Si l’enquête sur l’assassinat de Grégory Villemin s’arrêtait aujourd’hui, elle serait prescrite en 2037. Et tout nouvel acte durant ce délai, même émanant de la partie civile, c’est-à-dire de la famille de la petite victime, ferait courir un nouveau délai de prescription d’une durée de vingt ans.
C’est ce qu’il ressort de la nouvelle loi sur la prescription pénale du 27 février 2017. Auparavant, le délai de prescription en matière criminelle était de dix ans, mais dans les faits, cela ne change pas grand-chose, car certains dossiers semblent ne jamais se prescrire, comme la mort du ministre Robert Boulin (1979) ou l’attentat antisémite de la rue des Rosiers (1982).
Mais l’affaire Grégory est d’une autre dimension. Je le dis avec respect pour la famille, mais pour les gendarmes comme pour les magistrats, c’est devenu un challenge. C’est plus avec un esprit de revanche que de justice, comme le dit le juge Lambert dans sa lettre posthume, que ceux qui ont failli il y a trente ans, ou plutôt leurs successeurs, ont rouvert le dossier.
On nous a dit alors qu’un mystérieux logiciel avait analysé des milliers de procès-verbaux Continue reading
32 réponses à “Dans l’affaire Grégory, avec le temps le piège des faux souvenirs”
Où était Isabelle Bolle le 16 octobre 1984 ?
Bonjour Commissaire,
« Si une affaire criminelle s’éteint sans trouver son épilogue, doit-on parler de pragmatisme ou d’injustice ? »: bonne question!
Faut-il préférer une injustice à un désordre?
Comment un policier doit-il « doser » son action entre idéalisme et pragmatisme?
La fin justifie-t-elle les moyens?
Dans l’attente de vos réponses, Commissaire
Un bon son vintage: https://www.youtube.com/watch?v=XAbbzXe8NwM
Cdt,
rodikol
Cette affaire d’enfant disparu à l’époque victorienne est traitée par Kate Summerscale qui s’est fait un nom en reprenant dans ses livres ce genre d’affaires de manière rigoureuse.
MC
Le problème avec les délais de prescription, c’est qu’ils ont été établis à une époque où l’espérance de vie était moindre et la justice moins surchargée de travail…
Dans le corps du blog, je trouve l’exemple mal choisi : Reagan étant déjà pas mal décérébré, (ce qui n’était pas incompatible avec la tenue de son poste, au vu de son oeuvre et de l’état de certains de ses successeurs ) à l’époque… La plupart des témoins (et des mis en cause) n’ont pas la maladie d’Alzheimer.
Je pense que Murielle Bolle veut protéger son papa qui a 88 ans en ce jour et qu’a l’époque il en avait 56. C Lucien Bolle le corbeaux, car si l’ont écoute la voix on constate qu’il y a un accent du bon paysan qui est très bien prononcé. Elle veut protéger quelqu’un de très cher à son cœur, donc j’en déduirais que c’est Lucien Bolle Le Corbeaux.
vaine confrontation de vrais et faux souvenirs entre Muriel Bolle, son cousin et le logiciel dirait-on.
il va falloir que la justice sorte des billes ou ait un coup de chance, je le souhaite, sinon c’est la bérézina.
un livre interessant que j’ai lu par hasard en même temps que l’affaire Gregory se rallumait: le meurtre (c’est une histoire réelle) dans l’Angleterre victorienne d’un jeune enfant. le policier soupçonne vite les demi-frère et soeur de l’enfant adolescents à ce moment, mais les preuves ne sont pas manifestes, et on est dans une bonne famille. finalement 5 ans plus tard la soeur se dénonce, mais dit qu’elle a agi seule, ce qui est impossible en fait. elle fait ses 20 ans de prison, et finit centenaire en Australie, après une vie d’humanitaire. quant au frère coupable forcément, mais qui n’a pas été dénoncé par sa soeur, il fait une grande carrière scientifique. la prescription dans ce cas a été une bonne chose. a un moment , les pages doivent etre tournées, et les gens peuvent évoluer (même si le souvenir de ce crime n’a pas du etre simple pour le jeune adolescent)
Si vous lisez « The suspicions of Mr Whicher », vous verrez qu’on a rapidement (et erronément) soupçonné la gouvernante, jusqu’à l’arrivée de Mr Whicher, une sorte d’archétype de Sherlock Holmes, qui résolut l’affaire. L’Angleterre victorienne ne le lui pardonna pas et il eut une fin misérable. On retrouva l’enfant (4 ans) dans les latrines des domestiques, mais les coups féroces avaient été portés post-mortem : c’était une vengeance.
