LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Faut-il enterrer les flics à l’ancienne ?

Peut-être le policier de demain arrivera-t-il à son bureau à 9 heures, et, tout en dégustant un café, les pieds dans un tiroir, il consultera le résultat des analyses de la police technique ou scientifique, le relevé des écoutes téléphoniques et des fadettes de son suspect, le scan du disque dur de son ordinateur ou les images des caméras miniatures subrepticement installées à son domicile… Et, serein, il attendra les ordres du procureur ou du juge d’instruction pour savoir ce qu’il doit faire de sa journée. Un travail confortable. Vers 18 heures, il rangera ses affaires et, l’esprit au repos, il rejoindra sa famille, impatient de voir l’épisode suivant de la série télé qu’il suit chaque soir. Une série policière, bien entendu.

J’exagère à peine. Pourquoi des hommes et des femmes, des fonctionnaires,  je vous le rappelle, prendraient aujourd’hui la moindre initiative qui risquerait au mieux, de mettre un terme à leur carrière, et au pire de les expédier derrière les barreaux ? La question n’est même plus de savoir si les poursuites contre tel ou tel commissaire sont fondées ou non, mais bien de prendre acte de leur impact psychologique. Le risque est bien réel de voir les policiers baisser les bras. À tort ou à raison, ils se sentent lâchés par leur hiérarchie, « agressés » par les juges et rejetés par des dirigeants qui les ont pourtant longtemps caressés dans le sens du poil.

D’ailleurs, place Beauvau, on en est bien conscient. Ce qui explique sans doute qu’après les affaires de Lyon et de Lille, M. Guéant ait annoncé qu’il envisageait de nouvelles mesures : « Le ministre de l’Intérieur que je suis doit aussi prendre des initiatives pour faire en sorte que des policiers qui se trouvent en situation délicate au contact des voyous ne soient pas laissés seuls. » Ce n’est donc pas une condamnation des méthodes anciennes mais au contraire une reconnaissance. Une analyse parfaitement lucide, puisque, quelles que soient les avancées de la science et de la technique, pour faire tomber un trafiquant, un braqueur ou toute autre engeance, on n’a pas fait mieux que le bon vieux tuyau. Sans indics, la police est coupée du milieu. On le voit bien à Marseille, où, aujourd’hui, les policiers ne connaissent plus grand-chose de l’articulation de la pègre. Lors des règlements de comptes, ils comptent les morts, mais sont souvent incapables de comprendre le scénario.

Pas question donc de supprimer d’un trait de plume toute relation avec les indics, mais de mieux en fixer les règles afin que les policiers ne puissent plus être victimes d’une mauvaise interprétation de leurs actes. Ce qui est d’ailleurs un constat d’échec pour le fameux fichier dont on est si fier rue des Saussaies. Pour M. Guéant, il faut « encadrer d’un soutien déontologique, juridique, plus fort, des policiers (…) qui se posent la question de savoir jusqu’où ils peuvent aller ou pas aller avec leurs informateurs ».

Lorsqu’il parle d’un encadrement juridique, le ministre pense-t-il à une loi qui permettrait aux policiers de procéder à des actes ordinairement illégaux, comme c’est déjà le cas dans certaines conditions particulières et avec l’aval d’un magistrat ? Sans doute pas. Mais peut-être envisage-t-il une règlementation dans la gestion des indicateurs, une sorte de mode d’emploi qui s’imposerait aux policiers et dans le même temps les protégerait de toutes mauvaises interprétations. Comme de se voir poursuivre pour association de malfaiteurs. Car, évidemment, les gens susceptibles d’informer la police sur un gang de braqueurs, un réseau de stups, etc., sont rarement des ingénus. Et pour un œil extérieur, leur simple fréquentation peut paraître suspecte. D’autant qu’au fil du temps, des liens peuvent se créer et l’indic peut devenir un ami. Il est alors bien difficile de séparer sa vie professionnelle de sa vie tout court. C’est là sans doute où Michel Neyret a péché.

Derrière le sempiternel « selon un renseignement anonyme » qui démarre une procédure d’initiative, il y a souvent une source – qu’il faut à tout prix protéger – , source humaine ou technique, comme une écoute administrative, dont il n’est pas question de faire état dans un procès-verbal. Les enquêteurs sont donc contraints de jongler avec les textes et de masquer certaines choses aux magistrats, ou même à leurs collègues d’autres services. On est dans le non-dit. Personne ne veut savoir. On se contente du résultat.

À la DST, il existait autrefois une division chargée de la manipulation. Et les agents qui en faisaient partie assuraient la prise en charge des informateurs. Il ne s’agissait pas de tenir un fichier, mais d’être aux contacts des « sources », soit directement, soit par l’intermédiaire du policier recruteur. C’est peut-être une piste à suivre pour la PJ… Créer une sorte de cellule capable d’aider les gens de terrain dans la gestion de leurs informateurs, apte aussi à leur fournir les moyens nécessaires, tout en les encadrant sur le plan de la déontologie et du droit. Mais une cellule qui serait également mandatée pour les protéger tant sur le plan administratif que judiciaire.

Bien sûr, même si on se lie d’amitié avec un voyou, il y a une ligne jaune à ne pas franchir, « et un homme seul peut, parfois, ne pas apprécier exactement le seuil de ce franchissement », a dit Claude Guéant. Exactement. Oublions les ordis, les fichiers, les statistiques… En deux mots, sortons la tête du monde binaire – et que les hommes s’occupent des hommes.

Le dessin provient du site de Jipad.

48 Comments

  1. Dominic Frontier

    Ce blog merite d’etre lu : http://dominicfrontier.blogspot.com/

  2. Dominique Hasselmann

    Steven Spielberg, avant de tomber dans la tintinophilie casse-bonbons, avait réalisé l’excellent film « Minority Report » (2002) : où l’on voit que la police pourrait utiliser ce qui apparaît encore comme de la science-fiction.

    En France, Claude Guéant n’avait apparemment pas prévu l’incendie des locaux de « Charlie Hebdo » (manque du logiciel adéquat ?) mais, par ailleurs, ne se faisait guère de soucis dans l’écoute des journalistes du « Monde » informés par certaine « gorge profonde » de quelques paramètres concernant une affaire très sensible.

    Frédéric Péchenard, l’ami d’enfance de Sarkozy, s’en trouvait soudain opportunément « lavé » (sa rosette en rougissait de bonheur) par un coup de serpillière sur le parquet.

