Il y a quelques jours, l’avocat de Yoni Palmier a déposé une plainte contre X pour violation du secret de l’instruction. Yoni Palmier, c’est l’individu soupçonné d’être l’auteur des quatre meurtres commis dans l’Essonne, entre novembre 2011 et avril 2012. Or en juillet dernier, il a reçu une lettre de l’une de ses connaissances qui s’accuse de deux de ces meurtres et affirme avoir commandité les deux autres. L’information avait été tenue secrète. Mais récemment, elle est parue dans la presse, ajoutant encore un peu de mystère à une enquête criminelle particulièrement tortueuse. Une enquête où chaque nouvel élément semble vouloir contredire le précédent.
Le 27 novembre 2011, Nathalie Davids, une jeune femme de 35 ans, laborantine à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, est retrouvée agonisante dans le parking de son immeuble, à Juvisy-sur-Orge, dans l’Essonne. Elle a reçu sept balles de calibre 7.65 mm, dont une dans la tête. L’assassin a probablement vidé son chargeur. On peut donc penser à un tir de panique ou d’acharnement. La victime décède à l’hôpital sans avoir repris connaissance. L’enquête menée par la police judiciaire de Versailles (service compétent sur la grande couronne parisienne) progresse rapidement. Dans la semaine qui suit, un homme est arrêté. Il s’agit de Michel Courtois. Amoureux éconduit, il harcelait Nathalie au téléphone. Lors de sa garde à vue, il reconnaît les faits. «J’ai fait tout ça par amour », dira-t-il lors de son audition. Après avoir emprunté une moto à des copains de bar, il aurait suivi une voiture pour s’introduire dans le parking, en prenant soin de placer un bout de scotch sur la cellule électrique de la porte pour assurer sa retraite. Ensuite, il se serait dissimulé, attendant le retour de sa maîtresse. Un véritable guet-apens. Donc, un assassinat. D’une manière plus ambigüe, d’après Le Monde, il aurait déclaré : « Je pense que c’est moi qui ai tué Nathalie, parce que tous les éléments qui sont à charge contre moi tendent à prouver que je suis l’auteur de l’assassinat ». Une phrase que l’on sent bien dans la bouche d’un policier mais qu’il est difficile d’envisager dans celle d’un suspect… Le seul élément matériel contre lui provient de l’analyse de vêtements et d’un sac sur lesquels des traces de poudre auraient été découvertes. Une contre-analyse n’a cependant pas permis de trancher quant à l’origine de ces traces.
La presse a présenté Michel Courtois, âgé de 46 ans, comme un homme un peu « simplet ». Pourtant, sur cette vidéo de TF 1, il est bien loin de l’image que l’on a donnée de lui. Il dit qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive… De fait, rapidement, il s’est rétracté, disant avoir subi des pressions policières. Son avocat, Me Yassine Bouzrou, va plus loin. Il estime que les aveux lui ont été « extorqués ». Ce qui n’est pas l’avis de sa consœur, Me Sarah Valduriez, qui assistait Michel Courtois durant la garde à vue. Elle a déclaré au JDD : « J’étais avec lui lors de toutes les auditions. Les policiers ont toujours été très respectueux (…) Il a avoué en ma présence, je lui ai même demandé s’il savait ce qu’il faisait. De toute façon, tout a été filmé. » Voilà de quoi convaincre les OPJ encore récalcitrants de l’utilité de l’avocat durant la garde à vue…
En tout cas, pour le meurtre suivant, le 22 février 2012, Michel Courtois a un alibi : il est derrière les barreaux. Cette fois, c’est le voisin de Nathalie Davids qui est visé, Jean-Yves Bonnerue, un cadre technique de 52 ans. Il est abattu dans ce même parking alors qu’il est penché sur le coffre de sa voiture. Une balle dans la tête. Même calibre. C’est lui le premier qui avait découvert Nathalie baignant dans son sang et qui avait appelé les secours. C’est d’ailleurs lors de son audition que les enquêteurs ont appris l’existence de Michel Courtois. D’une certaine manière, il les a mis sur la piste.
De toute évidence, ces deux meurtres sont liés. D’autant, on l’apprendra par la suite, qu’ils ont été perpétrés avec la même arme : un pistolet automatique de calibre 7.65.