ce problème de la mémoire est très connu des historiens quand ils interrogent des témoins, qui jurent que les choses se sont passées de telle manière alors que ce n’était pas possible (exemple les déportés de Dachau qui jurent qu’à dachau il y avait une chambre à gaz qui fonctionnait alors que les historiens savent que c’est faux). et c’est parfois très difficile émotionnellement de contredire un héros , agé de surcroit, qui est sincerement sur de ce qu’il dit.
Selon Vidal-Naquet la chambre à gaz n’aurait jamais fonctionné.
« Si une affaire criminelle s’éteint sans trouver son épilogue, doit-on parler de pragmatisme ou d’injustice ? ».. une bonne question pour le bac philo 2018, M.Moreas. L’avis des parents a-t-il été demandé avant de relancer l’affaire?
L’affaire Grégory, c’était il y a plus de 32 ans. Une autre affaire, britannique celle-là et qui date de 26 ans (aujourd’hui exactement), pourrait connaître une sorte de résolution. Le petit Ben Needham, pas encore 2 ans, disparut alors qu’il jouait dans la cour d’une ferme que rénovaient ses grands parents sur l’île grecque de Kos. Cette affaire, comme l’affaire McCann, figure dans le registre du Foreign Office comme « disparition » et non « enlèvement », car il n’y a rien pour étayer la seconde hypothèse, pourtant extrêmement popularisée. Aujourd’hui il semble que l’idée d’un accident soit en voie de confirmation. Une pelleteuse… Y a-t-il pire qu’écraser un enfant, même si ce n’est pas faute d’attention ? Il y a eu une sorte de confession sur lit de mort. Des chiens HRD et CSI, autrement dit spécialisés en odeur de restes humains et de sang humain en décomposition, ont alerté sur une sandale que Ben portait ce jour-là.
Estelle Mouzin, c’était il y a 14 ans. En regard des petits Grégory et Ben, on pense, et c’est horrible, « seulement ».
Curieusement la piste de l’accident (le verglas) semble mettre mal à l’aise les avocats de la famille, ils ne dénient pas, ils coupent court. Pourtant Jean-Marc Bloch pourrait privilégier cette piste dans son livre.
Du grain à moudre pour vous, cher Georges Moréas !
L’incarcération de Murielle Bolle est un moyen de pression exercé sur elle, afin qu’elle crache le « morceau ». Ce n’est ni plus ni moins que de la torture. Psychologique certes, mais de la torture tout de même.
J’ai bien peur que cela soit exactement ce que vous décrivez. Et si c’est le cas, c’est extrêmement grave. Elle est très certainement une victime de cette affaire …
On a quoi contre elle ?
Elle s’est fait tabasser par sa famille parce que son témoignage a fait incarcérer son beau frère ?
Rien de nouveau car à l’époque les voisins l’ont dit.
Apparemment, les demande de remise en liberté ont échouées car les conditions d’hébergement proposées ne répondaient pas aux demandes du parquet.
Je n’y connais pas grand chose, mais je n’ai pas l’impression qu’elle soit très bien défendue.
Pendant ce temps
Parler de torture à propos d’une détention préventive d’un mois : vous êtes douillet.