    Il est donc urgent que l’on recrute des « pointures » informatiques au ministère de l’Intérieur, place Beauvau à Paris !

  3. Patrick Handicap expatrié

    Il ne faut pas s’étonner lorsqu’on lit les commentaires ici que la police fut decorée à la libération malgré les multiples temoignages prouvant leurs actions durant l’occupation nazie.
    Seule une instance de contrôle réellement indépendante – comme elle existe dans toutes les autres démocraties européennes – sera capable de faire le ménage et de remettre la police au boulot dans un ordre républicain et non en coups foireux style DCRI et prostiputes pour les grands flics et dérapages ordinaires de nez cassés pour les petits flics.

    • Guerwar

      Etant un inculte, pourriez vous me dire quel est le nom de l’organisme en Espagne, qui a viré tous les policiers franquistes j’en suis sûr, et en Allemagne qui a viré, également dès 1945/1946 les policiers du 3ème Reich et qui bien sûr a évité que les « flics » de la STASI ne rejoignent le corps des policiers de l’Allemagne réunifié. Je suis aussi impatient de connaître le nom de l’Agence pour les policiers U.S. ou le nom de la commission pour les policiers du Royaume-Unis. On ne perd jamais à s’instruire.

      J’ai, cependant, bien peur que votre « instance de contrôle réellement indépendante » (de quoi) soit un pur fantasme.

    • Rey de los Huevones

      Les péchés se transmettent-ils par héritage?

      C’est aussi valable pour la gloire (revendiquée par beaucoup de policiers) …. mais les points de vue/affirmations sans preuves de PHE sont tellement grotesques (dans ce domaine, des records sont transcendés) que je ne peux pas mettre ça sur le même plan.

      • Patrick Handicap expatrié

        Merci de me fournir les motifs de gloire qui ont justifié la décoration de la police à la libération alors que la préfecture de police a été d’abord armée à l’aide des armes conservées par les pompiers de Paris dont les Allemands ignoraient la qualité de militaires… et les cocktails molotov fabriqués par vous savez qui (pas les policiers en tout cas).

        • Volant de Chômage

          Plutôt que de vous tourner de façon obsessionnelle vers le passé (quelques générations en arrière, comme si c’était caractéristique de la police actuelle), vous auriez interet à faire le parallèle entre les deux situations actuelles :
          * quand un policier infiltre le milieu, il peut éprouver de la sympathie pour des délinquants.
          * selon un résumé paru dans http://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/la-charge-contre-la-police-d-un-anthropologue-immerge-dans-une-brigade-anticriminalite_1044459.html
          quand un anthropologue (un contribuable lambbda, comme on dit avec quelque mépris) infiltre en 2007 la BAC, peut il éprouver de la sympathie?
          (j’avais déjà eu l’occasion de penser que c’était des queues de promotion, affectées parce que personne d’autre ne voulait aller à leur poste, et dont les roulements de mécaniques et autres humiliations provoquent chez des dangereux gauchistes que sont les commerçants un sentiment de joie quand ils sont mutés ailleurs)? D’un autre côté, j’ignore si ces criminogènes défenseurs de l’ordre et leur hiérarchie qui laisse manifestement faire sont représentatifs de la police)

    • Sinok

      @PHe
      Il est étonnant que, dans la majorité de vos coms, vous débutiez par la référence historique à cette sombre période de la seconde guerre mondiale que vous n’avez pas connu.
      Dans le même temps vous réclamez que les Policiers suivent la Loi, arpentant cette belle ligne droite sans s’en écarter, sans louvoyer, sinon ils doivent être punis comme tout le monde (Alors qu’on sait bien que la majorité des crimes et délits sont aggravés s’ils sont commis par un représentant de l’ordre ou de la magistrature).
      La Loi rien que la loi de la république laïque, sans ingérence de la moralité judéo-chrétienne ? C’est pourtant ce que vous reprochez à ces flics de 39-45. Et à lire vos différentes coms, c’est pourtant ce que vous semblez demander à nos flics actuels autant qu’à la population, la désobéissance civile à ce gouvernement Sarko/fascisto/totalitaire (rayez la mention inutile). Certes, mais selon quels critères alors ? Les vôtres ? Vous pensez vous être Le détenteur de La « bonne » pensée ?
      Vous êtes si plein de contradictions à demander une application de la Loi et dans le même temps par ailleurs à demander du discernement. Le discernement c’est déjà mettre un pied de côté sous une forme d’interprétation de l’esprit de la loi, se substituer à un juge donc.
      Contrairement à vous, je n’arrive pas à me projeter dans la tête d’une personne née en 1890-1920, il y a trop de choses qui ont changée dans ce monde et dans notre compréhension de celui-ci pour que je puisse me permettre de jeter l’opprobre sur une tranche de la population ou sur une profession en partant de faits ayant eu lieu 70 ans auparavant.
      Et c’est à cause de ce genre de faits que les mentalités ont changé et qu’un tel traumatisme est bien ancré en nous afin de rester vigilant pour que cela ne se reproduise pas.
      Car il faut être vigilant. N’a t-on pas vu une résurgence du parti communiste dans les années 70-80 avec un nombre de militants supérieur à celui des années d’après guerre (45-52, bénéficiant de l’aura du résistant), alors que les exactions de la Russie étaient bien connues, si ce n’est dans leur détail au moins dans leurs majorités (D’ailleurs, je me demande s’il y aurait eu autant de résistants en France si Hitler était resté allié à Staline).
      Mon sentiment à vous lire, c’est que derrière de grandes phrases sans faute d’orthographe, vous dissimulez un petit esprit bien français consistant en la réclamation de l’application sévère de la loi à tout le monde, mais surtout aux autres, car ayant le sentiment d’être victime d’injustice, vous ne rentrez plus dans la caste du commun des mortels et demandez réparation sous forme de passe droit et une extrême sévérité à tous ceux qui détiennent une forme de pouvoir quelle qu’elle soit, surtout si vous n’en bénéficiez pas.

      Quant à des organismes de contrôles indépendants, comme dit par Guerwar, indépendant de quoi, car des AAI, ce n’est pas ce qui manque en France, je ne citerais que celles ci pour le sujet présent :
      CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, CNIL (Commission Nationale Informatique et Liberté), DDD (Défenseur Des Droits), CGLPL (Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté); Ces dernières juste pour la France sans entrer dans les commissions Européennes ou Internationales.