Un mois plus tard, le 17 mars, à Ris-Orangis, c’est un retraité de 80 ans qui est tué d’une balle dans la nuque dans le hall de son immeuble. Puis, le 5 avril, à Grigny, c’est le tour d’une mère de famille de 48 ans. Elle n’est pas agressée, juste trois balles dans la tête, alors qu’elle pénètre, elle aussi, dans le hall de son immeuble.
Rien ne relie ces deux crimes aux précédents, si ce n’est le rayon d’action et l’arme utilisée.
La PJ de Versailles met le turbo, d’autant que l’affaire Merah a traumatisé la France entière. Une centaine d’enquêteurs sont sur le coup. Le 6 avril, les policiers lancent un appel à témoins pour retrouver une moto de marque Suzuki de couleur bleue et blanche sur laquelle le meurtrier aurait pris la fuite, après avoir tiré sur cette femme, à Grigny. Ce sont des jeunes de la cité qui ont rapporté la chose aux policiers. Et les motos, ils connaissent suffisamment pour fournir des détails précis. Les magasins spécialisés du département sont visités un à un, le fichier des cartes grises est passé au crible… Le propriétaire de l’engin est finalement retrouvé. Il est inconnu des services de police. Mais, à l’adresse indiquée sur le document, vit Yoni Palmier. Et son profil colle bien à l’enquête. Les planques commencent. Il s’agit de ne pas lui donner l’alerte et d’éviter le scénario de Toulouse.
Huit jours plus tard, il est cueilli en douceur alors qu’il sort du domicile de ses parents. Dans son box, on retrouve la moto. C’est un homme de bientôt 34 ans, né dans le Val-d’Oise, de parents antillais. Il a déjà été condamné pour violences et plusieurs fois pour le délit de port d’arme de 6° catégorie. Officiellement, il subsiste grâce à « diverses allocations », comme dit la procureure d’Évry, mais son train de vie ne correspond pas. C’est en recoupant ses déclarations que les policiers sont amenés à perquisitionner dans un lieu où il a autrefois vécu, et dans lequel ils vont découvrir, dans une poubelle, une douille percutée qui provient de l’arme des crimes. Devant cet élément probant, Yoni Palmier accepte de mener les enquêteurs dans un second box, à Draveil, où sont dissimulées plusieurs armes, dont le fameux PA 7.65. Il déclare que la moto et les armes appartiendraient à un homme dont il ne connaît pas l’identité, probablement celui qui aujourd’hui revendique les meurtres. Mais existe-t-il ?
Yoni Palmier nie donc les faits. Il aurait été manipulé par ce mystérieux personnage. Mais pourquoi ces meurtres ? Quel pourrait être le mobile ? On parle d’actes « d’opportunité ». Ainsi, dans l’hypothèse où Yoni Palmier serait bien le coupable, le meurtre de Jean-Yves Bonnerue aurait été fortuit. Il serait venu sur les lieux, là où Nathalie Davids a été tuée, simplement parce qu’il connaissait l’endroit pour y avoir loué autrefois des emplacements de parking. Et il aurait tiré sur cet homme qui déchargeait ses courses, sans aucune raison. Cela ne tient pas la route. Quant aux deux autres crimes, cela pourrait être une sorte de plagiat de l’affaire Merah.
Autant d’extrapolations qui laissent dubitatif… Ce qui surprend, c’est le modus operandi du premier meurtre par rapport aux suivants. Nathalie Davids est tombée sous les balles d’un tueur compulsif tandis que les autres victimes ont été froidement exécutées.
À ce jour, les enquêteurs n’ont pas trouvé de liens entre Yoni Palmier et Michel Courtois. Lorsque l’avocat de ce dernier a demandé sa remise en liberté, en faisant valoir que deux assassins pour le même meurtre, c’était un de trop, le procureur s’y est opposé ; et la Cour d’appel de Paris lui a donné raison. Mais, bizarrement, quinze jours plus tard, le 11 juin, les deux juges d’instruction en charge de l’affaire ont accédé à sa demande. Comme si le dossier s’était enrichi d’un élément nouveau.
