La sécurité du site – Après la guéguerre des chimistes, le président Le Monnyer est bien décidé à comprendre : l’usine AZF était-elle aux normes d’un site classé Seveso ? Le personnel était-il formé ? Les consignes de sécurité étaient-elles appliquées ?… Autant d’éléments qui déterminent la responsabilité des patrons.
Le journaliste Jean-Christian Tirat suit le procès pour nous. Il nous résume les audiences de la quatrième semaine, telles qu’il les a perçues.
(Tour urée, photo Pierre Sanyas)
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La CGT monte au créneau
Sociologue à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), Annie Thebaud Mony est citée par la CGT dans le cadre du chapitre traitant de la sécurité de l’usine. Chercheur en santé publique, elle milite pour l’amélioration des conditions de travail. Selon elle, la sous-traitance mettrait en péril la sécurité des travailleurs. Or AZF faisait appel à 238 entreprises extérieures. Serge Biechlin, l’ancien directeur du site, explique : « Notre cœur de métier, c’était la production, pas la gestion des déchets. Il était donc logique de faire appel à des sociétés spécialisées dans ce domaine. C’était un gage d’excellence ».
Sur le même thème, Philippe Saunier, élu au CHSCT (Comité hygiène et sécurité) du groupe Total, est lui aussi cité par la CGT. Il enfonce le clou en décrivant les conséquences de la sous-traitance : « 80 % des accidents graves et mortels sont subis par des personnels sous-traitants, les intérimaires, dans mon usine Petrochemicals à Gonfreville (du groupe Total) ». Prudente, l’avocate de la CGT, Me Sylvie Topalov, devance les questions de la défense : « Je n’ai pas demandé à Philippe Saunier de venir témoigner pour dire que ce qui se passe à Gonfreville ». En résumé, il faut retenir qu’en 1980, AZF employait 1450 personnes. En 2001, ils n’étaient plus que 450, avec l’intervention de 238 entreprises sous-traitantes.
Le sujet est important puisque le procureur de la République Paul Michel (Ndr : nommé procureur général de Bastia le 15 novembre 2007), a retenu, dans son réquisitoire du 15 juin 2007, une infraction au code du travail contre l’entreprise Grande Paroisse, pour « marchandage en ayant recours à l’occasion d’une opération à but lucratif à la fourniture de main-d’œuvre qui a eu effet de causer un préjudice au salarié qu’elle concerne ». L’affaire a été classée.
L’accusation marque un point.
Une certification environnementale unique en France…
Christophe Leulart est responsable de l’Afnor, l’Agence française de normalisation. Il explique au tribunal à quoi correspondent les normes ISO. C’est l’entreprise qui demande la certification. Elle est obtenue ou pas selon les résultats de l’audit. Le site de Toulouse est l’un des premiers sites chimiques français à avoir été certifié ISO 14001, ce qui correspond à « la gestion environnementale en situation normale et accidentelle ». Cette certification a toutefois été suspendue pour deux mois en 2001. « Pourquoi ? » demande Me Levy, partie civile. « Cela ne concernait pas la sécurité », répond M. Lelart.
Mais une certification suspendue… Cliquer ici pour lire la suite.