      • Patrick Handicap expatrié

        Mon petit esprit bien Français (700 ans d’hérédité Française sans interruption) est allé vivre à l’étranger dans un autre pays européen dont l’histoire a été troublée mais qui respecte bien mieux la liberté de ses citoyens et les personnes handicapées dont je suis alors qu’en France la non assistance de quatre policiers parisiens – deux femmes et deux hommes – m’ont conduit en sons intensifs pendant dix jours avec pronostic vital réservé puis, comme si ce n’était pas suffisant, elles et ils m’ont poursuivi en correctionnelle un mois plus tard (la 17ème chambre) dont le procureur n’a même pas recquéri.
        Même si j’étais relaxé, ces policiers n’ont pas hésité à me poursuivre au civil qui les a condamné à me verser 1500 euros plus les frais d’avocat. Ils sont allés en appel et ont perdu, puis en cassation où ils n’ont pas été admis. Les jugements étant publics, je peux vous communiquer leurs noms et adresses personnelles où leur ont été signifiées les décisions de justice.
        Mais ce n’est pas tout. Il m’a fallu près de deux ans et la décision du médiateur de la République, pour que le texte de droit (pourtant publié au J.O.) qui exhonère de contrôle d’alcoolémie les trachéotomisés – dont je suis, outre mes autres pathologies – soit enfin reconnu par l’administration (de la Présidence de la République au ministre de l’intérieur en passant par le préfet de police de Paris, l’inspection générale des services, mon ancien commissariat parisien et, je l’espère après mon rappel à la Loi, l’ensemble des forces de police et de gendarmerie et les syndicats de policiers dont j’ai demandé la circularisation – j ‘ai de mon côté communiqué texte et décision du médiateur donc pas d’excuse, preuve pouvant être apportée dans le cas de ce qui serait alors caractérisé de voies de fait-.
        Vous voyez que je n’ai pas un sentiment d’injustice puisqu’au contraire, je l’ai vécu dans ma chair cette injustice et failli en perdre la vie.
        Pour la décoration de la police, mon grand père, pompier de Paris a gardé longtmps une liste de faits et de policiers qui on plus que fauté. Les faits se reproduisant – contrairement à vos assertions – Il a aussi une liste de certains intervenants du 17 octobre – plus proche de nous -.Il faufrait bien que je les transmette à copwatch (on ne sait jamais).
        Il a par ailleurs largement contribué à armer la préfecture de police au moment de la libération et bon nombre de policiers lui doivent la vie.
        Le devoir de désobéissance existe aussi, vous semblez l’ignorer.
        Il est vrai qu’il peut coûter cher sur le moment (quelques policiers en ont fait les frais récemment mais ils sont bien peu nombreux au regard des faits délictueux constatés).
        Je constate enfin qu’une instance de recours a disparu de votre liste… peut-être parce que ses décisions n’étaient jamais suivies d’effet….
        Ces commissions qe vous citez ne doivent pas être suffisante si l’on en juge par le record de condamnations de la France devant la CEDH (il faut dire que le régime du parquet qui n’est pas reconnu comme une autorité judiciaire y est pour beaucoup….question de temps…).
        Pour moi j’ai gagné de pouvoir demeurer en vie sans être inquiété, une santé totalement gratuite sans sorti un seul euro, plus d’impôts ni de CSG et de CRDS à payer (11% de revenus supplémentaires) et une vie bien moins chère.

  4. Michko

    Faut-il enterrer les profs à l’ancienne ?

    Pourquoi des hommes et des femmes, des fonctionnaires, prendraient aujourd’hui la moindre initiative qui risquerait, au minimum, d’abîmer leur santé, au mieux de les amener à renoncer à leur vocation et à changer de métier, et au pire de les conduire en congé de maladie de longue durée, sinon au suicide ? La question n’est même plus de savoir si les critiques contre tel ou telle (il/elle ne sait pas tenir sa classe) sont fondées ou non, mais bien de prendre acte de leur impact psychologique. Le risque est bien réel de voir les profs baisser les bras. À raison, ils se sentent 1) lâchés par leur hiérarchie* 2) « agressés » par les parents démissionnaires qui n’ont même pas été foutus d’éduquer leurs rejetons un minimum, sinon 3) par une large proportion de l’ensemble de leurs compatriotes qui, sans voir plus loin que le bout de leur nez, estiment que les nombreuses semaines de vacances** placent les profs dans une situation de privilégiés, enfin 4) par de nombreux dirigeants*** qui depuis longtemps les caressent à rebrousse-poil.

    En écrivant ces lignes, on l’aura deviné j’espère, je pense à Lise, ma collègue de Béziers, qui s’est immolée dans la cour de son lycée en criant à ses élèves : « Je fais ça pour vous ». Ce cri qu’elle a poussé, s’adressait non pas seulement aux témoins de son geste, mais à l’ensemble de notre société telle qu’elle est devenue aujourd’hui, et aussi à la France de demain. Enseignante jusque dans ses dernières secondes de vie, cette ultime phrase que tu as prononcée, pauvre collègue « vieille école » dont je me sens si proche, a été balayée, piétinée, mal interprétée par bêtise populaire ou calcul politique. Il est tellement plus facile que dire que tu étais fragile, dépressive ou tout simplement folle.
    Ce suicide vécu en direct en pleine cour de récréation devant élèves et collègues, est à ma connaissance le premier opéré en France dans l’école de Jules Ferry. Certes aussitôt relayé dans les journaux, cet acte désespéré d’une fonctionnaire qui, à mes yeux, aura poussé jusqu’à l’extrême « l’honneur de servir », comme on disait au siècle dernier, est finalement passé dans un silence médiatique des plus indécents. Les blogs bien connus de la communauté enseignante, tels ceux de J-P Brighelli (http://bonnetdane.midiblogs.com/) ou N. Polony (http://blog.lefigaro.fr/education/?xtor=RSS-90), n’en ont soufflé mot. J’ai guetté notre radio la plus ambitieuse, France Culture, et espéré qu’une émission TV, telle « C’est dans l’air », ferait écho à cette tragédie. Hélas. Sans doute a-t-on eu peur de dévoiler dans quelles misérables conditions se pratique aujourd’hui le métier d’enseignant. Les lycées (pas ceux des beaux quartiers bien sûr) sont devenus au mieux une garderie, au pire une arène. Et jusqu’aux maternelles, maintenant****.
    Alors, à l’instar des « gardiens de la paix » à l’ancienne , faut-il enterrer les profs de la vieille école ?
    Quant à Lise, c’est déjà fait. Paix à son âme.