On l’espère. En attendant, quatre personnes ont été tuées avec la même arme. Apparemment, il n’existe aucun mobile, aucune raison, et pour le premier meurtre, deux suspects sont mis en examen. L’un est en prison, l’autre en liberté. Deux hommes qui ne se connaissent pas. Et, quelque part dans la nature, un autre individu a revendiqué ces crimes.
32 réponses à “L’imbroglio des meurtres de l’Essonne”
Autre thèse séduisante, celle qui pourrait lier Palmier à la seconde victime.
Premier meurtre lié à une possibilité de divulgation, dont la première victime ayant pris conscience des trafics qu’aurait là Palmier, l’aurait menacé, ce qui en l’instant le met en rage, rage le faisant vider son chargeur sur elle.
La personne qui découvre la première victime et désigne un coupable potentiel (beaucoup pour un seul homme) connaissait-elle Palmier et aurait-elle pu, sinon participer au premier meurtre, du moins avoir une raison de protéger cet homme de cette révélation qu’il fait de l’existence de Courtois et de ses rapports à N. David (éléments impliquant qu’il la connaît très bien…) ?
Un conflit d’intérêt – chantage ou peur qu’il ne parle un jour – pousserait alors Palmier à le tuer comme il a tué la première femme, mais plus froidement cette fois car cela est planifié.
Ou encore, Bonnerue ne connaît pas Palmier mais le fait qu’il ait été là juste après la rageuse exécution pourrait avoir laissé à Palmier la crainte qu’il ne l’ait vu oeuvrer ou entrer juste avant ou sortir… et que d’une manière ou d’une autre, il présente une menace pour lui. Pensant même peut-être que la désignation de Courtois n’est qu’une ruse destinée à apaiser le vrai tueur pendant que des inspecteurs constituent un portrait robot et vont bientôt sonder banlieue et milieu pour le loger, charge restant alors à Bonnerue de l’identifier une fois arrêté, chose que Palmier rend impossible en tuant celui qu’il pense seul capable de le reconnaître.
Voulant éloigner les enquêteurs de ces lieux si significatifs (peur de voir ceux-là remonter à lui en s’intéressant à ce parking où se passe bien des choses et à ceux y ayant utilisé de ses box), Palmier réalise ensuite deux meurtres décoratifs, même arme, même tueur, et qui détournent du lieu et donc en un sens, de la possibilité de trop chercher par là pour ne pas finir par s’intéresser à lui…
Puis, il se passe l’inverse, c’est au moment où il se croit intouchable qu’il se fait repérer, prenant à l’air libre beaucoup plus de risques que ce que lui faisaient courir ceux liés à ses anciennes activités dans le parking et les deux meurtres qu’il y a vraisemblablement commis.
Tout cela n’est qu’hypothèse, tant que non adossée aux faits, et presse et enquêteurs en sont bien avares, mais, elle est séduisante.
AO
question de béotien: arme de 6ème catégorie, c’est quoi: une matraque, un Mig 27? Vos articles sont intéressants et font souvent comprendre beaucoup de choses mais, je vous en prie, gardez à l’esprit que la plupart de vos lecteurs ignorent tout du jargon policier ou judiciaire…ce qui est heureux puisque démontrant qu’ils n’ont jamais eu affaire avec les uns ou les autres.
Pour faire simple, disons tous les objets susceptibles de constituer une arme dangereuse pour la sécurité publique (en l’occurrence, je crois qu’il s’agissait de couteaux). Une nouvelle loi sur la classification des armes a été votée, mais on attend toujours la réglementation qui doit l’accompagner.
Marrantes ces deux réactions qui loin de s’intéresser au coeur sujet, s’intéressent au fait que notre hôte ait pu situer ethniquement (un mot qui va déplaire, n’en doutons point) ce suspect lourdement chargé par un passé de violence et des révélations qui le mettent au centre de l’affaire.
A partir du moment où Moreas choisit d’afficher la trombine du suspect, il est honnête d’en dire l’origine, de dire qu’il est français de souche (un Martiniquais l’est puisque de longue date dans la République, ce qui n’est pas le cas de la plupart des Maghrébins ou Africains, ni Asiat, ni Slaves….) et pas Malien ou Algérien et donc peu susceptible d’être en cheville avec des Islamistes… détail important fut la proximité de l’affaire Merah.
