Certains ont bien du mal à s’adapter au nouveau monde, comme on le voit ces temps-ci avec la réaction judiciaire de Mme Morano ou avec la loi Hadopi de Mme Albanel. Et bizarrement les idées nouvelles surgissent de ce lieu supposé ringard que certains voulaient même supprimer : le Sénat – qui devient peu à peu le seul endroit où l’on pense.
En effet, les sages se sont penchés sur les difficultés d’adaptation de notre société à l’ère du numérique. Ils s’inquiètent de ces nouvelles technologies qui accumulent les données et permettent de suivre un individu dans l’espace et le temps, et ils livrent à notre méditation 15 recommandations qui tournent autour de trois axes principaux :
– L’implication de chacun, maître et responsable de ses données personnelles
– Le renforcement des moyens de la CNIL
– Une modification du cadre juridique pour clarifier la notion de « vie privée ».
Le droit à la vie privée et la protection des données personnelles sont mentionnés dans de nombreux textes**, mais aujourd’hui, avec une technologie de plus en plus performante, on peut dire qu’ils ne sont plus raccords.
Et ce qui chatouille le plus le groupe de travail du Sénat sur le respect de la vie privée*, c’est « la recherche d’une sécurité collective toujours plus infaillible » Pour de nombreuses personnes, il n’y a pas d’inconvénient à être surveillées, suivies à la trace…, partant du principe qu’elles n’ont rien à se reprocher, ni à cacher. On en est donc à admettre l’existence d’une « surveillance institutionnelle ». Avec, c’est dans les tuyaux, une délégation au secteur privé – et les dérives qu’on peut imaginer. Cas d’école : la loi Hadopi.
Et les sénateurs estiment qu’il faut encadrer certaines techniques comme le GPS, ou la technologie sans contact (les puces RFID), deux techniques qui sont « un défi nouveau au regard du droit à la vie privée et de la liberté d’aller et venir ».
Enfin, le rapport revient sur les sites sociaux (Facebook, MySpace, etc.) ou les blogs, qui invitent à « l’exposition volontaire de soi et d’autrui ». Or, une fois en ligne, on n’est plus maître de ces données. Impossible de les supprimer, de les modifier… Il faudra les assumer toute sa vie. D’où l’idée d’un droit à l’oubli.
Parmi les mesures juridiques préconisées, on peut en retenir quelques-unes, simples d’application, comme celle qui consiste à affirmer sans ambiguïté que l’adresse IP constitue une donnée à caractère personnel, ou cette autre qui réserve au seul législateur la possibilité de créer un fichier de police.
Mais la meilleure est sans conteste l’inscription dans la Constitution du droit au respect de la vie privée.
L’homo erectus caractérise l’homme à un stade précis de son évolution : lorsqu’il s’est dressé sur ses deux jambes. C’est l’homme debout. L’homo sapiens, c’est l’homme qui s’est mis à penser : l’homme sage.
L’homo numericus sera-t-il capable de faire les deux : être sage, mais toujours debout ?
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* Créé le 22 octobre 2008 par la commission des lois du Sénat présidée par M. Jean-Jacques Hyest (UMP, Seine-et-Marne), le « groupe de travail sur le respect de la vie privée à l’heure des mémoires numériques » est composé de M. Yves Détraigne (UC – Marne, photo de droite) et Mme Anne-Marie Escoffier (RDSE Aveyron, photo de gauche). Les conclusions ont été déposées lors de la réunion de la commission des lois du Sénat du 27 mai 2009. Ce sont les sénateurs qui parlent de l’homo numericus.
** Le droit à la vie privée comme la protection des données personnelles, qui en est une déclinaison, sont largement consacrés dans les textes, qu’il s’agisse de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, de la Convention européenne des droits de l’homme de 1950, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 novembre 1966, de la « Convention 108 » du Conseil de l’Europe de 1981 et de la Charte européenne des droits fondamentaux du 7 décembre 2000. En France, le droit à la vie privée est inscrit à l’article 9 du Code civil et consacré par la jurisprudence du Conseil constitutionnel (source Sénat).
Seul couac dans le positionnement sénatorial, et pas des moindres n’en déplaise à l’intéressé : Alex Tuk président de la CNIL vote Hadopi !
http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/06/04/hadopi-alex-turk-assume-et-sexplique/
Enfin un rapport sénatorial proche des intérêts des citoyens par des gens qui ont fait là leur boulot, du très bon boulot, de l’excellent boulot…
Le contenu nous change de la fuite en avant dans la justifiation du sécuritarisme ou le discours anti-sécuritaire, lesquels, au nom de dangers, prétendus ou réels, s’enferment dans la nécessité limiter (ou de dénoncer la limitation de)l’espace minimal des libertés.
