L’affaire DSK attire notre attention sur les coulisses des grands hôtels. Que se passe-t-il dans ce monde feutré où se côtoient de richissimes clients et des employés au salaire modeste ? Existe-t-il des relations particulières entre  les points de chute des grands de ce monde et les services de renseignements ? Les policiers sont-ils parfois amenés à fermer les yeux sur certaines pratiques pour obtenir des informations ou pour éviter des incidents diplomatiques ?

Inutile de se voiler la face, on sait bien qu’il se passe des choses bizarroïdes dans les palaces. Et cela, quelle que soit l’enseigne.

Si l’on en croit certains médias américains, Nafissatou Diallo monnayait occasionnellement ses charmes auprès de clients fortunés. Autrement dit, elle michetonnait. Je ne connais pas la législation américaine, mais en France, pour de tels faits, le responsable d’un hôtel est considéré comme un proxénète. Il tombe sous le coup de l’article 225-10 al.2 du Code pénal. Dix ans de prison et 750 000 € d’amende pour qui accepte ou tolère qu’une personne se livre à la prostitution à l’intérieur de l’établissement qu’il dirige. À noter que la personne morale, c’est-à-dire l’entreprise, peut également être poursuivie.

Bon, on imagine assez mal le PDG d’Accor (4 200 hôtels de par le monde) sur le banc des accusés…

Aujourd’hui, dans l’affaire DSK, on peut émettre plusieurs hypothèses, valables, que la femme de chambre soit ou non une prostituée :

1 – Mme Diallo a réellement été agressée. Quel que soit son passé et ses affabulations, elle a dit la vérité sur ce fait. Cette version est de moins en moins crédible.
2 – Il y a eu des relations sexuelles, tarifées ou pas, et elle décide de bâtir le scénario d’une agression pour en tirer profit. Ce qui pourrait coller avec le coup de fil passé à son ami.
3 – Elle a été manipulée. On l’a mise entre les pattes de DSK, et là, on rejoint la thèse du complot. Ce qui n’est pas absurde lorsqu’on sait que les grands hôtels sont souvent infiltrés par les services de renseignements. D’autant que M. Strauss-Kahn était attendu et son emploi du temps programmé. Hypothèse aujourd’hui envisagée en filigrane par deux députés socialistes. Et formellement démentie par le groupe Accor.

Dans cette enquête, les policiers sont partis sur un a priori, comme c’est souvent le cas lorsqu’il s’agit d’affaires de viol ou de pédophilie : tant ces actes sont révoltants que l’on y perd son objectivité. On peut d’ailleurs noter que Lisa Friel, la patronne de l’Unité des crimes sexuels de la police new-yorkaise, vient de démissionner de ses fonctions. (Oui, je sais, cela nous laisse rêveurs…) La dépêche AFP parle d’une troublante concomitance, « sans savoir si cette démission a un lien direct avec les nouveaux rebondissements que connaît l’affaire DSK ».

Aussi peut-on parier que les enquêteurs vont tout mettre en œuvre pour réparer leur bévue. Et si l’on en revient aux deux dernières hypothèses, ils vont nécessairement gratter très fort du côté de l’hôtel. En effet, il va falloir que les collègues de la femme de chambre et ses employeurs s’expliquent, alors que l’on sait à présent qu’ils ont au moins menti sur le timing (puisqu’elle a fait une autre chambre après). Ou pire, si l’on admet qu’elle arrondissait ses fins de mois à sa manière. Car dans ce cas, ils ne pouvaient l’ignorer. Alors, pourquoi seraient-ils entrés dans son jeu ? Pas à dire, il y a quelque chose qui ne colle pas dans tout ça.

Et l’on en revient à cette question : que s’est-il réellement passé avant que la direction de l’hôtel ne se décide à appeler la police ?

_____

Sur ce blog et sur le même sujet :
Trop d’invraisemblances (17 mai)
Cette heure perdue (26 mai)
_____