    * Voir les témoignages éloquents relatifs au suicide de l’enseignante de Béziers.
    ** Précisons une fois encore que les mois de juillet et d’août ne sont pas payés et que les intéressés sont en situation de congé sans soldes. En pratique, le salaire des 10 mois est divisé par 12. La comparaison des salaires d’enseignants au sein de l’UE est également éloquente : si les profs français sont chargés de moins d’heures de cours que leurs collègues européens, ils sont de loin parmi les plus mal payés.
    *** Je renvoie au récent discours de M. Sarkozy mettant en parallèle les avantages relatifs des secteurs public et privé. Ministre de l’EN un temps, Claude Allègre avait trouvé des mots encore plus forts que ceux du Président actuel. L’historien économiste Jacques Marseille a rapporté que le pouvoir d’achat de la profession (sans préciser les secteurs d’éducation primaire, secondaire ou universitaire) a diminué d’environ 25% depuis la fin des années 70.
    **** Une institutrice m’a affirmé il y a peu qu’il existe dans son établissement (Créteil) des classes où près de la MOITIE des élèves, qui ont entre 5 et 6 ans, « frappent violemment », et non pas « tapent » simplement leurs camarades. Dans une classe particulièrement difficile, ces braves chérubins « ont pris le contrôle » et « font la loi » au point que leur instit, s’avouant complètement débordée au cours de l’entretien qui suivit l’inspection, a demandé à quitter l’établissement. J’ajoute que le récit qui fut fait de cet entretien, notamment quant au soutien dont fit preuve à l’occasion l’inspecteur à l’égard de cette collègue, donne l’image terrible d’une administration inhumaine. Pauvre monde, où l’on piétine les « petits » qui font le plus essentiel des métiers civilisateurs.

    • untel

      Argumentation émouvante et sincère que je ne peux que respecter.

      Je rejette toutefois énergiquement un point. C’est : « je fais ça pour vous ».
      La malheureuse n’a certainement pas fait ça pour sa famille qui, j’en suis sûr, aurait préféré la voir sans emploi mais vivante.
      Elle n’a certainement pas fait ça pour ses élèves qui auront toute leur vie le souvenir terrifiant de leur enseignante transformée en torche. Ce traumatisme ineffaçable est bien pire que subir une classe de 60, croyez moi ! Elle leur a fait don d’années de cauchemars et de remords.
      Nous parlons bien d’un geste aussi désespéré qu’insensé. Insensé par le chagrin et le traumatisme qu’il laisse, et par la solution qu’il apporte. Ne le valorisons pas, d’autant plus qu’une certaine contagion est possible vis-à-vis de la frange de la population la plus fragile psychologiquement.

      • Michko

        Je vous remercie, cher Monsieur, de votre retour qui interroge le geste de cette désespérée.
        Cette phrase : « Je fais ça pour vous. » n’était certainement pas à l’adresse de sa famille, bien d’accord avec vous. En revanche, la seule manière de donner un sens social à son geste est de considérer que le « vous » concerne ses élèves. Il ne s’agit pas de valoriser son geste, ce qui ajouterait à son désespoir, mais de tâcher de le comprendre sans raccourci ni excuse facile du genre : (« Elle était folle. »).
        A mes yeux, cette femme s’est tuée, entre autres, parce qu’elle n’arrivait plus à travailler comme elle estimait devoir le faire. Morbide, désespéré, inutile peut-être, il reste que son geste a aussi valeur d’exemple. Avec sa mort, telle que je la comprends, elle a voulu dire à ses élèves : « On vous ment. Les adultes n’exigent plus de vous ce qui est nécessaire à ce que vous grandissiez, à ce que vous deveniez vous-même adulte. En classe, nous ne travaillons pas, mais faisons semblant de travailler. Je ne participerai plus à cette mascarade. »
        Au crédit de cette interprétation, vous conviendrez que les témoignages affirment que ce fut bien le cas dans la réalité. La phrase, le sens des mots prononcés, le fait de s’adresser directement à ses élèves est ensuite cohérent avec le lieu choisi, à savoir la cour de récréation, évidemment bondée d’élèves à la pause de 10h.

        Enfin, quant au traumatisme que vous invoquez, il me semble que vous n’avez raison qu’à moitié. Certainement les sujets les plus sensibles n’oublieront jamais cet évènement profondément traumatisant. Cauchemars inclus, certains élèves et collègues resteront marqués à vie par la tragédie de Béziers.
        Mais d’autres, je m’empresse de l’ajouter, s’en sont peut-être déjà remis. Qui n’a jamais été en classe ne peut imaginer la violence et la cruauté qui y sévissent parfois. Voulez-vous un témoignage personnel de la part d’un « vieux » prof ? Moi qui n’ai jamais vouvoyé un élève de ma vie, je me suis fait tutoyer de très nombreuses fois, insulter à différentes reprises, menacer de me faire casser ce que vous savez, et suis passé très près de l’agression physique en au moins une occasion. Je considère que je m’en tire bien – touchons du bois – quand je compare mon expérience à celle d’autres collègues.
        Plus concrètement, car je le vis chaque jour depuis cette rentrée, je pense maintenant à 4 ou 5 élèves d’une classe de terminale dans laquelle je suis réduit à « fliquer » durant au moins 80% du temps. C’est nouveau, soit dit en passant. Des terminales qui ne veulent rien faire, cela fait seulement quelques années que je découvre ça. Je rappelle que normalement, les années de préparation au BAC comptent parmi les meilleurs souvenirs des profs tant l’ambiance de travail s’y crée rapidement. Mais je digresse. Alors, pour revenir aux charmantes têtes blondes de ma terminale, imaginons que pris d’un coup de folie, je saute par la fenêtre en criant à la classe : « Je fais ça pour vous ». Eh bien, c’est terrible à dire, mais je parierais volontiers que le geste ferait bien rire les élèves en question.
        Bien à vous

        • untel

          Je maintiens que le geste de cette désespérée est excusable par des problèmes psychologiques. Si c’était un acte militant, il serait pour le coup inexcusable (disproportionné) pour le chagrin qu’il cause à la famille, par le traumatisme qu’il crée auprès des élèves et des collègues, par l’exemple qu’il donne aux autres professeurs déprimés et par la solution qu’il apporte : le monde de l’enseignement demeure inchangé après ce geste, comme nous pouvons le constater, et les problèmes au travail de votre collègue auraient pu être réglés autrement, par un arrêt maladie et des soins appropriés.
          Inutile de faire appel à la raison dans un pareil cas, si ce n’est pour constater qu’il échappe à la rationalité.