Sa précision avait donc bien raison d’être.
Pas beaucoup – sot rit – d’intérêt que de relever que notre hôte ne tient ses infos que via la presse, le niveau de détail de son récit est déjà assez élevé pour qu’il appelle bien des suggestions, ce dont ne nous privons pas. On aimerait savoir ce que disent les positionnements de leur portable respectif, si ceux-là n’étaient pas éteints pendant les meurtres, ce qui serait aussi « parlant ».
Commentaire intéressant de Bacio, quoique il faille rappeler qu’on ne meure pas immédiatement sous des coups de feu à moins qu’une balle dans la nuque ou le fond de la bouche interrompe les fonctionnements cardiaque et pulmonaire ; donc on ne tire pas forcément aussi longtemps que la victime respire, chose dont peu de tueurs ont le cran d’aller s’assurer dans la proximité nécessaire…
Que le premier suspecté ait commandité ou réalisé ce dont il semble s’être accusé un temps est possible, comme l’est aussi que Palmier ait tué sans les ordres de celui-là pour une raison encore obscure et que le hasard ait fait qu’il soit tombé sur une femme dont un homme souhaite la mort par dépit amoureux, ce qui en amenuise les chances, certes, mais ne les met pas à néant, celui-là s’accusant parce cette mort-là, il l’a tant désirée qu’il en culpabilise assez de l’avoir vue survenir, thèse admissible elle aussi.
La lettre reçue semble n’être que « de complaisance », que son récipiendaire ait des amis dans le milieu prêts à prendre quelques risques pour lui, en brouillant les pistes est « surprobable ».
Votre description suivant la présentation de Palmier est un peu confuse, non de votre fait mais de celui du peu d’infos sorties, probablement.
« Le propriétaire de l’engin est finalement retrouvé. Il est inconnu des services de police. Mais, à l’adresse indiquée sur le document, vit Yoni Palmier »
qui précède un paragraphe certainement alambiqué du fait des propos incohérents de Palmier
» Il déclare que la moto et les armes appartiendraient à un homme dont il ne connaît pas l’identité, probablement celui qui aujourd’hui revendique les meurtres. Mais existe-t-il ? »
« l’inconnu des services de police » ? pour reprendre votre texte, ce type existe-t-il ? Probablement que oui, on ne peut pas immatriculer une moto sur une identité factice, enfin je l’espère… mais risible son argument de ne pas connaitre le propriétaire de la moto voire des armes dont il a lui-même désigné la planque…
« Yoni Palmier nie donc les faits. Il aurait été manipulé par ce mystérieux personnage. Mais pourquoi ces meurtres ? Quel pourrait être le mobile ? On parle d’actes « d’opportunité ». Ainsi, dans l’hypothèse où Yoni Palmier serait bien le coupable, le meurtre de Jean-Yves Bonnerue aurait été fortuit. Il serait venu sur les lieux, là où Nathalie Davids a été tuée, simplement parce qu’il connaissait l’endroit pour y avoir loué autrefois des emplacements de parking. Et il aurait tiré sur cet homme qui déchargeait ses courses, sans aucune raison. Cela ne tient pas la route. Quant aux deux autres crimes, cela pourrait être une sorte de plagiat de l’affaire Merah. »
On aimerait que nous disiez d’où proviennent ces infos, exigence qu’avez satisfaite de vous même en citant d’abord (références aux journaux au début) vos sources, puis celles-ci deviennent plus brumeuses à mesure qu’on s’approche, et des déclarations de Palmier qui doit être au centre de l’affaire et n’a pas grand chose de concret à désigner qui l’en décharge, et des supputations probables de vos collègues, supputations qu’ils laissent exfiltrer « en off ».
Si les motivations demeurent obscures, les faits semblent assez clairs.
AO
Papier étonnant : il suggère plein de coïncidences avec des affaires récentes a priori découplées. Comme si le but était de faire gamberger les lecteurs.
Un peu comme le contre-espionnage fait gamberger les personnes habilitées secret-Défense pour qu’elles pensent à autre chose qu’à leur travail.