Les deux sénateurs prennent à bras le corps un phénomène beaucoup plus préoccupant, qui est cette tendance contemporaine, parmi les nouvelles générations, à exposer à tous vents sa vie privée ou celle d’autrui, au point que cette notion de vie privée n’a plus vraiment de sens. Ils invitent tout le monde (et d’abord les internautes les moins immatures) à réfléchir à la façon dont on pourrait faire valoir ses droits à rectification ou suppression des infos touchant à leur vie privée.
A qui ? Quand ? Et où ?…
Voilà bien quelques enjeux des débats du futur…
Perso, je ne pense pas qu’il faille laisser à une structure de contrôle indépendante l’idée d’avoir une IP hétéronyme. Il faut se battre pour la généralisation de l’hétéronymat DE DROIT !
La question étant de savoir si l’homo numericus et une avancée ou un recul. La deuxième hypothèse étant plus probable voir même plus crédible.
http://miroir-politique.eklablog.com/
Sujet intéressant, il me semblait néanmoins que le droit au respect de la vie privé était largement reconnu, peut être ne figure t’il pas dans la constitution (alors que ça me parait une liberté fondamentale relevant de la dignité humaine).
Facebook un espace public? C’est litigieux, a priori on choisit largement qui a accès à notre profil ou pas, le site semble attaché à nous demander à chaque fois notre consentement pour les accès aux informations de notre profil. Pour ma part je trouve que ce n’est pas assez clair les démarcations.
Mais après l’homo sapiens serait advenu l’homo sapiens-sapiens,c’est à dire celui qui aurait encore une conscience plus supérieure encore.
Mais il est vrai que votre billet tend à prouver que loin de nous émanciper vers plus de liberté-de conscience citoyenne- nous sommes en train (moi le premier) de nous avilir dans les réseaux sociaux,les twitter et autres inventions modernistes.
J’ai la faiblesse de penser que le blog garde sa noblesse car il s’agit d’un journal où notre liberté resterait intacte.Néanmoins j’ai constaté que mes articles(Blog de Fil Vert: »Construire au fil de sa conscience ») même supprimés restaient comme gravés sur le net.
Et là,j’ai commencé à avoir peur…
http://filvert.blog.lemonde.fr
Accrochez vous, voilà ce qu’il faut faire pour supprimer définitivement son compte Facebook:
– Sur la page d’accueil, il faut vous rendre dans la rubrique « Aide » accessible tout en bas à droite.
– Dans le Centre d’aide, sélectionner la ligne « Sécurité » dans la troisième colonne de la rubrique « Comment utiliser Facebook ».
– Cette page « Sécurité » donne accès à toute une liste de questions. Parmi celles-ci, il s’agit de trouver la phrase « Je veux supprimer mon compte de manière définitive ». En cliquant dessus, un pavé vous rappellera qu’une possibilité de désactivation est possible, c’est en réalité les deux premières étapes que nous vous avons proposées.
– C’est plutôt le second paragraphe qui nous intéresse ici puisque nous allons pouvoir y trouver le lien nous permettant d’accéder à la page de désinscription définitive. Cliquez sur le « ici » en fin de dernière phrase.
– Sur la page suivante, une simple phrase vous demandera de confirmer votre demande de suppression de profil. Il suffit ici de cliquer sur « Envoyer », pour faire parvenir votre demande à Facebook.
– Une vérification d’identité vous sera demandée. Saisissez votre mot de passe et recopiez le « captcha » présenté dessous.
Difficile de faire plus compliqué …
Un petit malin vient de laisser un commentaire (tout aussi petit par la qualité) en signant de mon pseudo. Je ne sais pas quel était l’effet voulu. Me faire passer pour un imbécile peut-être ? Ayez au moins le courage de vos opinions et de vos propos, en évitant notamment de vous faire passer pour autrui.
Se désinscrire de Facebook ?
Il fallait pas s’y inscrire, banane, c’est comme pour la clope, il suffit de pas commencer…
Un exemple : je viens de me désinscrire de Facebook. J’aimerais demander un effacement de toutes les données me concernant (qu’ils gardent puisque pour me réinscrire il suffit de réactiver le compte). Je ne sais pas comment faire, ni même si j’ai le droit de l’exiger.
Par contre Facebook m’a toujours paru un espace public (Internet est un espace public de fait à mon avis) et ce que j’y ai écrit a autant de valeur -juridique- que ce que j’aurais pu publier dans un journal. Seuls les mails me paraissent ressortir au p^rivé, à l’égal du courrier postal.
Votre « post », fort instructif, devrait être placé en tant que commentaire sous la fameuse vidéo qui a motivé la plainte de Madame Morano.
L’homo erectus devrait peut-être mieux lui plaire.