          Quant à ces élèves incontrôlables que vous décrivez. Je ressens la même colère impuissante face à une société qui ne sait pas faire respecter un minimum de comportement sociable. En premiers responsables, les parents, qui n’inculquent plus des principes aux enfants quand ils ne viennent pas les défendre lorsqu’ils sont fautifs. Ils participent au laxisme ambiant qui prétend tout régler à partir de la prévention en imaginant que la prévention consiste à jouer du violon aux oreille de nos charmants petits.

  5. marie

    « écoutes administratives«  c’est le nom de code pour écoutes illégales?
    Je suis vraiment mal à l’aise avec ce billet, alors que j’apprécie beaucoup le blog en général. L’encadrement de l’action de la police par le droit me semble être fondamental pour la démocratie. Il faut peut-être plus de moyens et/ou une révolution culturelle dans la profession mais je ne pense pas qu’on puisse se satisfaire d,une police qui jongle avec les textes et qui masque `certaines choses`aux magistrats. Je ne vois pas comment je peux avoir confiance en l’action de la police et si je ne suis pas convaincue qu’ils sont là pour faire respecter la loi en la respectant eux-mêmes. Je pense qu’on paie cher en terme de désabusement des citoyens la culture de l’à peu près et du résultat à tout prix

    • Sinok

      Les écoutes administratives sont à distinguer des écoutes judiciaires par le fait que les premières sont autorisées par le gouvernement (Premier Ministre) sur demande motivées de différents ministères (Ministre de l’intérieur, des douanes, de la défense) pour protéger les intérêts de la France (contre-espionnage militaire, industriel, sécurité nationale, terrorisme, milices, bandes organisées), les secondes par un juge dans un cadre d’enquête.
      Donc les écoutes administratives ne sont pas illégales, mais prévues par la Loi. C’est ce qui en est fait ou ce qui les motivent qui peut l’être.

  6. Guerwar

    Lors du procès à Nanterre pour piratage économique mettant en cause EDF, le Procureur Branchet a prononcé son réquisitoire en ces termes : « Tout ce qui contribue à faire prospérer ce monde souterrain interlope où règnent le secret, la clandestinité, l’application d’une loi qui n’est pas celle de la République et l’intimidation doit être condamné avec fermeté. Autrement, le citoyen achèvera une mithridatisation qui mettra en péril le pacte social. (…) Comment pourrait-il assurer à ses enfants que l’observation de la loi est l’unique rempart contre l’arbitraire et l’abus de pouvoir, si la République se double d’un univers régi par des normes dictées par la seule puissance individuelle et qui se plaît à mettre en échec des règles dont le corps social s’est démocratiquement doté?

    Ce type de dossier est emblématique et c’est l’honneur de la justice que vous représentez aujourd’hui de rappeler à tous que l’égalité devant la loi constitue certainement le socle sur lequel repose l’édifice républicain. Le bâtir ne fut pas une mince affaire, l’histoire de notre pays en est le témoin. Le laisser se fissurer nous exposerait tous à voir disparaître avec effroi ce qui fait la grandeur de la France: la protection des droits fondamentaux et la séparation des pouvoirs.

    Nul ne doit se sentir autorisé à violer la loi, quels que soient sa fonction, son passé et l’état de ses réseaux d’influence. C’est ce message solennel que vous devez, par votre jugement, adresser aux prévenus.(…) »

    Le texte est cité plus complètement sur le blog « chroniques judiciaires » du Monde.

    Les rapports entre Beauvau et la Place Vendôme ne s’amélioreront visiblement que, comme vous le pressentez dans votre billet, la P.J. dépendra directement des Procureurs. Le « proc » prendra ses responsabilités (pour une fois) et assumera tous les actes de « recherche », y compris les rapports avec les « amigos », les « tontons », « cousins » et autres indics. Les dérapages pourront toujours avoir lieu, ils seront sanctionnés. Mais quelle tranquillité d’esprit, l’incapable ce sera lui ! Votre billet me fait rêver, mais la réalité sera comme toujours : Que fait la Police ?

  7. alain thomas

    Ce débat d’enterrement de vie de beaux mecs est à corroborer dans le concert de la justice européenne, avec le tollé soulevé, en ce moment en Angleterre par la présence d’un policier infiltré dans un groupe d’activistes (des activistes pour les droits des cyclistes à Londres!!). Celui-ci s’est retrouvé, suite à une action de déploiement d’une bannière dans un immeuble de bureaux devant une barre. Arrêté lors de cette action, le policier a été traduit devant une cour de justice, il a continué à jouer le rôle d’activiste sans avouer devant le juge sa fonction de policier. En Angleterre, ce type de comportement de représentant de la force publique défiant la loi en parjurant devant elle, est un problème majeur d’éthique. Qui a donné l’ordre et qui couvrait ce policier à un haut niveau, à Scotland Yard? Il va y avoir du sport de gentlemen en perruques pour justifier ces pratiques de voyous parjures.

    • DrJekyll

      Mouais, moi ça ne me choque pas puisqu’il a une seconde identité devant la Cour à laquelle il répond. C’est un peu normal selon moi qu’il ne soit pas jugé en tant que flic, puisqu’il n’aurait pas commis ces actions à ce titre, mais bien parce qu’il était justement infiltré à ces fins. Les Anglais feraient bien de finir leur recherche d’éthique sur les liens entre Murdoch et Cameron ou encore avec l’UE…

      • alain thomas

        Dr Jekyll,le jour ne peut se cacher la nuit au sujet de l’habeas corpus qui est un des principes majeurs outre-manche, avec l’absence de pièce identité mais un corps,être là,dans l’instant
        Pour Mr Caché, Murdoch n’est pas du Royaume Uni mais des antipodes.