Récemment, la Turquie a porté la durée des gardes à vue d’un mois à une semaine. Et la détention préventive dure bien plus qu’un mois (Depardon a été détenu un mois; Ebru Firat http://www.ladepeche.fr/article/2016/09/16/2420256-une-toulousaine-piegee-dans-la-turquie-d-erdogan-decryptage.html est en préventive, sans possibilité de communiquer avec sa famille , depuis onze mois…) Les souffrances infligées aux familles de ces 2 jeunes gens (et à leurs mères de famille) n’ont rien à voir avec ce que l’on appelle de la torture….
êtes vous celle là ou une autre ?
http://www.annegeddes.com/
Au lieu de vous écouter écrire et parler pour vous faire mousser, oursuivi, dites-nous donc tout de suite la clé de l’énigme, et le nom du coupab’, puisqu’apparemment tout le monde le connait. Et qu’on nous foute la paix une bonne fois pour toutes avec ce fait divers. Vos commentaires ultérieurs sur mémoire et aveux, gardez les pour vous, z’nous intéressent pas.
Il suffit de revoir un vieux film pour se rendre compte que la mémoire est souvent déformée. Et il existe une flopée d’études scientifiques qui le prouvent.
Il serait temps que la justice s’en rende compte.
Anacrim fonctionne avec des déclarations et des témoignages faits il y a 30 ans et met en évidence les convergences de certains témoignages (un homme corpulent et moustachu à côté d’une femme rousse dans une voiture verte vus plusieurs fois sur les hauteurs de Lépanges) et des incohérences entre certains témoignages. Il faut bien évidemment des enquêteurs aguerris pour utiliser cette synthèse et ceux-ci ne vont pas redemander aujourd’hui à tous les protagonistes et à tous les voisins ce qu’ils ont fait et vu le 16 octobre 1984 à 17h15…
Et si l’auteur était gêné avant tout par le rappel du rôle détestable joué par certains journalistes ? Tant que le coupable n’est pas officiellement trouvé, une partie de l’opinion peut continuer à soupçonner la mère de Grégory à partir d’accusations gratuites lancées par un journaliste qui écrivait sous pseudo dans plusieurs quotidiens.
Vu ce que la presse, la justice, la société ont fait subir à Christine V., elles lui doivent de s’ efforcer à trouver l’ (es) assassin(s) de son fils.
En 2016 la police judiciaire et plus précisément l’OCRVP, voulait essayer de relancer une centaine d’affaires non élucidées , plus précisément celles où il y avaient des scellés car les progrès des analyses scientifiques permettent de décrypter et parfois d’identifier grâce au FNAEG des témoins présents sur les lieux des crimes, parfois très anciens de plus de 30 ans.Des aveux s’en sont suivis sur de nombreux crimes, le chemin de criminels arrêté et justice a pu passer , victime et famille sortis des affres des doutes.C’est donc parfois les autorités qui ne lâchent pas des dossiers, se servant des nouveaux outils qui ne sont que des aides à confirmer, à compléter , à suppléer parfois. Doit-on s’en passer ?? Ne doit-on pas tout essayer pour arriver à la vérité ???
Je ne sais pas s’il faut oublier ou non les crimes trop anciens. Connaitre la vérité dans l’affaire du meurtre de Grégory ferait du bien à tout le monde je crois. Mais quand on rouvre un tel dossier, compte tenu de l’historique de l’affaire, il me semble aussi qu’il vaut mieux avoir de solides chances de confondre les suspects. Sinon on risque d’ajouter un épisode foireux aux précédents et les personnes mises en examen n’auront bel et bien que leurs souvenirs, leurs mensonges ou leur silence à opposer aux déductions du logiciel et de la justice – rien de nouveau, sauf si qq’un craque.
il n’est pas envisageable de recueillir des témoignages spontanés et sincères si la personne interrogée refuse de coopérer.
Une solution serait d’opérer sous hypnose mais cette pratique est heureusement proscrite … ( sauf si les intéressés sont consentants ? )
Je rajoute une couche : d’où tenez vous l’idée que les constatations s’opposent aux outils aidant à leur interprétation (sans parler du fait que vous avez l’air d’imaginer que ces outils proposent des conclusions clef en main ; anacrim, salvac, ça ne fonctionne pas sans personnel compétent pour les manier, tout comme vous votre stylo, avec plus ou moins de succès) ?
