Même s’ils préfèrent ne pas en parler, les policiers entretiennent souvent une relation particulière avec leur arme. Pour Dominique Noël, commandant de police, la question ne se pose pas : c’est un passionné, un collectionneur, un technicien et… un fin tireur qui a gagné par deux fois le prestigieux challenge national de la PJ en équipe. Cet instructeur de tir vient de sortir un livre bourré de photos et d’illustrations qui nous retrace la petite histoire des armes dans la police.
On y découvre ainsi qu’à leur création, les brigades mobiles de Clemenceau, comptent une seule arme pour sept hommes, le fameux revolver d’ordonnance modèle 1892, qui avait la particularité de ne pas faire de fumée. Un revolver écolo, en quelque sorte. Il faudra attendre les exploits criminels de la bande à Bonnot, en 1911, pour que chaque « mobilard » soit doté d’une arme individuelle. Du moins sur le papier, car les finances ne suivent pas. Ainsi, en 1921, il est mentionné dans un rapport que « la situation budgétaire actuelle ne peut malheureusement permettre de couvrir les dépenses très élevées qu’entraînerait l’acquisition des revolvers et des cartouches nécessaires pour armer l’effectif total des brigades… » En fait, les crédits permettent tout au plus l’achat de 2 ou 3 revolvers par brigade. D’où cette idée de génie du ministre de l’Intérieur (qu’en ces temps de disette revenue, je permets de souffler à M. Valls), il propose aux policiers d’acheter leur arme et leurs munitions. Et beaucoup sont d’accord. Ainsi, sur les 22 policiers que compte la brigade de Montpellier, 14 se portent acquéreurs d’un revolver et de 600 cartouches. Ce manque de moyens n’a d’ailleurs pas empêché les brigades du Tigre d’avoir des succès retentissants. Et Paris n’est guère mieux loti. En 1912, seulement 250 inspecteurs sont équipés de pistolets automatiques. Le fameux Browning 1900, de calibre 7,65, que le catalogue Manu décrit comme « élégant, d’une bonne prise en main avec un pointage naturel, son chien automatiquement réarmé à chaque coup lui valant des départs très doux… Il permet un tir très rapide et soutenu grâce à son alimentation par chargeurs… ». L’ancêtre des pistolets d’aujourd’hui. Une invention de l’américain John Moses Browning. Pourra-t-on l’acquérir librement en application de la loi du 6 mars 2012 qui va faciliter la vie aux collectionneurs ? Deux conditions pour qu’une arme soit considérée comme une arme de collection : une fabrication avant 1900 et un calibre déclassé – ce qui n’est pas le cas du 7,65. Mais de toutes façons, sauf erreur de ma part, le décret d’application n’est pas paru.
Dans ce livre, Les armes de la police nationale de l’Ancien Régime à nos jours (Histoire et Collections), on découvre l’évolution de l’armement en fonction des problèmes de sécurité liés aux différentes périodes. Rien de nouveau. La plus grande partie de l’ouvrage est néanmoins consacrée aux armes modernes, létales ou non. Et, bien sûr, le fameux pistolet SIG SP 2022 (2022, c’est sa date de péremption, un peu comme les yaourts), y tient la vedette. Mais à la lecture, en s’approchant de notre époque, on voit que les choses s’accélèrent et qu’il existe aujourd’hui une véritable prospection dans ce domaine, comme une quête impossible : l’arme capable de sauver une vie sans en prendre une.
Dominique Noël est aujourd’hui réserviste. Il est directeur technique d’un club de tir privé et instructeur-chef du Centre de tir de Paris et de la police nationale, le stand Foch, comme on l’appelle, dirigé depuis très longtemps par Raymond Sasia. Lequel a préfacé son livre. Pour mémoire, cet ancien gorille du général de Gaulle a profondément modifié l’entraînement des policiers, notamment avec sa méthode (parfois controversée) du tir rapide. Des milliers de flics ont été marqués par la répétition à plus soif des séances de « sortie d’arme », la fameuse « prière », sur le pas de tir.
En tout cas, je partage son opinion : « Ce livre, outre l’aspect technique agrémenté d’une impressionnante iconographie, aborde l’histoire de la police à travers les siècles et apporte ainsi une richesse insoupçonnée qui devrait connaître un réel succès auprès des policiers, collectionneurs et historiens. »
Je dois dire que ce qui m’a le plus étonné, lorsque j’ai rencontré Dominique Noël, ce n’est pas sa connaissance des armes ou des méthodes d’intervention, mais son émotion contenue lorsqu’il parle du Budukan de Deuil-la-Barre, dans le Val-d’Oise. Cela fait bientôt 30 ans qu’il y enseigne le jiu-jitsu, essentiellement à des ados, et leur comportement, lorsqu’ils montent sur le tatami, est bien loin des clichés habituels. « Un club hyper sympa, dit-il avec une petite flamme dans les yeux, où les pratiquants respectent les principes énoncés dans le code des arts martiaux (salut, respect, etc.). Un vrai bonheur ! »
Le jiu-jitsu comme arme non létale, ce n’est pas mal non plus.