        • DrJekyll

          Rien compris ! Il faut écrire de façon claire et limpide s’il vous plaît. Par ailleurs, Cameron est bien ministre en Angleterre à ma connaissance et un fameux journal de Murdoch qui a créé un beau scandale y avait bien ses bases. Vous faîtes un affrontement là où il n’y en a pas…
          Et si j’ai envie de signer DrJekyll à minuit, ça me regarde, d’autant plus si je n’écris pas depuis la France !

  8. Sam

    Tous ceux qui condamnent l’hypocrisie des hautes sphères de la police et de nos politicards (les deux devenant malheureusement de plus en plus indissociables) peuvent s’en prendre à ceux qui ont permis l’ascension au pouvoir d’une clique qui a fait de la répression, de l’application bête et méchante de la loi et de la tolérance zéro ses principaux arguments politiques. Il me semble que bon nombre de policiers ne trouvaient rien à redire à ce programme à l’époque, alors que ceux-ci ne se plaignent pas maintenant qu’ils subissent le même traitement que nous autres simples citoyens.

    • loy

      Attention à ne pas employer par mégarde le language sarkozyste: « Tolérance zéro », en bon français, cela s’énonce « intolérance ».

      Pour le reste, 53% ont voté pour cette politique aux présidentielles de 2007. Et qu’on ne parle pas de surprise, la donne avait été annoncée par les différents postes de ministres tenus par Sarkozy depuis 2002, dont l’intérieur. Bon, faut dire que l’alternative Ségo n’a pas aidé.

      Les high-score ayant été pêtés chez les plus de 65 ans, certains ont même suggéré lors de la purge à venir de régler le pb des retraites de manière originale, par croisement des fichiers de caisses de retraite avec ceux des sympathisants UMP: Ces gens aimant les fichiers ne pourront s’y opposer sans avaler leur chapeau… et on gagnera globalement dans cet electorat l’économie de grosses retraites au profit des générations actuellement au travail, les véritables baisés de l’affaire.

      Le vote à droite allant sociologiquement croissant avec l’age, il est d’ailleurs fort probable que les vieux de la vieille de la police aient votés pour ceux qui aujourd’hui leur bottent également le cul sur leurs méthodes après avoir fait en sorte qu’ils bossent plus longtemps… sauf « accident » de parcours?

  9. Péhène

    @ Georges Moréas
    Très bon billet qui rappelle de fort belle manière que si on ne peut pas faire n’importe quoi, on n’attrape pas non plus les mouches avec du vinaigre.
    La gestion des indics est complexe et de nombreux policiers ont payé et payent encore aujourd’hui l’hypocrisie qui règne chez certains hauts responsables policiers et certains magistrats.
    Le phénomène ne fait que s’accentuer car le métier change, les mentalités tout autant… et les « flics à l’ancienne » (on devrait davantage parler de méthodes) ne sont pas enterrés mais deviennent comme des corps étrangers que notre corporation (véritable organisme vivant) finit un jour ou l’autre par rejeter, expulser pour prévenir toute infection.
    En espérant que la Police ne devienne pas trop vite ce que vous décrivez dans votre premier paragraphe.

  10. losy

    La question n’est pas de savoir s’il faut pouvoir plonger en eaux troubles pour attraper les gros poissons qui s’y cachent… mais de savoir si les citoyens sont désormais mûrs pour l’accepter?

    Il faut aussi voir le contexte: 10 ans de politique du chiffre, l’arbitraire pour les atteindre étant devenu courant, ca laisse des traces dans la population… surtout pour les générations n’ayant connu que ça et désormais en age de voter?

    Peut-être aurait-il fallu que la profession ne tombe pas dans le piège à con de la politique du chiffre tendu par les politiques…

    Mais bon, pour ce qui est de tomber dans les pièges, l’exemple vient peut-être de haut:
    http://www.lepoint.fr/societe/l-ombre-de-la-dcri-sur-l-affaire-du-carlton-23-10-2011-1388187_23.php

    Quelle loi permettrait d’ailleurs à un fusible, baisé et/ou consentant, de sauter face à un Guéant… lui même en service commandé de la nouvelle « division manipulation »: Dans un cabinet noir de l’Elysée???

  11. markus

    Là, je reste le c_l à même le sol. La déontologie! C’est quoi cette mascarade. Il y a le CP et le CPP.

    Je ne crois pas aux indics. Par contre, je me suis toujours méfié des supers enquêteurs qui ont des tuyaux pleins les poches et qui trouvent toujours des solutions. En fait les rois de la magouille. Vous allez nous faire croire que dans l’actualité de ce jour, les enquêteurs qui ont identifié les malfrats braqueurs (tueurs) avaient des indics? J’en doute.
    Je reste persuadé que le métier d’enquêteur n’est pas un travail de solitaire. C’est un travail d’équipe. Par contre, trouver des équipiers ainsi que des chefs à la hauteur, c’est autre chose et c’est bien là que réside le tendon d’Achille.
    Je n’exprime que mon opinion.

    • Péhène

      « Je ne crois pas aux indics. »
      Même si je ne travaille pas avec des indics, j’y crois tout de même un peu, comme je crois d’ailleurs au respect des règles juridiques et déontologiques propres à notre profession.
      Pour traiter des affaires de vol à la tire ou de violences conjugales, en effet pas besoin d’indics. Dans d’autres domaines (et tout particulièrement le stup), je vois mal comment s’en passer. La difficulté, c’est de savoir les gérer.
      Quant à Achille, vous êtes sûr que son problème venait de son tendon ?

      • markus

        @ Péhène, j’ai passé quelques mois, sur Saint Denis pour justement des affaires de trafics de stupéfiants. Entre les écoutes, les filoches et autres planques, nous n’avons jamais utilisé des indics. Par contre nous allions à la pêche au renseignement.
        Ce matin j’entendais, sur une radio les auteurs d’un bouquin sur le 36 du quai des Orfèvres. En résumé, ils mettaient en exergue une mère maquerelle…….
        Le brave Achille était bcp plus fragile du talon que du tendon. Mais bon il avait une certaine fragilité sous la cheville.

  12. Rémy

    Protéger un indic, soit, on ne peut pas s’en passer ; mais autoriser l’espionnage de fadettes sans autorisation judiciaire, certainement pas !