Ou comme certains tabloïds fournissant une histoire vague, incohérente et stimulant l’imagination, pour accrocher les lecteurs. Rappelez-vous Piano Man.
Ou serait-ce un hameçon de la DCRI pour repérer les lecteurs prompts aux rapprochements intellectuels indus ? La DCRI doit manquer de Mohammed Merah pour s’occuper.
A quoi sert de signaler « origine antillaise? S’il est Français, il est français, s’il vient d’autres Antilles, il peut être d’une autre nationalité… ou français parce que naturalisé, (lui, ou ses parents), ce qui revient à la première proposition. Martiniquais ou Guadeloupéen n’a rien d’étranger en France.
« » »D’après Le Monde , sur cette vidéo de TF 1, Elle a déclaré au JDD » » » M. Moréas, vos sources émanent de la presse ou des ondes. Avez-vous eu connaissance des PV qui concernent les CR délivrées aux policiers? Avez-vous eu connaissance des PV de saisies, des constatations, et des résultats des analyses diverses opérées par les enquêteurs? Non.
Je crois qu’il y a une ou plusieurs informations qui sont ouvertes pour ces crimes ou assassinats……La Justice suit son cours……..
Beaucoup de détails sont inconnus pour nous, les lecteurs :
1) la distance de tir dans les 4 cas, ce qui permettrait d’identifier le degré de professionnalisme de tireur (étaient YP ou MC inscrits auparavant dans un club de tir? est-ce que MC a fait le service militaire dans sa jeunesse ?)
2) l’angle sous lequel chaque balle est rentrée dans les corps des victimes, ce qui permettrait d’identifier la taille du tueur (des tueurs ?!) et donc la comparer à celles de Yoni Palmier et Michel Courtois
3) la première victime se trouvait-elle de face et de dos au tireur, ce qui permettrait de comprendre si une éventuelle discussion aurait été engagée entre la victime et son futur assassin. Y-avaient-il des traces de sang dispersées dans le parking – la victime étant blessée par la première balle pouvait fuir l’assassin jusqu’à ce que les autres balles finissent par la faire s’effondrer, ou était-elle effondrée dès la première balle ?
Pourquoi a-t-on besoin de ces détails? Pour comprendre lesquels des meurtres ont été commandités, lesquelles non, si on accepte strictement comme une vérité la phrase de l’auteur :
« Or en juillet dernier, il a reçu une lettre de l’une de ses connaissances qui s’accuse de deux de ces meurtres et affirme avoir commandité les deux autres. » ?
Les deux derniers meurtres commis dans le hall d’un immeuble laissent supposer (sauf si le hall est immense) que la distance entre le tireur et la victime était petite. Donc pas besoin d’être un tireur d’élite pour bien viser ? Pas sûr ! Il fallait sûrement s’entrainer un peu avant. Une balle dans le 3ème meurtre et 3 balles dans 4ème meurtre. Manque de constance = manque d’expérience. En tout cas les victimes ne se sont pas laissés surprendre : quelqu’un est rentré derrière chaque victime dans l’immeuble, la victime ne s’est pas retournée ou n’a pas eu le temps…
Dans le 2ème meurtre, la distance devait être petite aussi. Mais comment s’approcher dans un parking sans attirer l’attention ? Attendre patiemment des heures la victime rentrer chez elle ou s’approcher avec une voiture ou une 2-roues ?
Et enfin le premier meurtre : un assassinat passionnel ou le premier assassinat dans la vie de l’assassin ? Il tire 2-3 coups, vise mal, la victime est toujours en vie, il continue donc…
Difficile à dire les quels des meurtres sont commandités. Les deux derniers pour détourner l’attention des deux premiers ? Les deux premiers parce qu’il y a là une motivation bien précise mais encore inconnue ? Le 2ème et les 3ème parce qu’il n’y a qu’un seule balle utilisée ? Ou tout simplement, cette lettre est-elle encore un détournement de l’attention ?
A mon avis en ressemblant les différents morceaux de cette affaire, on voit que
d’une part les indices telles que les box, les armes, la moto bleue, le lieu de résidence de YP, montrent qu’il y est bien pour quelque chose, le jeune antillais,
d’autre part MC a dit (même un peu sorti du contexte) « Je pense que c’est moi qui ai tué Nathalie », ce que veut tout simplement dire qu’il a commandité le meurtre et surtout qu’il y a assisté !
mais pourquoi les enquêtes et les histoires de meurtres abominables sont-elles si passionnantes ?
