L’article 3 de la loi anti-manif, accordant à l’autorité administrative le droit d’interdire à une personne de manifester, a été censuré. Tout en s’appuyant sur l’article 11 de la Déclaration de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme », le Conseil constitutionnel s’est livré à un exercice d’équilibrisme qui ne ferme pas la porte à un nouvel essai. À l’évidence, nos valeurs changent.
Comme pourrait dire le député Éric Ciotti, qu’est-ce que c’est que ce pays qui fonde sa constitution sur des textes révolutionnaires !
« Je suis consterné », a déclaré sur BFM le secrétaire national du syndicat de police Alliance Île-de-France, non pas, comme on pourrait le croire, par la tentative de violation de la Constitution par le gouvernement et une majorité de parlementaires, mais par le refus des Sages de la rue de Montpensier de franchir un pas décisif, au risque de s’asseoir sur notre passé et de flétrir l’image de la France aux yeux de nos concitoyens européens. « La liberté du plus grand nombre n’est pas respectée », a asséné d’un ton péremptoire le responsable de ce syndicat de police très représentatif.
Heureusement pour le corps, d’autres syndicats, comme UNSA Police, ont pris des positions différentes, rappelant qu’il existait suffisamment de lois pour punir les actes délictuels lors des manifestations et que « l’interdiction de manifester ne peut pas être une mesure administrative ».
Liberté des uns contre liberté des autres, il y a matière à faire fonctionner nos petites cellules grises, chères à Hercule Poirot, et à philosopher sur la réflexion de Nelson Mandela, Prix Nobel de la paix après 27 ans d’emprisonnement : « Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu’un d’autre de sa liberté. » Continue reading
10 réponses à “Le glissement vers une autre France”
une prise de positon d’andy krups sur un blog voisin, ce sont les réflexions d’un officier collègue toujours intéressant et de bon sens.
En espérant qu’elle intéressera les lecteurs de ce blog…
https://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2019/05/12/Les-raisons-de-la-grande-deprime-des-policiers
Il suffit de regarder le profil de ceux qui deviennent policiers en France, souvent des éléments qui ont besoin d’une plaque et d’un flingue pour se sentir exister, des « victimes » diraient les jeunes des quartiers.
Le jour où la police recrutera le haut du panier des quartiers, c’est à dire ceux qui ont eu les cojones d’enfiler les gants ou de poursuivre les études, la Police sera une institution pour personnes courageuses, pour le moment, les pleureuses se cachent derrière le kevlar….
à mon avis on trouve plus de courageux dans le milieu du panier des quartiers que dans le haut du panier des buroliers par exemple (ceux des bureaux, je connais bien).
MARRE DES PLEUREUSES DE CIRCONSTANCE ! OUI LES VIOLENCES DE CERTAINS POLICIERS EXISTENT… OUI, CELLES DE CEUX QU’ILS AFFRONTENT AUSSI. MAIS ÇA NE DATE PAS D’AUJOURD’HUI ET DES GJ…
Le » collectif des 34″ gardés à vue après les incidents de la Pitié ont décrit et dénoncé leur nuit au dépôt du palais de justice de Paris…Et alors ?
Mais, ils étaient où – tous – quand nous étions quelques-uns (et perso j’aurai sans doute pu faire encore plus) à dénoncer les ignobles conditions de passage au dépôt du Palais de justice ? Car, si j’en juge l’âge de pas mal de manifestants qui se plaignent, ils ont vécu les mêmes époques que certains d’entre nous. Et concernant les violences policières : Bien sûr qu’il y a DES flics violents ! Bien sûr qu’il y a DES flics qui utilisent une force absolument pas proportionnée. Mais ils étaient où, tous ceux qui les dénoncent aujourd’hui, quand nous étions une poignée à le faire voici 20 ans ( Et perso, j’aurai sans doute pu faire encore plus). Est-ce parce que pas mal de ceux qui sont touchés aujourd’hui le sont dans leur « confort » bourgeois, eux qui n’avaient peut-être jamais manifesté, qu’on en voit tant se plaindre ?