  13. titi

    Tous les jeunes, et nous l’avons tous été, trouvent que les méthodes « à la papa», à l’ancienne donc, sont dépassées et cela, dans la plupart des métiers …
    Nous avons tous évolué, à notre mesure, les autres aussi, les méthodes, les techniques, les procédures…les limites …et l’on se sent à jeter …alors qu’avec nos bonnes vieilles habitudes qui donnaient de sacrés résultats…comme nos parents, avant nous…avec leurs méthodes…
    La société change vite et c’est parfois extrêmement brutal, douloureux, de le constater
    Sont-ils « à jeter » tous ces flics qui ont tant aimé leur métier ??? qui y ont laissé parfois leur vie familiale…et un peu de leur âme…
    Bien sur que non, mais ils sont et restent des Hommes avec leurs qualités et leurs faiblesses , comme tous les hommes…et ils ont toujours la charge de l’expérience, le contenu du bâton de témoin à transmettre…
    Ce qui n’a pas changé, c’est l’immense espoir qu’ont la majorité des citoyens en leur Justice et en leurs policiers quand ils sont dans les drames, pour arriver à les dénouer…
    Il peut arriver que cette attente, cette confiance étant si grandes, qu’elles peuvent engendrer des douleurs, aussi inutiles que supplémentaires, si on en arrive à trébucher …ou à une trop grande « solidarité »…
    Alors, on espère dans tous les autres, qui font leur boulot, sans forcément les moyens appropriés, pour continuer le turbin et essayer de faire vivre la Paix, la Justice et la Démocratie dans notre beau pays…

  14. Desespérant

    C’est quoi la morale populaire et la religion???????

  15. Desespérant

    (Tout en les encadrant sur le plan de la déontologie et du droit) Et ce code de déontologie aurait quelle morale???? On peut faire ce que l’on veut ,ce qui est moral pour certains ne l’est pas pour d’autres. Les policiers à leur place. IRREPROCHABLES PAS DE MAGOUILLES.

    • Soph'

      Je ne connais aucun être au monde qui ne soit irréprochable. C’est quoi être irréprochable ? Vertueux, avec ses 13 « préceptes-qualités » énoncés dans le dictionnaire.

      C’est rigolo ce chiffre 13 !

      Être Vertueux, c’est à la fois rassembler les principes de la morale populaire et de la religion.

      Je peux entendre qu’on demande à un individu qui représente la loi de se montrer « infaillible ». Mais quoi ? Alors, au fil du temps, cet individu ne changerait donc jamais. C’est à dire qu’il stagnerait au milieu d’un monde en pleine évolution, une morale en pleine mutation ?

      Au mieux, finirait-on par penser que « la police est vieillotte ». Et il ne faudrait pas longtemps, au rythme où vont l’Europe et le Monde.

      Être vertueux, pour un flic, c’est ne faire preuve d’aucune adaptabilité. C’est être un médecin à l’ancienne, un chirurgien qui ne se laverait pas les mains ni ne mettrait de gants avant une opération.

      Qu’attend-on des flics, en fait ? Ils ne font pas QUE représenter l’ordre. A mon sens, c’est au fond de nous qu’il faut chercher le pourquoi de nos attentes, et leurs représentations.

      Machin a failli : très bien, qu’on lui coupe la tête. Et après ? Qu’est-ce qu’on fait ? Résoudrait-on ainsi le complexe problème sociétal et humain ? Qui va aller prendre sa place ?

      Imaginez-vous que, dans le milieu, les types sont niais ?

      – « Bonjour, je m’appelle le commissaire les dents. Je sais que vous magouillez.
      – Très bien machin, prouve-le. Sinon, ça s’appelle de l’atteinte à l’intégrité morale et c’est pénalement répréhensible.
      – Non, mais…. ce que je voulais dire c’est : t’accepterais de me donner un ou deux michetons, ou alors, l’adresse de ton prochain casse ? Tu veux bien me dire d’où vient la Coco ?
      – Oh, bin ui, regarde M’sieur le commissaire à rien. Premier tiroir à droite dans mon bureau Louis XV. Tu sais, c’est l’ancien meuble qui sert à rien, comme toi, quoi ».

      Mais au fond, que celui qui a toujours été irréprochable, même dans sa vie privée, que celui-là, lance le premier commentaire.

      Après, ça sert pas à grand chose de l’ouvrir et de pleurer sur les gosses qui se cament !

      Eh Maître Mô, ‘sont trop drôles tes billets. Tous ces commentaires derrière l’écran me font penser à rien d’autre, ni personne, que l’indifférence « préconçue » de nos rues !

      Allez, jactez ! je ne répondrai plus. C’est à pleurer ! l’humanité n’avancera donc jamais.

  16. come

    Je suis un peu étonné de ce billet. J’adhère habituellement aux points de vue développés par ce blog mais… pas là !

    On ne peut pas poser le principe même d’une zone « hors la loi » autorisée aux représentants de la loi. On peut l’admettre sans l’avouer (comme pour l’euthanasie par exemple), analyser les situations qui ressortent avec intelligence et compréhension – mais pas acter formellement de ce principe et l’encadrer.

    Le monde est déjà si complexe à lire, et les système de valeur ont perdu tant de robustesse, que rajouter du flou ne peut à mon sens pas faire de bien. Au contraire, forcer la simplicité peut avoir de la vertu, de la valeur.

    Pour finir, face à l’argument « on n’a pas fait mieux (que le système des indics et l’insertion dans les « milieux ») », je dirai aussi que les grandes réussites ne sont pas forcément satisfait que de cela…? Cf. l’ETA : certes, l’infiltration du milieu a joué pour beaucoup mais c’est aussi l’asphyxie du système par l’implacabilité politique et financière qui a permis de déboucher sur la conclusion de la semaine dernière…?

    Je ne suis même pas un néophyte dans le sujet tellement j’y suis nul => je ne cherche pas à dire mieux que le commissaire Moréas, mais juste que pousser à expliciter des zones hors la loi pour ceux qui doivent la défendre et la représenter me choque – et je pense que d’autres voies doivent être possibles.

    • Soph'

      Lesquelles… d’autres voies ?

    • Clafoutis

      Juste une remarque concernant l’ETA : son abandon de la lutte armée coïncide avec la chute de Kadhafi. Plus de financement; plus d’approvisionnement en armes.
      Simple hypothèse…
      J’adore les coïncidences.

      • untel

        Voyez-vous une relation entre le décès de Amadou et celui de Kadhafi ? Moi, je demande.