Effectivement, les avocats des parties civiles font partie d’une autre corporation….
Mais c’est un SCOOP, ça…
Ce sont les enquêtes, les histoires ou les meurtres qui sont abominables?
c’est vous sans ambiguité 🙂
Merci,Simplette
je vous en prie.
vous êtes très poli pour un yéti ; gardez-vous des avalanches.
Oh, une fois réfugié dans un congélateur, en terrain plat, on ne court pas trop de risques.
si j’ai bien compris votre question, une enquête sur un meurtre abominable est interessante à double titre :
* qu’est ce qui a poussé l’auteur à commettre le meurtre abominable (à part la méchanceté humaine, la race, Voltaire, Rousseau … qui expliquent tout et n’importe quoi)?
* comment a-t-on identifié l’auteur du meurtre?
Mais on peut aussi trouver une satisfaction presque aussi grande en recherchant, à partir de descriptions incomplètes, l’origine de pannes électroniques ou informatiques (autre que la bêtise humaine bien connue, la sottise des programmeurs, l’escroquerie des constructeurs : là aussi, on pourrait expliquer un peu de tout, et beaucoup de n’importe quoi , ce n’importe comment, et sans rien résoudre…)
oui, d’accord BdNeige; tout de même, les enquêtes sur les meurtres suscitent en général plus d’intérêt que les autres : plus c’est mal, plus c’est bien !
Si vous comparez froidement « Le double assassinat de la rue Morgue » http://www.gutenberg.org/catalog/world/readfile?fk_files=2704965 et « La lettre volée » -même auteur, même détective, 15 pages dans un cas, 22 dans l’autre, il se peut que vous trouviez La lettre volée plus interessante, même si aucun crime inhumain n’y a été élucidé; dans ce cas, l’interet viendrait davantage des méthodes d’élucidation ….
j’ai téléchargé les deux
Passionnant, vous ne devriez pas nous surcharger les neurones ainsi…
AO
oursivi, mon pseudo me permets d’en rajouter, mais vous ! enfin !!!
permet
C’est quand même curieux que, chaque fois qu’une personne avoue quelque chose, les aveux sont toujours extorqués par les policiers.
Pas un mot de compassion pour les victimes ; elles sont mortes, donc elles ne peuvent rien dire. Elles n’intéressent personne, surtout pas l’avocat.
Cette corporation secrète des montres quand elle cherche à innocenter son ou ses client(s) en cassant du flic ou du gendarme, sans aucun respect pour les familles des victimes.
Effectivement, les avocats des parties civiles font partie d’une autre corporation….
Mais c’est un SCOOP, ça…
Et la corporation secrète des montres, j’vous dis pas. Sûr que c’est un coup des chuiches. Encore un lien avec Chevaline.
Eliza, sont pas mal d’affaires où se sont même des cadavres (bien empaquetés, et découpés dans une malle), cf l’affaire du projeteur ciné de Strasbourg ou de je ne sais plus quelle ville de l’Est qui avait trucidé sa compagne dont il n’acceptait pas la grossesse, qui agrémentent le quotidien des parkings et autres garages.
Le plus troublant est probablement ces aveux qui peuvent avoir été davantage ceux de fantasmes conscients que d’actes, et que cet homme signe pourtant…
Me reviennent ces mots de P. Goldman face au flic qui l’interrogeait, suite à un blanc indicible, insondable rêverie qu’il sembla s’octroyer à lui-même et silence qu’il brisa d’un
« Croyez-vous que l’on puisse oublier un meurtre qu’on aurait commis ? »
prononcés, si les ai bien compris, comme une demande de « rassérènement », de réconfort de cette négation qu’il attendait probablement que son interrogateur lui fît.
Le jeu entre ses différentes consciences s’est joué au plus fort lors de l’écriture de ses deux bouquins, superbement contradictoires, expliquant inconsciemment comment il était à la fois victime et bourreau de sa propre histoire.