BANLIEUES CHAUDES
C’est sûr, lorsque nous ne les entendions pas, quand la plupart de nos confrères ne nous suivaient pas, c’est que la violence que nous dénoncions se passait loin d’eux, dans les banlieues dites chaudes, les cités « dites » à risques. Celles où, soi disant, la police n’entrait plus…sauf QUELQUES policiers – justement – pour aller y provoquer des mômes, afin de mieux leur taper dessus ensuite… La violence de CERTAINS flics n’a pas changé de camp. Elle a toujours existé… Dès « P…comme police » (1983 !), je dédiais un chapitre aux bavures..Et j’ai recommencé en 2016 dans « Police, l’envers du décor » (2016). Ajoutons à cela ( sans que ce soit une excuse pour CEUX des policiers qui tombent aujourd’hui dans un excès de violences ) qu’à chaque fois qu’on a laissé les forces de l’ordre en prendre plein la gueule, sans recevoir les ordres d’aller au contact, CERTAINS se sont – FORCÉMENT – déchainés quand les politiques leur ont dit de foncer !
CASTANER..? ET PASQUA ? ET PANDRAUD ?
Bien sûr que Castaner a déconné et que c’est inexcusable ! Et Pasqua ? Et Pandraud, qui de Mallik Oussékine disait qu’il ne lui serait peut-être pas arrivé ce qui lui est arrivé si – malade comme il l’était – il n’avait pas manifesté (ce qui n’était même pas le cas) ? Les Français n’ont pas de mémoire. Aujourd’hui, beaucoup de journalistes n’ont pas de back ground, et ne cherchent même pas à s’en fabriquer un. Du coup, on feint de s’étonner que tout cela puisse exister… Mais ça a toujours existé ! Et pour quelques-uns qui essayaient de le mettre au jour, la majorité (alors fort justement qualifiée de silencieuse) ne les écoutait même pas ! Dans les années 70, les viticulteurs tiraient au fusil de chasse sur les CRS, qui ripostaient au pistolet mitrailleur..! A Longwy, les sidérurgistes tiraient à la 22 long rifle sur les flics ! Plus récemment, dans l’Essonne, des policiers se faisaient dégommer à balles réelles ! Et des « insurgés » de cités s’en prenaient plein la gueule, sans que le pays lève le petit doigt. C’est à cela que l’on veut arriver ? Alors si c’est cela, ne changez rien !
Poniatowski. L’armée et les blindés en Corse, les lancés de billes d’acier dans les bars, l’assaut de la cave d’Aléria, sans médecin, sans ambulances.
Gendarme gradé : « c’était pas nous, c’était Ponia ».
Ça semble une autre époque.
on verra si les fameux black blocs internationaux, ceux qui traversent les murs, plus insaisissables que les terroristes islamistes, se feront enfin attraper. A moins que la seule méthode de capture soit de leur jeter du sel sur la queue, comme pour les oiseaux.
Accessoirement, la police aussi va devoir tomber les masques. Dans ses propres manifestations comme dans les autres.
Bonjour.
La France que vous décrivez ou qui risque de devenir une dictature cela ne m’étonne pas mais quand cela toucher les détenues en France personne ne piper mot.Le paradoxe a l’époque c’est que les flics étaient des anges a coté des gardiens de prisons.Tout les grands voyous n’avaient pas la haine du flic mais du maton car certain se sont comporté comme des ordures ( passage a tabac , privation de parloir , courrier déchiré , lacrimo dans la bouffe et j’en passe) Oui la société a changé et le pouvoir use de la matraque et de la censure .Je suis persuadé que si des gilets se retrouvent en prison les voyous détenues seront compatissant de leur sort.
Une pensée pour l’inspecteur Gerard B….qui a nous a quitté il y a quelques années .Un grand flic qui a toujours été correcte avec moi pendant les interrogatoires.J’ai 57 ans et cette société me dégoûte
Nous glissons de la Démocratie vers une démocrature , de la Police Nationale civile à la militarisation des forces de la PN, quelle société pour nos enfants et petits enfants ?
pire, pensez à quelle sorte d’enfants nous allons laisser cette « démocrature » 🙂
Merci Commissaire pour cet excellent (comme d’habitude) papier.
J’ai appris un nouveau mot: « récursoire », et vous en sais gré.
« Mais l’article le plus important de la loi amputée concerne la création d’un nouveau délit : un an de prison et 15 000 € d’amende pour celui ou celle qui, sans motif légitime, dissimile tout ou partie de son visage, alors qu’il ou elle se trouve au sein ou aux abords d’une manifestation sur la voie publique »
La dissimulation me parait hautement répréhensible 😉
Bien à vous