  17. Gilbert Duroux

    Georges Moreas : « Mais peut-être envisage-t-il une règlementation dans la gestion des indicateurs, une sorte de mode d’emploi qui s’imposerait aux policiers et dans le même temps les protégerait de toutes mauvaises interprétations. Comme de se voir poursuivre pour association de malfaiteurs ».

    Celle là, c’est la meilleure. Suffirait donc que les policiers soient pas concernés par les lois ordinaires. Vont s’en donner à cœur joie, les flics ripoux. Qui n’existent que dans l’imagination des écrivains ou des scénaristes, à en croire le très confraternel commissaire Moréas (à croire que le tenancier de ce bouclard en croquait, lui aussi).

  18. untel

    Petite resucée d’un commentaire ancien :

    Les JIRS, structures discrètes, mises en place en octobre 2004, regroupant des magistrats du parquet et de l’instruction, entourés d’experts sont habilitées à « autoriser des policiers ou des gendarmes à commettre des actes qui, sans leur accord formel, seraient considérés comme tombant sous le coup de la loi ». (citation du commissaire Moréas)

    La loi interdisant les pratiques « à l’ancienne » s’est donc accompagnée de la mise en place de structures permettant leur remplacement par des méthodes légales, organisées et contrôlées.

    Ainsi, la disparition des pratiques « à l’ancienne » ne s’accompagnera pas forcément d’un affaiblissement de la lutte contre la criminalité, mais d’une meilleure organisation d’où il résultera éventuellement une efficacité accrue.

    La Police serait bien le seul espace ou le « bricolage » l’emporterait sur l’organisation et la concertation. J’insiste sur la concertation. Aujourd’hui, il n’y a plus de surhomme qui fait tout très bien dans son coin. Les décision collégiales l’emportent dans tous les secteurs sur les francs-tireurs. La fin d’un monde, certes, mais un meilleur qui se profile.

    Nous sommes dans une époque de transition. Comme le dit le commissaire Moréas, il importe désormais « de mieux en fixer les règles afin que les policiers ne puissent plus être victimes d’une mauvaise interprétation de leurs actes. »

  19. sukhoi

    les flics corrompus seraient « agressés par les juges ».
    Mais qu’es ce que c’est que cette blague?

    Les juges n’agressent personne…ils appliquent la Loi que vous soyez flic ou voyous. Ceux qui agressent ce sont souvent les policiers par des mesures de cohercition en arrêtant les suspect avant même qu’ils ne soient jugés, déclarés coupables…mesure de privation de liberté.

    Je dis oui à la Police qui fait son travail dans les règles…je dis non aux flics ripoux voyous…ces derniers doivent être bannis de la république et sévèrement chatiés (plus que les citoyens ordinaires car ils ont des postes qui ne sont pas ordinaires).
    Un flic n’a rien à faire avec les voyous…son job, c’est de les mettre hors d’état de nuire dans le cadre d’une enquête ou dans le cadre de flagrant délit.

    Il ne peut y avoir de mélange des genres. Un flic, ça représente l’Etat et ses Lois Pénales…ça ne peut pas commettre des délits…ça ne peut pas obtenir des faveurs du milieu de la pègre…

    Je ne conçois la Police qu’en étant composé d’Hommes et de Femmes propres…honnêtes.

    • El

      Par hasard, et honnêtement, vous ne seriez pas magistrat ?
      Sinon, c’est vrai que ce serait pas mal d’arrêter les suspects autrement qu’en faisant preuve de coercition…Prenez-en de la graine les poulets, le Maître a parlé !..

      • Pable Calandre

        Oui, el a raison, les flics doivent être au dessus des lois et des juges. Sinon, comment k’ils vont faire pour arrêter les voyous, hein?
        Et pas la peine de me sortir els exemples des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, ça marche pas avec moi. Un pouvoir fort et qui fait peur, ya que ça qui nous apportera la sécurité.

        • El

          Ah nan, jamais dit ça…Mais évidemment que sans coercition, vous ne pourrez arrêter que les vendeurs de bouteilles d’eau devant le Louvre… La coercition est une agression maintenant ?

          Décidément, on en apprend tous les jours…Commencez par apprendre vos lois. Les flics sont jugés comme les autres quand ils les violent, Neyret ne dort-il pas en prison ? Il n’empêche, n’étant pas jugé encore, sa culpabilité dans ces affaires reste tout à fait hypothétique.

    • Péhène

      « Ceux qui agressent ce sont souvent les policiers par des mesures de coercition en arrêtant les suspect avant même qu’ils ne soient jugés… »
      Excusez nous de faire des enquêtes pour déterminer le degré d’implication d’un suspect dans une affaire, et ce avant tout jugement. Les citations directes, c’est sympa, mais un peu limité.

      • sukhoi

        Ha Péhène, pure rhétorique de ma part à l’encontre de l’auteur de ce billet qui indiquait que les « Juges agressaient les policiers »
        Dans le même ton, j’ai indiqué que les policiers agressaient les prévenus.

        Intéressant de voir que vous n’avez pas relevé ce fait…

        Ce billet fait référence au grand policer de la région lyonnaise qui a été arrêté…
        Je suis désolé mais un type qui a ses entrées avec le milieu, un type qui jouit de prérogative dans le milieu…ce type est du milieu…qu’il soit flic ou pas.

        Un Policier se doit d’être irréprochable…à défaut, ça ne peut pas marcher avec la population.

    • hpa

      Vous dites, sous le couvert protecteur de l’anonymat, n’importe quoi : « en arrêtant les suspect avant même qu’ils ne soient jugés » ! Expliquez moi comment juger quelqu’un avant le l’arrêter ? Propos haineux excessifs et insignifiants.

  20. El

    Bah, déjà qu’apparemment 1/3 seulement des forces de la police serait sur le terrain, il faut compter que cela devienne de plus en plus comme l’exemple cité par vos soins plus haut, et d’autant plus avec l’informatique sur les nuages…

    Franchement, bon courage à ceux qui sont flics ou veulent le devenir, avec tout ce qu’on entend au quotidien et tout ce qu’on peut lire… À ce rythme et même avec un second mandat pour ce président, on sent qu’il va s’en passer des choses^^, surtout pour ce qui n’est pas de la prérogative de la police (incivilité) et dont elle est pourtant amenée à s’occuper…

    En revanche, je vois un gros avenir pour la police type refoulement des Grecs sur les barricades en France…Gros avenir !

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