14 réponses à “Le livre des armes dans la police”
opjiste parle d’adrenaline, pour un policier de terrain elle est permanente et c’est celle qui permet l’evaluation rapide d’une situation et la mesure a prendre, car dans la rue, les evenements ne préviennent pas
une erreur la police parisienne etait municipale elle a été integrée a la police nationale en 1968, ce qui a permis aux policiers parisiens de pouvoir demander des mutations en province, d’ailleurs a l’epoque on ne parlait pas de police nationale , mais de surete nationale
En effet, le ju jitsu est une très bonne arme.
@jmdesp
« le nombre de situation où l’arme va vraiment sauver la vie est très limité »
On ne peut pas quantifier cela. L’arme est avant tout dissuasive. Et c’est de cette façon qu’elle sauve des vies notamment en faisant réfléchir à deux fois les crapauds avant de monter au braquo. Finalement elle sauve des vies tous les jours…
Ce que vous écrivez ensuite (évaluation rapide de la situation, patin couffin…) ça fait bien des les livres mais ce n’est pas ça la réalité. Rien ne vaut l’adrénaline pour vous sortir (ou sortir les autres) de la merde !
Haha, approche intéressante. :))
Bonne chance avec le livre. 🙂
Merci de ces précisions ! Je vais l’acheter votre bouquin du coup 🙂
Pourquoi gênant ? J’explique dans mon livre, à travers les armes, l’histoire de la police et son origine…municipale. Le titre « police nationale » a été choisi avec l’éditeur pour éviter l’emploi de « police française ». Le dernier chapitre est même consacré à la police municipale…actuelle. Mise au point effectuée et semble t’il nécessaire …
Amicalement.
Les armes de la police nationale de l’Ancien Régime à nos jours ? Ce qui est gênant c’est de dire « nationale » . On devrait parler des armes de la police de l’Ancien Régime à nos jours. Tout collectionneur d’armes connait les revolvers type « Agent, Municipal ou Brigadier Municipal » qui comme leur nom l’indique étaient destinés aux policiers municipaux avant la seconde guerre mondiale en calibre 8mn92. Les brigades du tigre étaient en effet des policiers nationaux . Pour le reste comprenez moi bien : il ne s’agit pas de faire du corporatisme et je suis partisan d’une police nationale forte et efficace qui est indispensable mais on ne peut dissocier dans l’histoire des armes de la police la police municipale de la nationale : l’immense majorité des policiers en tenue étaient des municipaux avant la loi du 23 avril 1941 . Transformés en policiers nationaux après cette date sauf à Paris où il faudra attendre …1966. Amicalement
Heu, sauf erreur de ma part, ce n’est pas la date de fabrication, mais la date de dépôt du modèle qui est retenu comme critère :
En principe, toute arme dont le modèle a été déposé avant le 1,01,1900, libre d’achat et de détention.
exception : les armes pour lesquels le gouvernement excipe de leur particulière dangerosité, et dont la liste est attendue par décret.
Merci Monsieur Noel d’avoir écrit ce livre, la bible des armes de la police, enfin un livre sur les armes écrit par un vrai professionnel. Thierry L.
@Dominique : Le nombre de situation où l’arme va vraiment sauver la vie est très limité. Évaluer très rapidement une situation, et aussi ou surtout son évolution, se protéger, ne pas prendre de risque inutile, voilà ce qui sauve la vie la plupart du temps ! Le problème fondamental est que les armes favorisent très fortement celui qui attaque sur celui qui se protège.
@ « un noir »
Tout les détenteur d’armes ne rencontrent pas des problèmes d’ego. Nombreux sont ce qui, a contrario, sont parfaitement en phase avec leur sexualité.
Après quelques séances d’entraînement au tir, l’arme devient très rapidement un objet de précision avec laquelle on doit faire des trous dans une cible pour gagner des points. Accessoirement, pour certaines professions, cet outil de précision va leur permettre de rester en vie.
Vous voyez : la sexualité est bien éloignée de ce domaine.
Bonne journée.
L ‘ enfant a l ‘ ambition de devenir un homme; mais combien d ‘ d’hommes ont cette même ambition? Le révolver à la cow – boy , fait souvent fantasmer les jeunes flics par transfert : Frustrés de devoir faire le deuil de leur amour propre, devant l ‘ obligation de soumission à un sur – moi hiérarchique et autoritaire, le pistolet compense la peine qu’ ils éprouvent à devoir supporter la soumission,
l ‘ obéissance et le larbinisme – chef chef, qui ne cesse de les harceler: Or tous les zizi n’ aspirent qu’ à s’ épanouir dans la majesté de leur érection. Tous aspirent à grandir : Être un homme complet, équilibré, c ‘ est la seule entreprise qui nous soit proposée: Pas un ange, pas un démon, et simplement un homme qui marche dans la vie sur une corde raide avec l ‘ intelligence, la conscience et tout ce qui est spirituel à l ‘ un bout de son balancier et le corps, et l ‘ instinct, et tout ce qui est inconscient, terrestre, mystérieux et bizarre à l ‘ autre bout .
En équilibre, ce qui est très difficile !
Très intéressant et très instructif article.