AO
oursivi : je pensais qu’elle l’avait vu avec une arme à la main, ce qui peut être gênant quand on compte s’en servir bientôt car elle aurait pu faire le rapprochement (mais oui de là à paniquer et vider son chargeur c’est peut-être tiré par les cheveux).
L’idée était que parfois quand le mobile semble inexistant c’est que la victime a été témoin de quelque chose et qu’on a cherché à la faire taire. D’ailleurs cette histoire de box est turlupinante : ce ne doit pas être très discret d’avoir un arsenal dans un parking d’immeuble.
Pas impossible aussi que Palmier soit juste entré dans ce parking pour se souvenir de quelque chose ou reprendre une chose qu’il y avait laissée, par mégarde ou intentionnellement. Un improbable conflit éclate avec une femme qu’il connaissait peut-être* déjà de ses précédentes venues (il y louait trois places…? pour un type vivant d’allocs, voilà un relevé de détail qui va déplaire à Pedron) et avec laquelle il avait été en conflit ou en demande insatisfaite, l’occasion est trop belle de ne pas profiter de l’instant pour lui régler rageusement son compte.
Puis, il réalise qu’il y a pris goût, et cherche d’abord en ce même lieu les mêmes sensations, puis ailleurs, s’il pense les lieux surveillés.
Sont beaucoup de thèses possibles… Dur et passionnant métier que de tenter de trouver la solution.
Mais non Eliza, on ne vide pas un chargeur sur un témoin qui n’a encore rien vu d’un meurtre à venir… On ne vide pas son chargeur pour prévenir les conséquences d’un meurtre qu’on a pas commis.. A ce compte-là, vous foutriez les assassins sur la paille avec de ces plaisanteries à 200 balles.
AO
* vivait-elle déjà là quand il y venait ? Ont-ils pu se croiser, au moins ?
Évidemment, je ne sais rien de plus que ce que j’ai lu, mais comme dans ma jeunesse j’ai écrit quelques thrillers 🙂 , je vois une autre possibilité.
Partant de l’hypothèse que le 2ème meurtre est lié au 1er, je ne crois pas à la thèse exposée dans un commentaire d’un meurtre pour innocenter le premier accusé. Car qui aurait pu le faire croire en tuant au même endroit le lendemain celui qui avait trouvé la victime ? Dans ce cas, il aurait suffit de tuer n’importe qui, n’importe où, avec la même arme pour faire cette preuve en prenant bien moins de risques.
Pourtant je crois que c’est un message.
Le 1er meurtre, fortuit, a été pour l’assassin une sorte d’initiation. Il n’a pas vidé son chargeur pris de panique, mais dans l’extase.
Par la suite, au vu du résultat et de la première interprétation passionnelle de la police (qui le met hors de lui), il a voulu les démentir, se contrôler, prendre le pouvoir. La question que je me poserais c’est : comment a-t-il eu cette information si vite ?
Il a eu le sentiment qu’on lui avait volé son acte, qu’il voudrait chargé d’un aura tout autre que passionnel. Il veut tuer de sang-froid et ne pas être pris. Il construit alors un nouveau rituel de mise à mort en opposition au premier accusé.
Cela tient, à mon avis, pourtant je ne me fais aucune illusion : pure fiction, sûrement. 🙂
« À ce jour, les enquêteurs n’ont pas trouvé de liens entre Yoni Palmer et Michel Courtois » = à part que Yoni Palmer louait des box dans l’immeuble où vivait la femme que fréquentait Michel Courtois, ils ont dont pu s’y croiser?
Et pourquoi la victime 2 n’aurait-elle pas été visée? le tueur l’attend, est surpris par la première victime et panique, vide son chargeur donc doit quitter les lieux, alors qu’il attendait en fait la seconde victime, qui est effectivement arrivée juste après car elle a découvert le corps. Le second meurtre vise la victime initiale et les 3ème et 4ème tentent peut être d’éloigner les regards de l’immeuble qui est au centre de l’affaire.
ou alors je lis trop agatha christie… en tout cas j’espère pour les familles des victimes que cette affaire ne mettra pas des années à être résolue.
