« C’est pour la PJ que j’ai passé le concours de commissaire de police », me dit Yves Jobic, qui vient de publier ses mémoires : Les secrets de l’antigang, flics, indics et coups tordus, Plon, 2022, écrit en collaboration avec Frédéric Ploquin.
Après des études de droit à Bordeaux, à l’âge de 25 ans, il termine major de sa promo, la 33e ; tous les postes lui sont donc ouverts. Il aurait pu rester près de chez lui, mais sans hésiter, il choisit Paris, peut-être pour être « au centre des choses », comme disait Camus. En tout cas, s’il cherchait une vie d’aventure, il a été servi. Il a même connu la prison : cellule C 415, à Bois-d’Arcy.
C’était le 22 juin 1988 : neuf mètres carrés, un lit métallique, une petite table, un WC, un lavabo, une fenêtre ovale en partie occultée par des lames d’acier horizontales et des murs couleur de rien bardés d’inscriptions. « L’une d’elles me fait sourire : Mieux vaut mitard que jamais ! » C’est le QI (?), le quartier d’isolement, au quatrième et dernier étage de cette prison récente où séjournent les habituels clients du commissaire en attente de jugement. Derrière les murs, la rumeur s’est vite répandue… Au petit matin, Jobic est réveillé par des cris : « Fils de pute ! Pédé de flic ! – Bravo Hayat, envoie tous les flics au trou ! ». Jean-Michel Hayat, c’est le juge d’instruction qui a placé Jobic en détention – contre l’avis du ministère public – pour proxénétisme et corruption. « Tu te rends compte, me dit-il, dans la perquise, chez moi, comme il n’a rien trouvé, il a saisi un « Que sais-je ! » sur le proxénétisme… » Son histoire est méandreuse à souhait. Elle fleure le règlement de comptes dans le quart monde du business du sexe, et notamment de la rue de Budapest, dans le 9e – Buda pour les initiés. Un coupe-gorge qui s’ouvre par une arche sur la rue Saint-Lazare, en face de l’immeuble où Charlie Bauer, le complice de Jacques Mesrine, avait trouvé refuge. Là où les filles de joie (la joie des clients s’entend) sont sous la coupe machiste du banditisme de ces années-là : si t’as pas de filles au tapin, t’es rien ! Buda, c’est un peu la Cour des Miracles, on y trouve de tout : des putes, des julots, des voleurs, des michetons, des dealers, des camés…, et les braves gens qui viennent pour le folklore ou pour acheter le dernier Leica « tombé du camion ». Et sous le vernis, on y trouve aussi des indics : c’est le terrain de chasse du commissaire.
Yves Jobic est accusé d’avoir touché de l’argent des prostituées, de leurs protecteurs, des tenanciers d’hôtel, ou de je ne sais trop qui, et d’avoir planqué cet argent sale en Algérie. Je simplifie. Le jour du procès approche. Continue reading
11 réponses à “Yves Jobic : une vie d’aventure en PJ”
”Depuis les années 2000, les VOYOUS ne craignent plus la POLICE” – Yves Jobic ex-patron de la BRB
https://www.youtube.com/watch?v=wttjbrVhGM8
J’ai lu son livre ! Il faut savoir une chose car J’ai eu affaire à Jobic et son dada était de tourmenter la communauté maghrébine.
Tout le monde sait que Jobic a des idées d’extrême droite et que ces méthodes etaient limites .
J’avais écris que c’était un flic qui hanté mes nuits mais il sait aussi que je suis l’un des rares à qui il a » félicité » ma résignation pendant les interrogatoires.
Ils nous a emmerdé nous les arabes et c’était pas seulement des affaires de police.
Si cela était vrai, ça se saurait…
Non, je pense que, comme vous avez eu l’occasion de le croiser, c’était dans des circonstances inconfortables, même si l’objet n’était pas grave, personne n’est à l’aise dans locaux de la Police, ni même les policiers eux-mêmes. Et je le comprends.
C’est certainement cela qui vous pousse à cet avis.
Mais JOBIC raciste !!??
Ses idées politiques sont incompatibles et tout le monde le sait.
