« Je trouve inacceptable qu’on me traite comme un moins que rien », a-t-il déclaré, hier, après que la présidente de la Cour d’assises de Colmar ait ajourné son procès. Et, bien qu’il soit tenu de repasser par la case prison, il doit se dire que sa baraka ne l’a pas complètement abandonné. Ça fait plus de vingt ans que ça dure…
Le 1er mars 1990, sur une bretelle d’accès à l’autoroute, près de Mulhouse, des véhicules bloquent un fourgon de transport de fonds, des hommes cagoulés en jaillissent et, sous la menace de leurs armes, ils font main basse sur 300 kg de billets de banque. Un butin estimé à plus de cinq millions d’euros. Pas un coup de feu. Ni vu ni connu. Du travail d’artiste.
Mais, à défaut de la moindre piste, la PJ de Marseille subodore que les truands ne sont pas forcément originaires de l’est de la France. Les policiers grattent un peu et parviennent à mettre un nom sur une partie des malfaiteurs. Il s’agit de « l’équipe de l’Opéra », dont Bernard Barresi est le maillon central. Mais celui-ci, bien informé, parvient à prendre la poudre d’escampette. En 1994, il est jugé par contumace et condamné à vingt ans de réclusion criminelle.
On pourrait penser qu’il s’est réfugié dans un pays paradisiaque avec sa part du gâteau, mais il n’en est rien. Le truand s’est métamorphosé en homme d’affaires. Et pour cela, comme le font tous ceux qui ne peuvent se montrer en plein jour, il utilise des prête-noms. Outre sa présence dans le monde interlope de la nuit, il apparaît (masqué) dans différentes entreprises, comme la construction d’une maison de retraite sur le site des anciens chantiers navals de La Ciotat. Opération qui nécessite, on le suppose, certaines relations dans l’administration, voire la politique. On dit aussi qu’il aurait des intérêts dans des entreprises étrangères, en Amérique du Sud, en Asie, au Maroc et même à Dubaï. Comme on ne prête qu’aux riches, il y a sans doute une part de légende dans tout ça, mais le fait est que dans la cité phocéenne, on parle (à mots couverts) des Barresi comme d’une famille régnante, avec porte ouverte chez bon nombre de notables.
En tout cas, en 2010, en dehors de quelques policiers proches de la retraite, personne ne s’intéresse plus à Bernard Barresi. En fait, les enquêteurs sont sur la piste d’une équipe de Corses et de Marseillais dirigée par les frères Campanella, lesquels sont fortement soupçonnés d’être les rois des jeux clandestins dans le sud de la France. Mais, sur les écoutes téléphoniques, apparaît souvent un personnage non identifié, un certain « Jean Bon ». On raconte qu’un jour, peut-être comme Archimède jaillissant tout nu de son bain, un policier hurle eurêka ! Du serrano au jambon, il venait de franchir le pas : la compagne de Barresi se nomme Carole Serrano. Le couple est arrêté en juin 2010 alors qu’il embarque sur un yacht de 27 mètres appartenant à l’armateur Alexandre Rodriguez. Une croisière de grand luxe à laquelle devaient participer les frères Campanella et leurs dames.
Les enquêteurs ressortent alors le dossier sur ce braquage vieux de vingt ans et effectuent des comparaisons d’ADN entre M. Barresi et les scellés de l’époque, miraculeusement conservés. La réponse est négative. Un certain Roland Talmon, alias « Le Gros », a moins de chance. En partant d’un mégot de cigarette retrouvé dans le cendrier de l’une des voitures utilisées lors du hold-up, ils sortent son nom du fichier des empreintes génétiques. Heureusement pour lui, les faits sont prescrits. Il est quand même sous la menace de poursuites pour recel et blanchiment, et, surtout, il est cité devant la Cour d’assises qui doit rejuger Bernard Barresi. Il sera donc simple témoin. Va-t-il enfoncer son complice présumé ? On ne le saura pas, puisque les avocats de l’accusé, Mes Eric Dupont-Moretti, Jean-Yves Liénard, Pierre Bruno, etc., ont soulevé un lièvre en déclarant que le mandat d’arrêt des années 90 n’avait pas été notifié régulièrement. D’où un pourvoi devant la Cour de cassation. Et la présidente de la Cour d’assises, Mme Anne Gailly, a dû refermer ses dossiers : « Le pourvoi en cassation d’un arrêt de la chambre d’accusation est suspensif », a-t-elle déclaré.
Le jugement est reporté à décembre 2011 – s’il a lieu.
En décortiquant l’imbroglio des sociétés créées par Bernard Barresi, les enquêteurs de la financière ont eu des surprises. Ainsi, l’un des cafés les plus renommés d’Aix-en-Provence lui appartiendrait. Sa compagne, Carole Serrano, était la gérante d’Alba Sécurité, une société de 143 salariés basée à Gardanne, laquelle, selon le site Bakchich, aurait été sous contrat avec le conseil général des Bouches-du-Rhône et aurait fourni des centaines de « stadiers » lors des matchs de l’OM. « Selon nos informations, dit Le Point, les policiers auraient trouvé lors des perquisitions des contrats entre Alba Sécurité, la municipalité de Marseille, le conseil général et l’OM. » Pour La Provence, en moins de dix ans, Alba s’est taillée une place de choix dans le bizness de la sécurité privée. On présume que la société ne faisait pas les transferts de fonds…
Certains murmurent que si cette affaire ressort aujourd’hui, c’est que Bernard Barresi a perdu ses protecteurs. Et déjà, quelques policiers véreux en ont fait les frais. Il faut dire qu’à l’approche des élections présidentielles, Marseille devient peu à peu l’épicentre d’un enjeu politique : la sécurité.