Il n.existe pas de nationalite antillaise.Ses parents sont francais.Point barre
Une incohérence dans votre récit, vous écrivez d’abord
« il a reçu une lettre de l’une de ses connaissances qui s’accuse »
puis
« Il déclare que la moto et les armes appartiendraient à un homme dont il ne connaît pas l’identité, probablement celui qui aujourd’hui revendique les meurtres. »
« connaissances » dont il ne « connaît pas » l’identité ?!…
Pour le reste, c’est très bien formulé mais ne va pas toujours au bout de ce qu’il suggère fort bien
« Ce qui surprend, c’est le modus operandi du premier meurtre par rapport aux suivants. Nathalie Davids est tombée sous les balles d’un tueur compulsif tandis que les autres victimes ont été froidement exécutées. »
Ce n’est pas de ce qui « surprend » mais de ce qui fait sens. Le premier meurtre est affectif, les autres de commandes, gageons plus probablement de commande à « visée aléatoire » ou fantasmés, nous verrons à la fin comment.
Il est clair, et je ne doute un instant que les enquêteur y pensent ou y ont pensé – si ont avancé suivant d’autres infos non mentionnées ici et donc évolué – qu’une thèse séduisante est celle d’un premier meurtre au mobile passionnel et d’autres au mobile d’élargissement du premier meurtrier, comme dans « l’assassin habite au 21 ». Cela crédite l’idée d’une connivence entre les deux types qui ont l’air aussi azimutés l’un que l’autre. Pas totalement improbable non plus la possibilité que le premier meurtre ait donné des idées à un type assez taré et influençable pour refaire une série à la Mérah, juste comme cela, pour le « fun » de la poudre et du sang, il en existe assurément de ces tarés-là « no limit », pour sûr hélas.
Mais un point reste étonnant, ou plutôt selon ma précédente remarque, signifiant. Vous relevez finement le fait que la seconde victime soit aussi celui qui a permis aux limiers de loger le premier accusé et amoureux éconduit (il faudrait en dire beaucoup plus, les détails de cela pourraient bien être cruciaux ou au moins clairement explicatifs du premier meurtre), dans le même temps que mentionnez concernant le second suspect « simplement parce qu’il connaissait l’endroit pour y avoir loué autrefois des emplacements de parking », ce qui fournit surtout un cadre plausible de rencontre pour ces deux hommes…
D’autre part, vous écrivez
« Devant cet élément probant, Yoni Palmier accepte de mener les enquêteurs dans un second box, à Draveil, où sont dissimulées plusieurs armes, dont le fameux PA 7.65. »
auquel j’eus volontiers substitué « accablant » à probant », surtout parce que lui savait où était cela qui le désigne sans aucun doute comme les cartes bancaires désignèrent Treiber dans une célèbre affaire…
Je cite son cas car celui de ce Palmier qui évoque un homme clef sans en donner l’identité n’est pas sans rappeler ces « deux hommes en noir » qu’inventa Treiber pour se donner de l’air et du temps, hommes imaginaires qu’il refusa de désigner jusqu’à la mort qu’il s’auto-infligea, démontrant au mieux ainsi leur inexistence.
Ne semblent émerger que deux possibilités.
-De l’une, les deux hommes ne se connaissent pas, le premier meurtre est passionnel, le second juste réalisé par un taré qui est malheureusement dans l’ensemble des individus connaissant ce parking et qui se plait à alourdir le macabre et le mystérieux en allongeant la liste selon des raisons que sa propre raison ignore, d’où la passionnelle première exécution et les froides suivantes qui excitent son imaginaire en épaississant la noirceur de la proche banlieue où il se complait à agir.
-De l’autre, les deux hommes se connaissent, et une fois le premier meurtre signifiant commis, les suivants ont visé à blanchir le premier criminel.
La première thèse, la plus folle, ne me parait pas forcément la plus improbable.
Elle ne se verra probablement jamais argumentée ; cet homme, s’il est celui que je crois entrevoir avec les dispositions psychiatriques que cette réalité imposerait, refusera toujours durablement d’avouer, déjà en lui-même, et le ferait-il devant une avalanche de preuves qu’il ne le fera que temporairement.
Ce n’ est qu’une intuition, mais qui m’est solidement ancrée au moment où je l’écris.
Merci pour cet article fort stimulant.
AO
Beau débriefing.
Affaire à suivre.