Je connais sa famille et ses amis, comme tous ceux qui ont travaillé avec lui et ça n’est pas la spécialité de la maison.
Je ne suis pas étonné qu’il vous ait félicité.
Robert BROUSSARD a partagé une coupe de champagne avec J. Mesrine. On est dans le style, à une autre époque…
Enfin, je suis très bien placé pour ne pas être d’accord du tout avec cela.
Néanmoins je peux dire que la seule catégorie de personnes qu’il n’aime pas et qu’il a tourmentée, ce sont les voyoux, les bandits, et quelques soient leur nationalité, origine ou religion.
Mais tout le monde a le droit d’avoir un avis, c’est libre…
L’honneur du policier existe.
Et la présomption d’innocence aussi…
Le rapport ? C’est précisément ce qui a poussé ce grand Commissaire de Police, inmpartial, professionnel, passionné qui a mérité sa place, après avoir été major de sa promotion, à la tête de la première unité d’intervention et de police judiciaire en Europe, a raconté son histoire. Hors, le Droit français garantit nos droits s’il n’y a pas de preuve de culpabilité. C’est ce à quoi les « voyoux » ont droit aussi. Tout le monde y a droit.
Monsieur JOBIC, « Patron » comme je le surnommait avec mes collègues de la BRI, est un vrai Monsieur passionné par son métier, par la matière PJ. Il a confié qu’il avait opté particulièrement pour son cursus d’études de Droit brillantes d’ailleurs dans l’unique dessein d’être policier en direction judiciaire. Si cela n’est pas une vocation, il n’y aura jamais eu de vrai Commissaire alors.
Soit, je respecte les avis et jugements des uns et des autres.
Très chers blogueurs, internautes, lecteurs, je souhaitais témoigner personnellement de la personnalité du Commissaire JOBIC.
En effet, lorsque je suis arrivé postulant à l’Anti gang, on m’a dit, « tu sais la BRI, c’est chaud, les mecs c’est l’élite, on les connaît pas, on les voit pas, tout ce qu’on peut te dire, c’est le nom
du Patron, c’est JOBIC, Mais tu sais Saïd, pour être pris à la BRI, faut vraiment avoir beaucoup d’expérience de terrains, ces flics sont les meilleurs, donc réfléchis bien avant de griller une cartouche, le stage est très sélectif et très dur. »
Alors, avec mon expérience modeste mais réelle, j’ai osé.
Et le commissaire JOBIC m’a reçu avec ses chefs de groupe.
J’avais une grosse pression.
Ils m’ont posé tour à tour des questions personnelles et professionnelles. Normal. La matière est trop sensible et ses missions trop périlleuses. Et j’ai compris plus tard le système de recrutement. C’était un système fiable.
Bref, finalement, c’est bon !
Le patron a tranché avec ses chefs de groupe, je ferai mes preuves en stage. Le graal, presque celui des chevaliers de la Table ronde…
J’étais très fier. Et savez-vous pourquoi en particulier, c’est que j’ai été le premier « reu-beu », Beur, ou beurre, comme vous le souhaitez, à intégrer l’Anti Gang. C’est pour moi, historique. Et aussi pour les flics de la BRI.
J’ai donc fait partie de cette tranche historique de la vie de mon Patron, en particulier à l’occasion de l’affaire BONAL, ou du « Chinois ».
Je ne le remercierai jamais assez, je remercie aussi tous ses chefs de groupe, je me souviendrai toujours de notre barrage humain symbolique de protestation et protégeant notre Patron, pour refuser qu’il soit limogé sans motif valable à l’époque. Pourtant, c’est bien grâce à lui, à son commandement qu’on a pû interpeller « Le chinois » et tous ses complices dans un temps très court après ce flag meurtrier et abjecte.
Je remercie donc tous ceux qui auront témoigné honnêtement de ce qu’était Yves JOBIC.
Il a opté pour réciter son histoire, cela mérite en plus un très bon film, non seulement un livre.
Il ne s’agit pas de fausse modestie, car ce serait mal le connaître.
Tout le monde sait qu’il n’a jamais donné d’interview, pas de reportages, pas de livres, rien !
