant sur « les vieilles histoires du bon vieux temps dont on n’a que faire, » pour deux raisons:
j’aime bien comprendre ce qui m’a échappé (soit que j’étais trop jeune, soit parce que j’étais trop bête) il y a quelques decennies et l’auteur de ce blog le fait avec talent.
les situations se répètent parfois (ex. des policiers très actifs dans la lutte contre le banditisme se retrouvant en prison et finissant par être mis hors de cause).
Par ailleurs, je ne pense pas que la corruption au niveau moyen -que vous semblez évoquer- soit une cause de démoralisation des policiers français et de déconsidération (c’est très différent plus au Sud, hors d’Europe mais les salaires peuvent y avoir des difficultés à être versés dont on n »a pas idée).
Une des causes beaucoup plus flagrantes serait les premières affectations : les moins bien classés se retrouveraient dans les quartiers difficiles, dont personne ne veut; vous citez la BAC -dans le 93? elle a fait écrire d’elle récemment sans que ces hauts faits n’étonnent mes collègues qui habitent dans le 93-, mais j’ai déjà entendu des commerçants (a priori peu enclins au « racisme » anti flics) de Paris intra muros se féliciter de la mutation de policiers d’origine méridionale (d’après leur accent) vers des cieux plus cléments -en tous cas pour les gens dont ils sont censés etre chargés d’assurer leur sécurité, cette mutation était clémente-
-> je peux apprécier les policiers dans une petite ville de province et considérer les queues de classement, roulant des mécaniques, et artistes des provocations, comme des criminogènes bien payés -sans qu’il y ait de corruption à leur niveau et à celui complaisant de leur encadrement..
Y serez-vous vous-même à cette petite sauterie de chez Drudru, en tant que membre d’un « panel de « flics à l’ancienne », au front ridé mais à l’œil pétillant » ?
Attention, au début de l’article, vous citez Francis Renaud en tant que fils du juge assassiné en 1975 et publiant un livre. Il s’agit de François Renaud, à ne pas confondre avec l’acteur fétiche d’Olivier Marchal, effectivement Francis Renaud…
Comme-quoi, il n’y a pas que le beaujolais ( nouveau ou pas, mais j’ai un faible pour le Brouilly, le Chiroubles et le Moulin à Vent !! quand il n’y a pas que de St Amour ? ), le pôt de côtes ( plus ou moins pentues mais surtout Rôtie ! ou autres boisson de couleur ( Pastis ) à couler dans les rues et canis de LYON …
Qu’est-ce que ça veut dire : « le fruit à payer pour obtenir des tuyaux » ?
S’agit-il de poires pour la soif ?
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Très drôle ! Merci bien. GM
« un panel de « flics à l’ancienne », au front ridé mais à l’œil pétillant. »
Monsieur Maître Mo, d’habitude, lorsqu’on a votre classe, on dit :
Un panel de flics à l’ancienne, à l’oeil de Krystal, un ruban en raccord à peau de cadeau, la flanelle diaphane, la cime enneigée au-dessus d’une verte forêt, arrosée d’un timide ru au flux hésitant mais gouleyant !
Je suis corse et nous vivons actuellement des moments tragiques. Un homme et sa famille ont fait l’objet d’une tentative d’assassinat. La femme et l’enfant de dix ans ont été blessés. Et à chaque horreur on nous chante la même rengaine: avant il y avait de l’honneur. Je peux témoigner de ce que les voyous n’ont de l’honneur que tant que ça les sert. S’il faut torturer, tuer femmes et enfants pour emporter un trésor, ils n’hésiteront pas. Et les Lyonnais, comme les Grenoblois ou mais mes compatriotes voyous ont toujours mis sur le trottoir de malheureuses filles, trafiquer de la drogue en se moquant des conséquences. Ce qui est triste c’est de constater que certains policiers tombent dans le piège de l’argent et que des scénaristes de talent nous racontent les mêmes fadaises.
edmond vidal a aussi une fille de 36 ans née a lyon et habitant sur liege belgique
au moins elle est à l’abri de tout ça. elle connait son père?