Il serait bon de vous documenter un peu. SALVAC n’est pas « un mystérieux logiciel » et le principe d’analyse criminelle n’est pas une idée farfelue inventée hier matin, n’est pas une stupidité franco-française, n’a pas grand chose à voir avec le binaire (ce serait même plutôt l’inverse).
« On se laisse guider par la machine pour traiter de l’humain. Et là, c’est de l’humain qui fait mal ! » Belle phrase. Une insulte à la curiosité intellectuelle néanmoins. Risible pour une publication sur Internet. Hé Georges : ne vous laissez pas guider par la machine, publiez donc ce billet avec vos petites mains, sans ordinateurs, sans machines. A la criée, comme un vrai, avec de l’humain.
Merci pour toutes ces informations ! Si l’auteur d’un crime prescrit confesse après le délai de prescription, l’aveu part aux oubliettes et le coupable continue de vivre avec l’avantage d’avoir libéré sa conscience ? Pourquoi pas ? Si le coupable se souvient de ce qu’il a fait, s’il a le courage de le dire, ça mérite opprobre et « en même temps » oubli.
J’avais quelques doutes sur Anacrim, que je vois comme une auberge espagnole où on ne trouve finalement que ce qu’on a amené, mais je ne comprends pas pourquoi ces gardes à vue n’ont pas été menées en secret. Qu’y a-t-il à gagner à braquer les projecteurs à nouveau sur cette étrange et douloureuse affaire ?
Le but de cette médiatisation était peut-être de faire réagir ce microcosme familial et de recueillir les réactions des uns et des autres par des écoutes bien placées. Je dis ça, histoire de positiver.
Plutôt pour ironiser, je dirais.
Cela ironisé à mon tour, avez probablement pensé juste à l’insu de votre plein vouloir, et les gendarmes essayé juste sans être assurés de la récolte, tout le monde étant au courant de l’indiscrétion que la technique autorise.
La vilaine technique…
Hou, quelle est vilaine.
AO
Des écoutes bien placées pour capter les croassements multiples (en faire l’épidémiologie ? Qui n’a pas été corbeau finalement ?).
Avec le temps, va, tout s’en va.
Je vais peut-être dire quelque chose d’idiot, mais comment BL pouvait-il savoir que l’enfant allait jouer quelques minutes sur un tas de sable, sans surveillance car volets clos ?
il ne le savait pas
Par contre BL ou un autre a suivi Christine depuis MCV jusqu’à la nourrice et puis son domicile
Pur effet d’aubaine
Il y a 3 jours, je me demandais ce que pouvait penser un Rocco Schirripa, qui vient d’être condamné (1° instance) pour l’assassinat, en 1983, du procureur de Turin, Bruno Caccia. 34 ans après, même membre (endurci?) de la ‘ndrangheta, ça doit faire … Est-ce que l’existence de la confabulation doit tempérer les règles de prescription? J’aime quand même assez l’idée que le malfaiteur vit avec une certaine crainte des « sbires » et de leur opiniâtreté fonctionnelle. Après, c’est au cas par cas, non?
Intéressants développements sur la confabulation de la mémoire. Mais que faut-il en tirer du point de vue policier qui préfèrera toujours l’aveu de culpabilité du cuisiné, (vérifié à 97%) à toute autre technique de démonstration (pseudo) scientifique qui ne servira, chez l’avocat du suspect, qu’à détruire l’aveu de culpabilité extorqué sur confabulation, dans les 3% des cas restants ? Toujours le même dilemme : efficacité d’abattage au risque d’une injustice ou inefficacité (on arrête et ils les remettent dehors) au risque de la justice… ? Une affaire irréconciliab’ … (je préfère une injustice à un désordre vs je préfère un désordre à une injustice)… En matière d’économies morales, faut tjs choisir son camp.