Pour masquer son incapacité à régler politiquement un problème de société, le gouvernement a décidé d’étêter la préfecture de police de Paris, en commençant par le préfet, Michel Delpuech, dit Louis XIV (on n’est pas à deux Louis près). Et dans la corbeille, ces prochaines semaines, les têtes risquent de s’entasser, car c’est bien la PP qui est dans le collimateur. Approche l’aube des boucs commissaires !
D’après Le Canard enchaîné, pour se dédouaner, Delpuech aurait proposé au Premier ministre, pour les manifs à venir, des mesures de quasi-guerre civile : état d’urgence (l’état de siège, c’est pour plus tard) interdiction de manifester dans la capitale, couvre-feu, fermeture des bouches de métro, etc. Des trucs aberrants, mais qui, en grattant bien, peuvent néanmoins trouver une base légale. Ce qui n’est pas toujours le cas des instructions données aux forces de l’ordre ces dernières semaines.
Pour Édouard Philippe, la raison du pataquès de samedi dernier tient au fait que la stratégie adoptée par le gouvernement n’a pas été correctement exécutée. « Il y a eu des dysfonctionnements », a-t-il souligné, faisant notamment référence au fait que les policiers et les gendarmes ont reçu des munitions moins puissantes (en fait les munitions préconisées par le fabricant) pour garnir les lanceurs de balle de défense et aussi pour en limiter leur usage. Pas un mot de reproche au ministre de l’Intérieur, responsable en droit du maintien de l’ordre public. Ni la moindre interrogation sur l’état d’esprit des CRS et des gendarmes mobiles.
On entend tout à propos de ces manifestations hebdomadaires et de cette arme, le LBD 40 : ceux qui disent « Faut tirer dans le tas ! » et ceux qui implorent « Arrêtez le massacre ! ». Mais la crainte des gens de métier, c’est de voir demain un gilet jaune pépère tué par les forces de l’ordre. Et il y a des voix qui s’élèvent dans la police (pas assez je trouve), pour dire qu’il serait temps pour ceux qui nous rabâchent que la France est un État de droit de mettre leurs instructions en adéquation avec leurs allégations. Christophe Castaner devrait prendre à son compte ce précepte républicain : dans une manifestation politique, il n’y a pas d’ennemis à combattre, mais des Français à convaincre ; plutôt que de s’exposer à un sobriquet en prônant la castagne.
En attendant, certains font de la résistance passive, comme ces OPJ d’un commissariat parisien cités par Mediapart, qui renâclent à effectuer les gardes à vue d’opérette prescrites par leur hiérarchie, des gardes à vue qui ressemblent à s’y méprendre à des arrestations administratives. Et ils n’ont pas tort, car, quelles que soient les instructions, chaque policier, chaque gendarme, est responsable personnellement de ses actes. Que ce soit en mordant les lignes du code de procédure pénale ou en dénaturant l’usage de la force légitime.
Pour s’en convaincre, ils n’y a qu’à ouvrir le code de déontologie.
Celui-ci rappelle le devoir d’obéissance « sauf dans le cas où Continue reading
6 réponses à “Gilets jaunes et ménage de printemps à la PP”
Mr Delpuech va-t-il recupérer 2 ou 3 passeports diplomatiques?
On peut s’interroger. Policiers et magistrats accepteront-ils de continuer à s’engager sur le chemin de Vichy…ou se retrouveront-ils en Résistance…avant la fin? Car aujourd’hui, lois, police, système judiciaire…se retrouvent au service des « nouveaux collabos » de la nouvelle « souveraineté européenne » (voir sur le blog: « Sors d’ici Jean Moulin »). Le nombre de suicides parmi les policiers serait-il directement lié au sale boulot qu’on leur fait faire (sans omettre pourtant les massacreurs qui y prennent leur pied)?
Ajoutons que Poilus et Résistants pourraient savoir enfin pour quoi ils sont morts: pour que l’Allemagne soit de retour dans la « zone transfrontalière ». En location au nouveau Reich?…Morts pour en arriver là. Pour ça…
Brillant et salutaire papier
Nous sommes dotés d’une équipe politique sans aucune culture de droit policier et militaire, car on ne leur apprend rien de tout ça à l’ENA. Qui ignore que la résistance aux ordres « illégitimes » fut la principale innovation de Joxe dans le premier code de déontologie de 1986, laquelle fut réaffirmée dans le code commun PN/GN de 2014. Mais sont pas à ce « détail » près… Petit rappel : s’agissait de prémunir les fonctionnaires de se couvrir contre des ordres qui avaient eu par trop tendance à couvrir l’usage abusif et arbitraire de la force coercitive sur les citoyens…
La gestion de l’ordre en ce moment, est total lamentable…. Et oui, il y a un lien nécessaire et logique à établir entre l’affaire Benalla et la réaction à l’humiliation politique de l’Elysée à cet égard. Cher G M, ne faites pas croire à une rumeur ni à un complot. Ce gouvernement en marche est en panique et totale perte de sang froid. Sauf erreur, c’est la première fois qu’on voit un préfet ainsi limogé telle une vulgaire chaussette. Rappelez moi…, Roger Frey après le fiasco de l’affaire Ben Barka, fut-il ainsi débarqué par le grand Charles ?
Cher Commissaire,
Heureux de vous lire à nouveau. C’est rafraîchissant.
Vous êtes en forme :
– de Louis XIV à Louis XVI
– de Ben Barka à Benalla
Mais plus sérieusement, je vous remercie de vos éclairages juridiques car on se sent perdus au milieu de ce foutoir de lois, décrets et autresréglements qui sont censés régenter la gestion de l’ordre et les manifestations.
Oh Liberté (s) combien de crimes en ton nom on commet ?
Article passionnant, avec un peu trop d’L pour le profane que je suis 🙂
On ne change pas de jument, sauf au milieu du gué!
Quand aux militaires et à leur possible refus d’engagement: je trouve la désobéissance si vile…
Bien à vous