Malgré toutes les belles affaires à son actif, tous « les beaux mecs » interpellés en flag selon le traditionnel savoir faire « BRISTE », il a toujours fait preuve de discrétion.
Il faut dire que dans ce service, c’est mieux quand même…la discrétion.
Bravo Patron ! Respect !
J’invite donc tout le monde à lire, à se remettre dans le contexte de la fin des années 80, fin des années 90.
Merci Patron pour votre confiance, merci pour tout ce que vous avez mené et amené à la PJ Parisienne. Vous aurez toujours le retour des policiers que vous avez commandés et vous le savez. J’ai passé 20 ans à l’Anti Gang et c’est grâce à vous.
Cet ouvrage, c’est aussi 17 jours en prison pour rien, ou pour tout…
Indemnisé, réintégré, excuses d’état…
Vous avez fait le bon choix quant à cette œuvre.
Fier de vous, et très heureux que vous ayiez fait ce choix d’écriture que vous sied si bien.
Maintenant, tout le monde sait.
Je m’incline devant votre écriture, je sais que vous êtes littéraire. Ce livre est d’une très belle plume.
Respectueusement
Saïd.
Le fait qu’il tourmenter la communauté maghrébine vous a échappé !
…Je ne visais pas particulièrement Yves Jobic dont je sais, pour l’avoir croisé à moult reprises, qu’il était fort courtois…et discret… à la différence de certains de ses homologues qui, à les lire, ont inventé la Police Judiciaire et révolutionné le concept d’enquête…et gagneraient à se rappeler ce qu’ils doivent à leurs collaborateurs et qu’en PJ, seul le collectif importe..
L’honnêteté commande toutefois de préciser que le syndrome du « grand flic » (çà va les chevilles les gars?) ne frappe pas que le corps des commissaires..:-)
En tant qu’ancien Commandant de police , chef de groupe en PJ , ayant travaillé sous les ordres d’Yves JOBIC, je peux témoigner qu’au-delà de ses grandes compétences techniques, juridiques et managériales, il a toujours mis en exergue le groupe lors de NOS succès. C’est aussi beaucoup pour cela que ce « grand flic » a tant de crédit aussi bien auprès de ses pairs.!
Curieux cette propension, chez beaucoup d’anciens chefs de service, à se répandre dans de fort dispensables mémoires…..Curieux phénomène également que les mêmes se retrouvent souvent affublés du qualificatif de « grands flics »..:-) , après avoir soigneusement orchestré la starification de leurs petites personnes, en oubliant allègrement qu’en PJ on chasse en meute, et que le vedettariat n’a pas sa place dans le paysage…
Vanité et nostalgie, quand tu nous tiens…:-)
Certes beaucoup d’anciens flics sont tentés par l’écriture de leurs souvenirs, et notamment des illustres commissaires qui ont été en charge de services prestigieux. Des commissaires qui ont d’ailleurs profité largement de la médiatisation.
Ce qui n’est précisément pas le cas de mon ami Yves Jobic puisqu’il n’a jamais cherché à s’exposer lorsqu’il était en activité, et notamment à la fameuse BRI (antigang) où j’ai eu l’honneur et le plaisir de travailler sous son autorité. C’était un chef de service proche de ses collaborateurs, à l’écoute et humain.
Aujourd’hui il publie un livre qui a pour vocation de raconter les coulisses de la police et en particulier de la BRI et non pas de prendre la lumière. Ça en fait un livre passionnant même pour le lecteur que je suis, qui a pourtant eu à connaître bon nombre d’affaires racontées par l’auteur.
Et puis on nous dit pas tout ! Combien de fois la limite a été dépassé.
Car certains parce qu’ils étaient tamponné BRI prenaient des licences.
Et tourmenter certaines communautés.
Un grand flic pour moi c’est celui qui s’est toujours respecté dans son éthique et qui ne prenait pas des méthodes de voyou pour reglé des affaires pour se faire mousser .
Les grands flics se comptent sur une seule main.
C’est ces flics que j’ai toujours respectés ces grands seigneur de guerre comme je les appellent.
Excellente approche de ce livre que je lirai obligatoirement.