J’espère que les candidats auront quand même le temps de parler d’autres choses.
10 réponses à “La baraka de Bernard Barresi, le rentier du banditisme”
La baraka de Bernard Barresi, le rentier du banditisme,Merci à partager le contenu de cette belle, je veux me garder dans votre idée d’article.
Le titre du bien.
Voici deux liens sur ce blog qui concerne le commandant de police Philippe Pichon (il y en a d’autres) :
http://moreas.blog.lemonde.fr/2009/06/09/lorsque-la-liberte-d%E2%80%99expression-se-ramene-au-droit-de-se-la-fermer/
http://moreas.blog.lemonde.fr/2009/06/05/la-police-pichonnee/
Et un article du 7 septembre 2011 sur Les Inrocks, dans lequel il explique son combat :
http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/69908/date/2011-09-07/article/le-policier-philippe-pichon-porte-plainte/
jcm , vous vous trompez , a l’époque ca flinguait plus qu’aujourd’hui .
les fréres saccomano de la bande des alpes par exemple dans les années 80 – 90 , quant ils attaquaient un fourgon ca se terminait souvent par un carnage .
le bar du téléphone en 1978 c’est 10 morts , a l’époque ca flinguait des ministres ( boulin et toutes les personnes qui étaient autour de cette affaire ), des juges , des sous prefets , etc etc .
Ce que je voulais dire c’est que les braquages se faisaient avec moins de violence comme le cas de Grenoble ou des jeunes truands n’hésitent pas à tirer sur tout ce qui bouge badauds et policiers. Les exemples que vous donnez soit il s’agissait de réglement de compte entre truands, soit de meutres politoco crapuleux. Les Mesrine et consorts avaient la gachette facile c’est vrai et leur brutalité n’avait rien à envier à certains braqueurs d’aujuord’hui. Les jeunes des banlieues qui n’ont comme héros ceux de la grande époque celle qui a vu naître les Francis le belge et autres Spaggiari ont néanmoins la facheuse tendance de dégommer quiconque s’oppose à leur action. La femme policière municipale tuée lors de ca braquage de fourgon en est l’illustration.
J’espère que les candidats auront quand même le temps de parler d’autres choses.
Ils ont assez montrés leur incompétence pour ne rien attendre d’eux ni sur ce sujet, ni sur quelque autre, alors, bon…qu’ils causent de celui-là ou celui-ci, avec ou sans communiqué officiel…Sans compter qu’on attend encore que Baroin fasse fuiter, puisqu’il est incapable de tenir sa langue…mdrrr
Et sur l’affaire de ceux qui se sont fait arrêtés à Gemenos le mois dernier et qui avaient fait des attaques spectaculaires, il a un quelconque rapport ?
jcm , vous vous trompez , a l’époque ca flinguait plus qu’aujourd’hui .
les fréres saccomano de la bande des alpes par exemple dans les années 80 – 90 , quant ils attaquaient un fourgon ca se terminait souvent par un carnage .
le bar du téléphone en 1978 c’est 10 morts , a l’époque ca flinguait des ministres ( boulin et toutes les personnes qui étaient autour de cette affaire ), des juges , des sous prefets , etc etc .
un gars comme christian david a flingué 2 flics plutot que de ce faire arréter .
lucien sarti aussi en belgique et d’autres , a la rigeur c’était pire avant plutot ..
les campanella et barrési avec les gars de venzolasca quant ils ont voullu faire le ménage en 2006, ils ont flingué 3 personnes aux marroniers et d’autres juste aprés ou a peine avant ( pour des histoires de machines et de térritoires de stups).
monsieur moréas , pensez vous que l’équipe de germani-federrici-costa soit regroupé avec les campanella-barrési et les barbiéri de toulon comme une sorte de cartel ?
ou alors sont t’ils juste des associés a l’occaz ?
bonne soirée a tous .
un tres grand homme
Bonjour,
Qui a dit que les vrais caîds étaient une espèce en voie de disparition? Avec Barresi c’est la grande tradition du braquage à l’ancienne. Cher Georges Morèas quand vous étiez patron de la Brb, ce genre de malfrat,ce » beau mec »,donnait à votre métier de flic une dimension différente de celle d’aujourd’hui. De votre temps les braqueurs tiraient ou flinguaient peu. Un truand comme Barresi incarne cette nostalgie d’un délinquance sans compromis avec la société mais qui respectait certaines régles. Aujourd’hui malheureusement,on hésite pas à faire couler le sang. Barresi et ses comparses sont des hommes d’affaire,ils font du buisness. Seules les méthodes différent quelque peu avec le monde des affaires dit honnête. Quoique car vos collègues de la financière cotoyent aussi bien de vrais malfrats qui utlisent un calibre de ceux qui se servent de leur intelligence pour voler, escroquer leurs semblables. A chacun ses armes.
Le « savant « dans sa baignoire, on ne l’aurait pas déjà vu ?
Difficile de se renouveler …
De ses faiblesses , l’homme en est souvent l’esclave…pas facile de changer, mais … il faut essayer…
La police n’aura pas fini de nous étonner…
Les liens avec la canaille…qui se confond avec le pouvoir politique…. comment voulez-vous, alors que l’impunté des ripoux est la règle dans toutes les affaires….que les citoyens aient une bonne image des policiers ?